Matthieu Bonafous
Livres anciens, Textile, Manuscrits
C’est en 1859, soit sept ans après la mort de Matthieu Bonafous, qu’Alphonse Bonafous et sa sour Aline, épouse Bouniols, honorèrent le souhait de leur frère aîné en faisant don à la bibliothèque municipale des ouvrages et archives de ce grand agronome lyonnais. Le fonds Bonafous, qui se compose de 57 manuscrits et d’environ 5900 imprimés représente aujourd’hui l’une des plus riches bibliothèques connues sur la sériciculture.
Parce qu’elle comprend de très nombreux ouvrages sur l’industrie séricicole, cette collection s’inscrit dans la longue tradition des soieries lyonnaises et occupe une place privilégiée au sein du patrimoine technique et historique de notre cité. Mais si les ouvrages traitant de l’élevage des vers à soie, de la culture du mûrier ou de la fabrication du textile constituent effectivement une large part du fonds Bonafous, la bibliothèque de ce savant, fidèle reflet de l’éventail de ses curiosités, couvre en réalité un champ bien plus vaste que la sériciculture.
Outre des exemplaires des œuvres de Matthieu Bonafous lui-même, qui abordent des sujets variés, cette collection, composée de volumes rédigés en français, en italien et en latin, rassemble un très large spectre d’ouvrages et de brochures scientifiques relevant de domaines aussi divers que l’agriculture, la botanique, la zoologie, la chimie, la physique ou la médecine. Les sciences agricoles constituent l’axe directeur de cette collection qui se ramifie en une multitude de branches non seulement scientifiques mais aussi poétiques ou rhétoriques.
La poésie versifiée, en ce qu’elle permet d’illustrer l’observation de la nature et d’habiller le propos scientifique, est effectivement bien représentée. A côté d’une importante collection de recueils poétiques d’auteurs français et italiens sur divers sujets agrestes figurent en bonne place les ouvres de poètes grecs ou latins qui se sont intéressés à l’économie rurale : Hésiode, Caton, Varron, Columelle ou Palladius, mais aussi et surtout Virgile et ses Géorgiques, dont on trouve un grand nombre d’éditions.
Riche par sa diversité thématique, le fonds Bonafous l’est aussi par son étendue chronologique, qui englobe plus de cinq siècles : l’ouvrage le plus ancien est un manuscrit du XIVème siècle reproduisant, sur parchemin, l’Opus agriculturae de Palladius. Le fonds comprend en outre cinq incunables dont le plus ancien, une édition des Ruralia commoda de Pierre Crescenzi, remonte à l’an 1471. Les ouvrages les plus récents, contemporains de la mort de l’agronome, datent du milieu du XIXème siècle. Riche, le fonds Bonafous l’est encore et surtout par la rareté de certains traités techniques, qui sont pour beaucoup devenus introuvables, ainsi que par la valeur historique et bibliophilique de plusieurs ouvrages.
S’y côtoient de nombreuses pièces remarquables susceptibles d’intéresser tout à la fois l’historien, le scientifique ou le bibliophile. On citera, parmi beaucoup d’autres, le Théâtre d’agriculture et Mesnage des champs d’Olivier de Serres, L’Agriculture et Maison rustique de Charles Estienne, l’Hortus Eystettensis de Basile Besler ou encore le superbe Pomona Italiana de Giorgio Gallesio. Plusieurs recueils de dessins asiatiques, sur la culture du riz ou des vers à soie, méritent également une attention particulière.
Le fonds Bonafous renferme une mine d’informations précieuses pour qui s’intéresse à l’histoire de l’agriculture, de la botanique ou de la zoologie. Il permet d’appréhender l’œuvre du savant lyonnais dans un contexte scientifique élargi et de mieux apprécier sa place et ses apports au regard de l’histoire des sciences. Plus généralement, ce fonds constitue un inestimable témoignage sur l’activité scientifique de la première moitié du XIXème siècle.
Une abondante correspondance permet au lecteur de se pencher, en témoin privilégié, sur le versant privé de la vie scientifique de l’époque et de se faire une vivante idée des relations que cet agronome lyonnais entretenait avec les savants de son temps. Au fil des lettres manuscrites, le lecteur peut ainsi faire la connaissance de grands naturalistes, comme Louis Agassiz ou Jean-Baptiste Balbis, du physiologiste Flourens, des vétérinaires Jean-Baptiste Huzard père et fils, de l’astronome François Arago, ou encore du géographe Edme François Jomard, directeur de la mission française en Egypte… C’est donc à un véritable voyage dans l’histoire et l’intimité de la science que vous convie le fonds Bonafous.
Contact : fondsancien@bm-lyon.fr