Bibliothèque du 7e Gerland

Cercle de lecteurs de la bibliothèque du 7e Gerland Hannah Arendt

Pauline a présenté la bande dessinée :

Aleyna a pour sa part lu et commenté la bande dessinée :

Puis, Nadine nous a parlé du roman :

Pauline a vu et beaucoup apprécié les séries TV :

Camille en a profité pour évoquer la série TV déjà évoquée dans un précédent cercle de lecture :

Nadine a présenté deux ouvrages de cuisine :

Aleyna a lu et été touchée par :

Camille bibliothécaire a présenté trois ouvrages lus et très appréciés :

Il est où le patron ? Chroniques de paysannes
Les paysannes en polaire
Editeur : Marabout, 2021
"Maigre comme vous êtes, vous allez en baver, à la ménopause", ou encore "Bon, mes yaourts ne prennent pas. T’as pas tes règles, par hasard ?". Autant de petites anecdotes qui en disent long sur ce qu’endurent les agricultrices aujourd’hui.
Cette bande dessinée raconte l’histoire de Coline, Anouk et Jo. Jo va reprendre une exploitation de chèvres laitières et se forme auprès de Georges. Coline, mère de famille et exploitante dans une ferme, vit avec son mari et ses brebis. Anouk développe pour sa part sa production de miel. Ces trois femmes se rencontrent au marché et partagent anecdotes et tranches de vie.
A l’origine de cette histoire, c’est une troupe de théâtre d’agricultrices qui ont eu envie d’aller plus loin dans l’expression de ce qu’elles vivent. Elles décident un jour de créer le collectif des "paysannes en polaire".
Naîtra ensuite cette bande dessinée de la plume de Maud Bénézit. Il y avait derrière ce projet l’envie de parler du monde paysan, mais surtout un désir de mettre à jour le sexisme ordinaire qu’elles subissent au quotidien.

40 % des jeunes agriculteurs sont des agricultrices mais seulement 25 % des chefs d’exploitation sont des femmes. Elles ont en général des sous-statuts et accèdent difficilement à des crédits d’investissement.
Avec beaucoup d’humour et de finesse, les paysannes en polaire nous font sentir qu’être une femme n’est jamais neutre en agriculture. On est soit glorifiée, soit reléguée à la case secrétaire du patron.
La situation évolue progressivement, notamment grâce à des commissions de femmes dans les syndicats d’agriculteur.rice.s.
Pour qu’un jour peut-être, on n’entende plus ça : "J’embauche que des filles. Elles sont plus délicates, minutieuses, dociles ! Et c’est plus agréable, comme compagnie, hé hé.  »

L’enfant céleste
de Maud Simonnot
Editions de l’Observatoire, 2021
Marie et son fils Célian sont tous deux à un moment délicat de leur vie. Elle vient d’être quittée par l’homme qu’elle aime, et lui est un peu en marge du système scolaire. Chacun à leur manière, ils étouffent dans leur quotidien. Marie décide alors de leur créer une sorte de parenthèse enchantée. Ils vont partir passer la fin d’année scolaire et l’été sur une île qui les réunit dans leur imaginaire, et où quatre siècles plus tôt, Tycho Brahe, un astronome danois, a construit un observatoire fabuleux d’où il a pu redessiner la carte du ciel. Avec une fortune à sa disposition, ce prince danois aurait pu passer son temps enfermé dans son château. Il a malgré tout passé sa vie à essayer d’échapper à la pesanteur du quotidien.
Partir sur une île permet une rupture nette, et la possibilité de tout recommencer. Marie va alors redécouvrir toutes les possibilités qui lui étaient jusque-là interdites. Sur cette île scandinave, la nature est offerte au lecteur comme un écrin. Une manière de reprendre pied dans la vie au contact de cette nature généreuse et douce. Mais surtout, une belle occasion de se réinventer.

Rien ne t’appartient
de Natacha Appanah
Editeur : Gallimard, 2021
Une femme sans âge vient de perdre son mari Emmanuel. On a l’impression qu’elle n’a pas toute sa tête, qu’il y a une différence entre la réalité et ce qu’elle croit percevoir. Il a beaucoup plu ces derniers jours et tout semble lui vriller la tête. Au fur et à mesure de la nuit, ce qu’elle croit être des apparitions s’avèrent être en réalité des souvenirs de son enfance.
En recluse, elle a cessé de s’alimenter, et son appartement est un taudis lorsque son beau-fils vient lui rendre visite. Cette rencontre provoque alors un face à face avec la réalité. On voit apparaître lentement son passé. Un passé tragique dans un pays ravagé, largement inspiré du Sri-Lanka. C’est aussi l’histoire d’un pays qui avait tout pour être un paradis, humainement et socialement. Il représentait l’exemple de ce que pourrait être un vivre ensemble. Mais les événements géopolitiques ont fait que les événements se sont retournés contre les Sri-Lankais.
Avec une langue toujours très lyrique, Natacha Appanah nous conte l’histoire de Tara / Vijaya, la femme aux deux vies. Qu’est-ce que c’est que d’être élevée dans ce contexte quand on est une fille ?
L’écrivaine parvient magnifiquement à imbriquer les thèmes qui lui sont chers : le deuil, la mémoire, le corps, le désir et la mort, et à nous faire sentir à quel point la vie de ces jeunes filles à qui on a rabâché « rien de n’appartient » ont été marquées à tout jamais.