Max Orgeret
Musique, Mémoires du territoire, Inventaires d’archives , Archives musicales
Le fonds Orgeret est le produit d’une entreprise d’édition et de librairie musicale en activité à Lyon de 1852 à 2004. L’entreprise a pour origine en 1852 l’ouverture d’une librairie dans le quartier de la Guillotière (7e arrondissement de Lyon) par Jean-Pierre Gonet (1812-1872), un canut issu d’une famille d’ouvriers en soie. En 1864, il cède la librairie à son fils, André (1839-1910), qui s’installe dans le 2e arrondissement de Lyon, et entreprend la vente de partitions musicales au 72, passage de l’Argue, ainsi que la vente et la fabrication d’instruments de musique, sise entre les numéros 75 et 79 de la même rue. André Gonet exploite ces magasins avec ses deux filles : c’est à la première, Marie-Jeanne (1863-1941), que revient le magasin d’instrument de musique, qu’elle transfère en 1935 au 35, rue Tupin ; ce magasin est transmis de fille en fille sous l’enseigne Gonet-Musique et disparaît au cours des années 1990.
La deuxième fille d’André Gonet, Marguerite (1867-1935), hérite du magasin consacré à la vente de partitions sous l’enseigne Lyon-Chansons. Elle épouse en 1897 Jean-Marie Orgeret. Ce dernier, employé de commerce, est issu d’une famille de charrons, originaire de l’Ain. Ancien élève de l’Ecole des Beaux-Arts de Lyon, il a fondé en 1893 une société artistique dite de "récréation", La Fauvette, qui organise des spectacles de variétés où il se produit comme caricaturiste sous le pseudonyme de JY AIMO. Ce mariage marque un tournant dans l’histoire de l’entreprise qui développe ses activités d’édition musicale, spécialisée dans la chanson populaire. La maison Orgeret devient alors une référence dans ce domaine et voit défiler dans ses murs tout ce que la Belle-Epoque compte comme artistes de variétés.
Le fils unique de Jean-Marie et Margerite Orgeret, Max Orgeret, prend la suite et transfère le magasin en 1935 au 24, rue Palais-Grillet, dans le 2e arrondissement de Lyon. Parallèlement à l’édition et à la vente de partitions, de sketches, de monologues et de pièces de Guignol, il développe la vente de disques 78 tours, secondé par son épouse Yvonne. Lorsque Max Orgeret disparaît en 1978, son épouse tient la librairie avec son fils Jacques, ceci jusqu’en 2004, date à laquelle, faute de successeur, la boutique doit fermer ses portes.
Le fonds Orgeret comprend l’intégralité des archives de l’entreprise qui retracent l’activité de la librairie et de la maison d’édition familiale de la fin du XIXe siècle au début des années 1970. Une grande partie de ces archives est consacrée aux dossiers de Max Orgeret, des années 1930 aux années 1950. Elles laissent entrevoir les liens que pouvaient entretenir l’entreprise lyonnaise avec des auteurs souvent importants pour la région comme César Geoffray, fondateur des chorales A Cœur Joie, Albert Chanay, auteur de nombreuses pièces de Guignol, ou Périgot-Fouquier, inséparable du personnage de la mère Cottivet incarné par Benoist-Mary.
Spécialisée dans le répertoire de la chanson, la librairie Orgeret a édité près de 30 000 partitions de la fin du XIXe siècle à 1950, avec une prédilection pour la chanson française dite "de variétés" ou folklorique. On y retrouve en outre des partitions et des textes de monologues, ainsi que des pièces de théâtre en un acte qui constituent la majeure partie de ce fonds. Il s’agit aussi bien d’oeuvres éditées par Jean-Marie et Max Orgeret que de partitions d’autres éditeurs de musique vendues en magasin : chansons, saynètes lyonnaises, pièces de théatre en un acte, partitions d’opéras ou d’opérettes, et méthodes instrumentales (valses-musettes, javas, rumbas, sambas, tangos, etc.).
La bibliothèque personnelle de Max Orgeret comprend quelques centaines d’études sur la chanson et les chansonniers. S’y ajoute le matériel typographique ayant servi à l’impression des partitions : dessins originaux, typons, calques, négatifs, plaques métalliques et pierres lithographiques. Le fonds Orgeret est ainsi l’un des premiers fonds consacrés exclusivement à la chanson et à la culture populaire en France et conservés en bibliothèque. Son originalité est d’offrir une documentation importante sur l’histoire de l’entreprise et des techniques d’impression musicale aux XIXe et XXe siècles.
Contact : Anne Meyer
A lire : Valorisation d’un fonds musical. Mémoire d’étude et annexe, par Caroline Rogier / ENSSIB 2006.