Le monde antique des courses de chars
Retrouvée à Lyon le 18 février 1806, une mosaïque illustre l’organisation des jeux et l’architecture du cirque antique. Devenue colonie romaine en 43 avant notre ère, Lyon, alors nommée Lugdunum s’apprête à vivre au rythme des us et coutumes des romains. S’y développent, des habitats, des temples, des commerces, des industries et des monuments dédiés aux divertissements. Le cirque compte parmi les 4 grands édifices de spectacles de la ville. Tous en piste pour le décryptage d’une course.
Prenant exemple sur la cité antique de Rome, les habitants de l’Empire romain assistent à des spectacles variés. Mais c’est seulement dans les grandes cités que sont construits des édifices durables, en pierre. Ainsi Lugdunum, capitale des Gaules, est une des rares villes à posséder : un amphithéâtre, un théâtre antique, un odéon et un cirque. Aujourd’hui, le cirque est le seul de ces 4 édifices dont les vestiges restent enterrés. Et pour cause ! Situé sous le cimetière de Loyasse dans le 5e arrondissement de Lyon, il est aisé de comprendre les difficultés de fouiller un tel lieu.
- Mosaïque des jeux du cirque
La mosaïque est retrouvée en février 1806 dans le jardin de M. Marcors, dans le quartier d’Ainay. Aujourd’hui exposée à LUGDUNUM - Musée & Théâtres, elle représente les courses des quadriges [1] – ludi circenses. À part quelques dégradations qui n’empêchent pas la lecture du sujet, la mosaïque est bien conservée.
Au milieu de l’arène se trouve l’épine - spina : grande construction centrale, décorée de bassins, qui partagent la piste dans sa longueur. La présence de dauphins à une fonction esthétique et utile. Ils égayent les bassins et permettent le décompte des tours de piste à chaque passage des chars (7 en tout). Entre les bassins deux personnages tiennent la palme destinée au vainqueur.
À gauche de la mosaïque, au dessus d’une grande porte en bois, se trouve la loge prétorienne. À l’intérieur, trois juges ou magistrats vêtus de bleu assistent au spectacle. Au centre, celui qui offre les jeux - le prêteur ou l’intendant - tient une position plus élevée ; il a le bras droit hors de la loge, et agite quelque chose de blanc : c’est le linge - mappa - qu’il jette en guise de signal du départ.
- factions en compétition (détail)
Les quadriges sont identifiés par des couleurs. Les factions ou équipes qui se disputent la victoire sont rouges, bleues, blanches et vertes. Lancés à toute allure, certains chars se sont déjà retournés. D’autres profitent de la ligne droite avant le péril du tournant pour passer en tête, soulevant quantité de poussière.
Le sparsor, personnage en haut à gauche avec son vase, arrose la piste afin d’atténuer les effets de la poussière dans les gradins.
Ainsi, pour paraphraser, M. François Artaud [2] qui publie en 1817 sa Description d’une mosaïque, représentant des jeux du cirque « cette [œuvre incontournable] offre le plus grand intérêt aux amis des sciences et des arts ; on peut la considérer comme un tableau d’histoire antique ; elle explique des détails des jeux du cirque, qui ne nous étaient pas entièrement connus ; on y voit les usages des anciens dans ces fêtes solennelles, leurs costumes et la couleur de chaque objet. »
Bien que trouvée à Lyon, la mosaïque ne représente pas spécifiquement les jeux du cirque de Lugdunum, mais permet de s’en faire une idée. Les interprétations lors de sa découverte ont donné lieu à des hypothèses, parfois retenues et corroborées par des travaux récents, parfois rejetées car erronées.