Bibliothèque du 7e Gerland

Cercle de lecteurs de la bibliothèque du 7e Gerland Hannah Arendt

Samedi 22 mai, le cercle de lecteurs de la bibliothèque de Gerland s’est réuni en visio-conférence, et a une nouvelle fois échangé sur des coups de coeur littéraires.

Guy nous a parlé de sa lecture de :

La vie secrète des écrivains [Livre] roman

Auteur : Musso, Guillaume, 1974-....
Editeur : Calmann-Lévy

En 1999, l'écrivain Nathan Fawles se retire de la vie publique sur l'île sauvage de Beaumont en Méditerranée. Vingt ans plus tard, une jeune journaliste suisse, Mathilde Monney, débarque dans son havre de paix, bien décidée à l'interviewer. Mais la découverte d'un corps de femme sur une plage entraîne le bouclage de l'île. Les deux protagonistes se confrontent alors dans un face à face dangereux. © Electre 2019

Voir dans le catalogue

Charlotte a pour sa part présenté la bande dessinée :

Un coin d'humanité [Livre]

Auteur : Kek, 1979-....
Editeur : First Editions

Bénévole aux Restos du coeur, l'auteur partage la réalité de la collecte et de la distribution de repas, des maraudes et des échanges avec les bénéficiaires. © Electre 2021

Voir dans le catalogue

Elle nous a convaincu de l’acheter pour la bibliothèque de Gerland !

Camille, la bibliothécaire a ensuite présenté le roman :


Nickel boys
de Colson Whitehead
Éditeur : Albin Michel, 2020

Déjà récompensé en 2017 par le prix Pulitzer pour "Underdground Railroad", Colson Whitehead obtient une nouvelle fois le prix avec ce nouveau roman "Nickel boys". L’auteur poursuit son travail de mémoire sur l’histoire de la violence raciale érigée en système aux Etats-Unis.
Le récit débute en Floride dans les années 1960, et nous plongeons dès le début du roman dans les horreurs de la ségrégation avec la découverte d’un charnier aux abords de la maison de correction de Nickel. Celle-ci a réellement existé et n’a fermé qu’en … 2011. Elwood Curtis rêve de rentrer à l’université, et se passionne pour Martin Luther King. La figure de ce héros militant pour la paix et l’égalité le fascine et le motive. Il souhaite plus que tout participer à des rassemblements en faveur de la cause des afro-américains. Pourtant, suite à une grossière erreur judiciaire, Elwood se retrouve enfermé à Nickel. On découvre alors à travers son regard toute l’injustice et les sévices qu’ont pu subir les jeunes détenus mineurs. Outre les conditions de vies insupportables dans cet enfer, les conditions pour en sortir sont tout aussi infernales. L’avenir des résidents est à jamais compromis, et le retour à la vie normale est impossible.
On lit "Nickel boys" pour les mêmes raisons qui ont poussé l’auteur à écrire cette histoire : déconstruire l’Histoire trop souvent bâtie sur une mémoire sélective, portée par le discours dominant.

En entendant l’évocation de ce pan de l’histoire afro-américaine, Guy a repensé au film :

Green Book [D.V.D.] sur les routes du Sud

Auteur : Farrelly, Peter, 1956-....
Editeur :

En 1962, alors que règne la ségrégation, Tony Lip, un videur italo-américain du Bronx, est engagé pour conduire et protéger le Dr Don Shirley, un pianiste noir de renommée mondiale, lors d'une tournée de concerts. Durant leur périple de Manhattan jusqu'au Sud profond, ils s'appuient sur le Green Book pour dénicher les établissements accueillant les personnes de couleur, où l'on ne refusera pas de servir Shirley et où il ne sera ni humilié ni maltraité... Dans un pays où le mouvement des droits civiques commence à se faire entendre, les deux hommes vont être confrontés au pire de l'âme humaine, dont ils se guérissent grâce à leur générosité et leur humour. Ensemble, ils vont devoir dépasser leurs préjugés, oublier ce qu'ils considéraient comme des différences insurmontables, pour découvrir leur humanité commune.

