Bibliothèque du 9e la Duchère

Quoi de 9 au Cercle des Lecteurs ?

Février 2022

L’avis du Cercle : Huis clos dans un wagon couchette sur le trajet Paris-Briançon qu’on lit comme un page turner. Philippe Besson consacre un chapitre à chacun de ses personnages à mesure qu’ils montent dans le train. Et on observe, à la manière d’un ethnologue, un groupe se constituer jusqu’à la survenue d’un drame dans le dernier quart du livre. On s’aperçoit alors que chacun des 1ers chapitres laissait augurer la catastrophe …. Leur rencontre et leur proximité tenaient du hasard. Une belle réflexion sur le destin et la fatalité.

L’avis du Cercle : Un livre magnifique qui tient plutôt du récit car tiré d’une histoire vraie. Apeirogon est une forme géométrique au nombre infini de côtés. De même, ce roman qui a pour cadre le conflit israélo palestinien est foisonnant. Car fait d’une multitude de notes, de thèmes (repères historiques, religieux, géopolitiques, philosophiques, ornithologiques...). Ce peut être déconcertant mais cela reste une réflexion à hauteur d’homme et une leçon d’humanité et d’espoir. Le livre dresse le très beau portrait de deux pères qui ont chacun perdu leur fille lors du conflit israélo palestinien. Il ne laisse aucune place au manichéisme. Un rapprochement entre israéliens et palestiniens est-il vraiment impossible ?

L’avis du Cercle : Une autobiographie de J. Kerninon sur la maternité. Dans ce récit, on s’aperçoit que le personnage de Liv Maria (son roman précédent) tient beaucoup de l’autoportrait. A la naissance de son 1er enfant, J. Kerninon va mal : elle fume, elle boit, elle se sent clouée au sol par les contraintes de la maternité. Finies la liberté et les virées nocturnes. Il n’y a aucun onirisme dans ce livre, mais le témoignage intime et douloureux d’une femme qui se noie. Son ainé a 18 mois et l’arrivée d’un second enfant est annoncée… Julia Kerninon touchera-t-elle le fonds ou touchera-t-elle enfin la terre ferme ? Ce livre est servi par une très belle écriture.

L’avis du Cercle : Ahmet Altan était rédacteur en chef du quotidien Taraf lorsqu’il a été arrêté le 15 juillet 2016 après la tentative de coup d’état avortée en Turquie. Condamné arbitrairement à perpétuité, il a écrit ce texte en prison afin de surmonter l’enfermement. Chaque feuillet en est sorti clandestinement. Ces notes et méditations évoquent les conditions d’incarcérations terribles, l’injustice et l’arbitraire mais témoignent aussi de sa formidable capacité de résistance et de résilience.

L’avis du Cercle : On connait peut-être déjà Fabrice Caro grâce à ses bd décalées et assez déjantées ; mais ici, il s’agit de son 1er roman. On retrouve ici un de ses personnages dont il a le secret : un homme ordinaire et tracassés par ce discours qu’on attend de lui pour faire un hommage à sa sœur qui va bientôt se marier. On voit le héros du livre désemparé, tiraillé entre la formulation malheureuse d’un SMS à son ex et l’élaboration épineuse du dit-discours. Un livre qui fait littéralement pouffer de rire.

L’avis du Cercle : Un livre bouleversant : en 1982, des comédiens issus des différentes communautés répètent Antigone en vue d’une unique représentation à Beyrouth. C’était le projet fou de Sam qui, en mourant, en confie la réalisation à son ami Georges. Un livre âpre et dur sur la guerre au Liban ; mais aussi un appel superbe à la tolérance.

L’avis du Cercle : Sa carrière de journaliste l’a amené à couvrir la plupart des événements majeurs de ce dernier demi-siècle. C’est un homme né dans les années 1940 qui aura connu la colonisation, la Guerre d’Algérie, mai 68, les guerres au Proche-Orient, au Vietnam … On aborde les mémoires de Jean-François Kahn avec un peu de timidité et d’appréhension. Et l’on se passionne pour son parcours. On y trouvera notamment de très belles pages consacrées aux quartiers difficiles.

L’avis du Cercle : A partir d’une mystérieuse carte postale reçue en 2003 par sa famille, l’autrice mène une véritable enquête sur la déportation de ses aïeux morts à Auschwitz en 1942. La première partie sur la Shoah est très dure, la deuxième partie interroge sur le fait d’être juif aujourd’hui. C’est un témoignage indispensable pour les plus jeunes : à la fois terrible mais rendu supportable et très accessible grâce la belle plume d’Anne Berest. Prix Renaudot des lycéens 2021.

L’avis du Cercle : C’est un livre exigeant. Les 150 premières pages peuvent dérouter car on baigne dans une écriture baroque et onirique. C’est après ce début difficile que tout s’éclaire et l’on prend ses repères dans ce roman complexe qui mêle les générations, le colonialisme, la littérature, le mythe du bon noir… Le vocabulaire est très riche et parvenu à ce stade de la lecture, on souhaiterait presque en relire le début pour mieux appréhender la construction habile et intelligente du récit. (Goncourt 2022).

L’avis du Cercle : Une jeune femme islandaise hérite de l’appartement de sa tante et plonge dans des archives retrouvées chez elle. Toutes deux sont et ont été sages-femmes. Ce livre traite non seulement de la transmission, mais offre aussi une réflexion existentielle sur la fragilité de l’être humain, de l’urgence climatique et une observation poétique du monde.

L’avis du Cercle : Isabelle de Courtivron, ancienne professeure de lettres aux États-Unis a été une femme libre, indépendante, voyageuse, féministe. Elle s’aperçoit plusieurs années après sa retraite, qu’elle est devenue inaudible, invisible. Elle ne bénéficie plus d’aucune reconnaissance, ici s’arrête pour elle ce rôle de transmission qui avait orienté sa vie. Elle évoque dans ce livre sa jeunesse dans les années 70, ses amies, ses combats, ses amours, cette folle liberté qu’elle a tant défendue. Mais lorsque la vieillesse est arrivée et que l’on se sent mise de côté, que faire de cette liberté ?