Manuscrits médiévaux
Livres anciens
La collection des manuscrits de la bibliothèque représente un ensemble de plus de 12 000 cotes réparties entre plusieurs fonds, d’une grande diversité de dates - le plus ancien document remonte au 5e siècle, les plus récents au 20e siècle - d’origine, de provenance et de contenu. Si l’encyclopédisme est la marque première de cet ensemble, quelques parties significatives s’en détachent comme les 50 manuscrits mérovingiens et carolingiens, les 500 livres médiévaux, le fonds maçonnique et ésotérique ou les collections musicales.
Le fonds le plus important est le fonds général, constitué au fil des ans depuis le 17e siècle. On y retrouve aujourd’hui en effet nombre de documents acquis par les jésuites qui tenaient le collège de la Trinité de Lyon d’où est issue la bibliothèque municipale. Outre quelques pièces directement en rapport avec l’activité éducative des jésuites, plusieurs manuscrits rappellent que le collège fut en relation étroite avec des personnalités ecclésiastiques de son temps.
Le père Ménestrier fit don de plusieurs de ses œuvres, l’archevêque de Lyon Camille de Neufville de Villeroy légua en 1693 sa bibliothèque qui comportait de nombreux manuscrits. Des entrées marquantes comme celle d’un Ovide moralisé, manuscrit enluminé sur parchemin du 14e siècle provenant de la collection d’Ottavio Mey, celle de l’Histoire d’outremer de Guillaume de Tyr, manuscrit réalisé à Acre vers 1280, acquis en 1698, ou celle du De Laudibus Sanctae Crucis de Raban Maur, manuscrit du 9e siècle, acheté en 1704 sur la rente constituée par l’avocat Marc Perrachon, dénotent l’intérêt des jésuites pour des pièces anciennes et prestigieuses. Cet ensemble fut conservé au moment du départ forcé de Lyon des jésuites en 1762, alors que la bibliothèque devenait publique en 1765.
La Révolution provoque, par le biais des confiscations, l’arrivée de manuscrits conservés par le chapitre de la cathédrale Saint-Jean, les Augustins, les Dominicains, les Carmes, les Récollets, les Missionnaires de Saint-Joseph, le Séminaire de Saint-Irénée, les Feuillants, les Minimes, les Capucins et la Visitation, en nombre cependant inférieur à ce que pouvaient laisser espérer la diversité et l’importance de ces bibliothèques religieuses. Entrent alors les manuscrits mérovingiens et carolingiens de la célèbre bibliothèque capitulaire, avec notamment les manuscrits de saint Augustin annotés et utilisés par Florus au 9e siècle pour composer son Commentaire sur les épîtres de saint Paul.
Delandine, bibliothécaire nommé en 1803, recense environ 1500 manuscrits dans le premier catalogue qu’il rédige en 1812. C’est dire que le 19e siècle et le 20e siècle ont contribué ensuite largement à l’enrichissement des collections. A côté de très nombreux documents isolés en rapport avec l’histoire de Lyon, on trouve aussi bien les œuvres économiques inédites de l’abbé Morellet (1727-1819), les manuscrits du philosophe Pierre-Simon Ballanche (1776-1847), la correspondance du peintre Paul Chenavard (1807-1895), la documentation accumulée par le professeur Lacassagne (1843-1924), spécialiste d’anthropologie criminelle, que les archives de la Société d’agriculture de Lyon ou celles des fareinistes au 18e siècle.
Plusieurs dons et legs de particuliers conjugués aux effets des nouvelles confiscations qui suivent les lois de séparation des Eglises et de l’Etat complètent heureusement la collection de manuscrits médiévaux enluminés : Charvin lègue en 1842 un livre d’heures ayant appartenu à Marie de France, la famille Brölemann donne à la fin du 19e et au tout début du 20e siècle plusieurs très beaux livres d’heures. Un Décret de Gratien enluminé à Bologne vers 1345, un Missel enluminé par Attavante en 1483 quittent les collections de la cathédrale pour gagner celle de la ville.
S’il reste à forte tonalité religieuse, cet ensemble comporte des manuscrits littéraires, grâce notamment aux pièces de la collection Adamoli qui comprend par exemple trois Romans de la Rose des 14e et 15e siècles.
Une collection d’environ 250 manuscrits musicaux est centrée principalement sur le 18e siècle. Au 20e siècle, un important fonds ésotérique et maçonnique est constitué, notamment avec l’achat du fonds Willermoz, source essentielle pour la connaissance de la maçonnerie lyonnaise de la fin du 18e siècle, l’acquisition des fonds Papus, Lacuria, Fugairon et le legs Philippe Encausse. Malgré quelques éléments intéressants comme le manuscrit du Devin de village de Jean-Jacques Rousseau, les manuscrits d’écrivains sont rares avant le 20e siècle dans les collections lyonnaises. Aux manuscrits des œuvres littéraires d’Edouard Herriot, plus connu comme maire de Lyon ou acteur politique de la IIIe République que comme écrivain, et à ceux de Claude Farrère, un des premiers prix Goncourt, romancier à succès aujourd’hui délaissé, ont succédé ceux de Jean Reverzy et de Louis Calaferte.
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