Association Générale des Etudiants de Lyon - AGEL / UNEF
Mémoires du territoire, Inventaires d’archives , Archives politiques et sociales, vie culturelle
Histoire et importance de l’AGEL-UNEF
En France, les premières sociétés d’étudiants sont apparues à la fin du XIXe siècle : celle de Lyon a vu le jour en 1888. En 1901, au moment où est votée la loi sur les associations, ces sociétés ont pris le nom d’Associations Générales Etudiantes (AGE) : l’Association Générale des Etudiants de Lyon, l’AGEL, est donc née. C’est en 1907 que les différentes associations d’étudiants françaises décident de se fédérer pour fonder l’Union Nationale des Etudiants de France, la fameuse UNEF. Le Bureau National de L’UNEF, situé à Paris, est composé de 8 à 12 membres élus au Congrès de l’UNEF, qui, tous les ans, s’organise à Pâques dans une grande ville universitaire de France.
L’AGEL n’est jamais restée une simple association sous tutelle de l’UNEF : elle a su se démarquer en jouant un rôle prépondérant dans l’histoire et l’évolution de l’UNEF. Durant la période de l’Entre-deux-guerres, l’association lyonnaise brillait par ses Œuvres (ancêtres des CROUS, Centres Régionaux des Œuvres Universitaires et Sociales), son Restaurant Universitaire et sa bibliothèque.
Pendant la seconde guerre mondiale, l’AGEL contribua largement à la résistance, avec son membre actif, président de l’Amicale des Lettres, Gilbert Dru. Mais c’est surtout à l’issu du combat 39-45 que l’association lyonnaise s’est réellement démarquée des autres associations étudiantes de France : en effet, lors du 35e Congrès de l’UNEF en 1946, les étudiants issus de la Résistance (AG de Lyon et de Grenoble) rompirent avec l’apolitisme (qui jusque là était le mot maître de l’UNEF) en rédigeant la Charte de Grenoble.
Cette Charte, qui s’inspire de la Résistance et qui fait encore la fierté de l’UNEF aujourd’hui, fait état de la « prise de conscience politique de la collectivité étudiante » et de sa « solidarité avec l’ensemble des travailleurs ». Elle définit un certain nombre de principes, et tout particulièrement le fait que l’étudiant est un « jeune travailleur intellectuel ». A Lyon, Paul Bouchet, Jacques Miguet et Jean Bergeret, initiateurs de la Charte, deviennent les figures de l’engagement et de la gloire « minoritaire » (c’est-à-dire de l’engagement dans la politique et de la défense des idées de gauche). Jusqu’en 1971, année de scission de la grande UNEF, l’AGEL s’est investie de diverses manières dans les combats internes et externes à l’UNEF. Elle a notamment joué un rôle important dans le combat indépendantiste algérien (1954-1962) et dans les mouvements de mai 1968.
Intérêt et richesse du fonds de l’AGEL-UNEF
Depuis la scission de l’UNEF en 1971, les archives relatives aux Associations Générales d’Etudiants se sont dispersées et ont, de ce fait, tendance à être oubliées. Des groupes d’études tels que le GERME (Groupe d’Etudes et de Recherches sur les Mouvements Etudiants) tentent de réunir ces sources, essentielles à la mémoire étudiante. Aujourd’hui, et au moment où l’UNEF commémore le cinquantenaire de la Charte de Grenoble et s’apprête à fêter le centenaire de sa création, toutes archives concernant les syndicats se doivent d’être traitées et mises à disposition des chercheurs et du public.
Témoignage précieux et reflet épatant de l’engagement hors-norme de l’AGEL sur une période s’échelonnant de 1926 à 1971, le fonds d’archives détenu par la Bibliothèque municipale de Lyon s’avère être d’une importance capitale. L’ensemble de ces archives représente plus de quinze mètres linéaires. Les documents composant ce fonds sont d’une diversité et d’une pertinence inégalables : entre autres, cahiers de comptes, tracts, comptes-rendus de réunions locales ou nationales, correspondances, journaux et bulletins de liaison internes, rendent compte de l’organisation et de l’activité débordante de l’AGEL. Mais ces archives sont aussi le témoignage de la puissance de l’UNEF, qui, à la période représentée, était alors le quasi unique syndicat étudiant.
Contact : Laurent DEVERRIERE