« Leur labeur a été utile au monde… permettant à ceux qui ne peuvent voir l'original là où il se trouve de connaître les inventions et les styles différents des peintres… », affirme en 1568 Giorgio Vasari, évoquant le travail des graveurs. Le marché de l'estampe, prisé par les amateurs d'art, est en pleine expansion à Rome et le nom de Michel-Ange est souvent présent dans les catalogues des éditeurs Salamanca et Lafréri. Armés de la pointe rigoureuse du burin, les meilleurs spécialistes reproduisent ses œuvres, de Giorgio Ghisi (1520-1582) à Nicolas Béatrizet (vers 1515-1565), de Cornelis Cort (1533-1578) à Cherubino Alberti (1553-1615). Ironie du sort, Michel-Ange ne s'intéresse guère, au contraire de Raphaël et de son graveur attitré Marcantonio Raimondi, à cette entreprise de multiplication de l'image par les techniques de l'estampe.
Après un oubli de plus d'un siècle, Domenico Cunego (1724-1803) et plusieurs générations de graveurs vont rétablir un rôle institutionnel pour Buonarroti, génie universel et modèle incontournable dans l'apprentissage artistique. La collection historique de l'École nationale des Beaux-Arts de Lyon, conservée à la Bibliothèque municipale, illustre parfaitement cet attrait du « divin » Michel-Ange, divulgué et offert en albums d'images à l'usage des élèves : la gravure classique alterne avec la lithographie, jusqu'à la première photographie comme document d'art de Charles Marville (1813-1879) et d'Adolphe Braun (1812-1877).
Page d'un cahier de reproductions d'après Michel-Ange, composé par le peintre Paul Chenavard.