Depuis des siècles, rarement une catégorie humaine aura été traitée avec
autant de mépris que les homosexuel(le)s. Comment nommer l'autre – celui ou
celle qui est différent(e) – si ce n'est par l'injure, afin de le rejeter
définitivement d'une société hétéro-normée ?
Du sodomite à la tapette, de la tribade à la gouinasse, du bougre au sale
pédé, de la gousse à la goudou, de la tantouze à l'enculé, on reste confondu
par la violence du vocabulaire qui désigne l'homosexualité tant masculine
que féminine.
Chaque époque a contribué à ce florilège en apportant son lot d'injures et
l'imagination dans ce domaine semble inépuisable.
Face à ce délire verbal, et en quête d'un nouveau mot généraliste qui n'aurait
plus de connotation médicale ou sexuelle, le terme "gay" est apparu récemment
dans le langage courant. L'avantage de ce mot est à la fois sa dimension universelle
(absence de traduction) et sa lecture positive.
Mais n'oublions jamais que l'insulté(e), en quête permanente d'identité,
subit depuis sa plus tendre enfance cette agression qui va le marquer toute
sa vie. Enfin, l'injure et les propos homophobes sont les premières manifestations
d'une haine qui finit, encore trop souvent, par se traduire en agressions
et violences parfois mortelles ; l'absence de répression du verbal pouvant
être perçue par l'agresseur homophobe ou lesbophobe comme la légitimation,
voire l'encouragement, du passage à l'acte.
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Pierre-Adrien LE BEAU (1744-1817?)
/ Claude-Louis DESRAIS (1746-1816). Le chevalier d’Éon (1728-1810)
Lyon, Bibliothèque municipale : Chomarat Est 5448 et Chomarat Est
5449
C'est en 1728 que naquit à Tonnerre, Charles-Geneviève-Louis
d'Éon de Beaumont. La confusion des prénoms était
prémonitoire d'une vie marquée tout entière par
l'ambiguïté. Ses talents et sa bonne mine le font remarquer
du roi Louis XV qui l'embrigade dans ses services de diplomatie parallèle
(le "Secret du Roi") ; afin d'approcher la tsarine Elisabeth
de Russie, d'Éon se métamorphose en Mlle Lia de Beaumont.
Les succès diplomatiques qu'il rencontre en Russie lui valent
un brevet de capitaine de Dragons. Sa brouille avec l'ambassadeur de
France Guerchy en Angleterre et la mort de Louis XV le mettent en difficulté.
Afin d'éviter la Bastille, il opte définitivement pour
le sexe féminin
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Charles Double, homosexuel,
tua sa mère à Belley en 1903 et laissa quatre cahiers autobiographiques
donnés au professeur lyonnais Alexandre Lacassagne. Il y décrit
longuement sa déviance, son hermaphrodisme mental. Ligne après
ligne, il dit les souffrances endurées, les trahisons, les errances |
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"Sœur française"
de la Perpétuelle Indulgence portant une robe "graffitée"
d'injures homophobes, devant le monument aux morts de l'École de
la Magistrature de Bordeaux, lors du défilé de la Gay Pride
de Bordeaux en juin 2004
Lyon, Bibliothèque municipale : Fonds Chomarat
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Groupe de Libération
Homosexuel (Lyon) / Groupe de Lesbiennes (Lyon). Ma parole, mais t'es
pédé / lesbienne ? Pédés, lesbiennes en lutte
! – Lyon, 1979
Lyon, Bibliothèque municipale : Fonds Chomarat
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