Grands magasins

Nés au cours du 19e siècle, les grands magasins connaissent un succès immédiat. Tout est pensé pour séduire et pousser à la vente. Publicité, offre promotionnelle, satisfaction de la clientèle, depuis l’ouverture du 1er "grand magasin" en novembre 1852 à Paris, le modèle s’exporte dans les grandes villes de France, faisant le bonheur des industriels. Retour en images sur quelques techniques de vente qui ont fait leur preuve.

La diffusion d‘un nouveau modèle

C’est à Paris, rue de Sèvres que l’enseigne « Au Bon Marché » ouvre ses portes le 18 novembre 1852. Aristide Boucicaut, son fondateur, révolutionne les techniques de vente, offrant ainsi les bases d’un nouveau modèle économique. Dans toutes les grandes villes, des bâtiments au décor tape à l’œil sur plusieurs étages, inaugurent le concept du grand magasin moderne.

Chapellerie populaire {JPEG}
Relayé par la presse, grâce à des réclames ou des articles sur le monde de la mode, à Paris ou à Lyon, les magasins appliquent tous les principes d’une nouvelle formule de vente : la satisfaction du client. Et pour le plaisir du consommateur, le règlement des grands magasins évolue. Les clients ont désormais accès à une très large gamme d’articles sans obligation d’achat, avec des prix bas et fixes, sans oublier des promotions régulières et surtout la possibilité de rapporter l’article et de l’échanger.

Devant l’afflux de clients, les enseignes se multiplient dans la capitale comme en province : BHV (Bazar de l’Hôtel de Ville), Printemps, la Samaritaine ou les Galeries Lafayette sont probablement les plus connues encore aujourd’hui.

Des enseignes lyonnaises

Escalier du magasin "Aux Deux Passages" {JPEG}
A Lyon, les grands travaux d’assainissement et d’urbanisme sous le second Empire sont un terreau propice à l’ouverture de grands magasins. Accolée au Passage de l’Argue, une noble façade abrite depuis 1857, le grand magasin « Aux deux Passages » (aujourd’hui le Printemps). Visant une clientèle bourgeoise, cette enseigne possède certainement le meilleur emplacement commercial de Lyon.

La Construction lyonnaise N°11 {JPEG}
Afin de donner une unité aux trois immeubles qui occupent cette magnifique surface de vente et pour permettre aux chalands de s’abriter des intempéries, une marquise est installée en 1888 sur les façades de la rue de la République et sur celle en retour de la rue Thomassin.

Un peu plus loin, en remontant vers le nord, « Le Grand Bazar » est emblématique de ces nouveaux modes de consommation. Inauguré le 8 novembre 1886, sa communication et ses articles s’adressent à une clientèle d’ouvrières et d’employées.

Le Grand bazar de Lyon {JPEG}
Etrennes - Exposition de jouets {JPEG}

Le recours à la publicité est systématique. Jusqu’en 1933, année de son apogée, le Grand Bazar tient le devant de la scène commerciale lyonnaise.

La séduction par l’image

Etrennes et jouets {JPEG}
La publicité, elle aussi en plein essor, alimente le jeu des grandes enseignes. Firmin Bouisset (1859-1925), peintre et illustrateur réalise une affiche à l’occasion des fêtes de fin d’année pour les Grands magasins lyonnais des Cordeliers. À l’instar des grandes enseignes, il va chercher un message visant à fidéliser la clientèle, créant des images ayant pour vocation d’alimenter une mémoire collective. En prenant pour modèle sa petite fille, Yvonne, il crée le premier personnage publicitaire incarnant de manière durable une marque commerciale. Sous les traits souriants d’un arlequin chamarré, la figure de l’enfant est désormais associée aux « Grands magasins lyonnais des Cordeliers »

Si tous ces éléments paraissent banals aujourd’hui, il s’agit d’une véritable révolution il y a 150 ans. Une forte rotation des produits doublée de services rendus aux clients (livraison, buffet gratuit, installation d’ascenseurs), une politique du personnel exigeante, et enfin, l’ajout d’une dimension conviviale et festive avec des spectacles et animations… assurent définitivement le succès de ces temples consuméristes.

Plaisir d’offrir ou choix raisonnable d’une consommation durable, la réponse est peut-être dans le texte de cette dernière image publiée en double page du Progrès Illustré du 26 décembre 1897 :
Les étrennes {JPEG}