jeudi
20 janvier à 18h30
Lisbonne,
Auschwitz, Hiroshima, New York, Kyoto
Un voyage philosophique au pays de la catastrophe
Conférence
de Jean-Pierre Dupuy, professeur de philosophie sociale et politique
à l'École polytechnique et à l'université
de Stanford (États-Unis).
Peu connu du grand
public, Jean-Pierre Dupuy compte certainement parmi les quelques
penseurs français - avec Edgar Morin, Michel Serres, René
Girard, Henri Atlan - qui ont contribué, durant ces vingt dernières
années, à modifier profondément notre vision du
monde, après des siècles de cartésianisme et d'esprit
centralisateur.
De formation scientifique, économique et philosophique, Jean-Pierre
Dupuy a su mettre en lumière l'importance irréductible
de la complexité telle qu'elle se manifeste dans d'innombrables
phénomènes, physiques, biologiques ou sociétaux.
Des phénomènes où rien ne se passe de façon
mécanique, prévisible et linéaire, mais dans lesquels
l'auto-organisation de structures émergentes (le climat, les
cours de la bourse, la panique, la pensée elle-même
)
procède, bien souvent, de ruptures, de "catastrophes".
Notre planète étant, par définition, un système
complexe, lourd de catastrophes à venir, une telle approche est,
on ne peut plus, stimulante. C'est pourquoi la Bibliothèque municipale
est particulièrement heureuse d'accueillir Jean-Pierre Dupuy
pour une rencontre qui promet de faire date.
Patrick Bazin, directeur
Lisbonne,
Auschwitz, Hiroshima, New York, Kyoto
Cette liste de noms évoque une série de catastrophes majeures
qui ont changé, les unes après les autres, nos manières
de penser les rapports qui nous unissent au monde, à la nature
et à nous-mêmes - le dernier renvoyant, non pas au fameux
protocole mais au désastre planétaire qu'il annonce en
s'efforçant timidement - dérisoirement - de le prévenir.
Les concepts de Dieu, de Providence, de destin, de hasard, d'accident,
de tragique, de mal ou d'injustice en ont été successivement
bouleversés.
Mais n'y a-t-il pas quelque abus à rapprocher de cataclysmes
géologiques ou climatiques des actes qui relèvent de la
violence des hommes ou de ce que Kant appelait le mal radical ? Et,
cependant, que reste-t-il de la coupure entre nature et culture lorsque
le terrorisme s'efforce de singer l'indifférence d'un tremblement
de terre ? Que subsiste-t-il de la notion moderne, en principe libre
de valeurs, de hasard ou d'aléa lorsque la sécurité
du monde a dépendu, pendant plusieurs décennies, d'une
représentation de l'apocalypse nucléaire comme, à
la fois, accident et destin ? Où chercher la transcendance après
Auschwitz ?
Jean-Pierre
Dupuy dirige au sein de l'École Polytechnique, le GRISÉ
(Groupe de recherche et d'intervention sur la science et l'éthique).
Il a publié récemment La Panique (Les Empêcheurs
de penser en rond, 2003) ; Pour un catastrophisme éclairé
(Le Seuil, 2002) ; Avions-nous oublié le mal ? Penser la politique
après le 11 septembre (Bayard, 2002). Il est membre du Conseil
général des Mines et de l'Académie des technologies.
Retour
à l'exposition
|