Voir dans le catalogue

Guy a lu et beaucoup apprécié le recueil de nouvelles publié par le chanteur Raphaël :

Retourner à la mer [Livre]

Auteur : Haroche, Raphaël, 1975-....
Editeur : Gallimard Impr. CPI Firmin-Didot

Des nouvelles qui mettent en scène des êtres malmenés mais profondément humains. Un Berbère vigile dans des salles de concert vit une histoire d'amour avec une strip-teaseuse vieillissante ; un collégien se sent traqué par un enfant qui lui ressemble étrangement ; trois adolescents assistent au crash d'un avion de ligne ; un vieil homme décide d'en finir en se noyant dans un étang. Premier ouvrage. ©Electre 2017

Voir dans le catalogue

Puis, Camille a décrit l’importance de lire le roman :


Les impatientes
de Djaïli Amadou Amal
Editions Emmanuelle Collas, 2020

Un proverbe peul dit « la patience tue la pierre ». Le roman débute par les conseils d’un père à sa toute jeune fille qui s’apprête à être mariée. Nous lecteurs, ne pouvons rester insensibles à ce que dénonce l’autrice aux abords de cette scène inaugurale et tout au long du livre : les conditions de vie des femmes au Sahel, soumises à des traditions socio-culturelles étouffantes et misogynes.
A travers cette histoire en forme de chant polyphonique, nous découvrons la réalité des mariages forcés et des violences sexuelles légitimées. Si dans la bouche du père, « Mounial » signifie patience, pour l’autrice, active combattante de l’émancipation des femmes, il signifie « accepte tout pour le bonheur du groupe, soumets-toi sans limite ». Une fille au Sahel n’est pas uniquement la fille de ses parents, elle est aussi la fille de toute la communauté. Les différents modes d’oppression subis par les femmes sont entretenus par tous les membres de la famille : pères, mères et oncles. Toute la communauté est complice de cette situation.
Les impatientes a reçu le Prix Goncourt des lycéens. En effet, si le sujet traité peut paraître choquant pour de jeunes lecteur.rice.s, Djaili Amadou Amal a choisi une langue simple et facile à lire. Elle a le don de libérer la parole sur ce sujet complexe et a su le rendre universel. Un point de départ essentiel sur le chemin de l’émancipation des femmes.

Camille a enfin lu et été marquée par la lecture du roman :

Betty
de Tiffany McDaniel
Éditeur : Gallmeister, 2020

Tiré de sa propre histoire et de celle de sa famille, le roman Betty de Tiffany McDaniel est un récit d’apprentissage cruel et puissant. L’autrice y rend un hommage frappant à sa mère décédée, et à toute une lignée familiale.
Betty est la fille de London Carpenter, indien cherokee héritier d’un peuple autochtone poussé à l’exil, et d’Alka femme blanche brisée par de successifs traumatismes d’enfance.
Dans ce roman, les humains ne sont pas à moitié pervers et sadiques, et c’est dans cet environnement dangereux que Betty va grandir et petit à petit quitter son enfance.
Tiffany McDaniel nous offre une tragédie familiale dont Betty est le seul espoir. Etoile brillante au sein d’une famille au départ nombreuse, Betty grandit et se nourrit des mythes et légendes amérindiennes transmises et entretenues par son père. Celui-ci souhaite en effet lui transmettre un monde magique et peuplé de légendes, comme autant de remparts contre les barbares du quotidien et les stigmatisations de son peuple.
« Dressées face à l’adversité pour affirmer leur propre pouvoir », Betty et ses sœurs aînées, Fraya et Flossie, puisent leur pouvoir dans leur complicité, nourries de rituels et de créations spontanées. Une magnifique ode au pouvoir de l’imaginaire et de la création.