PRESENTATION
Exposition 14 mai au 27 septembre
proposée dans le cadre de Djazaïr 2003, une Année de l’Algérie
en France
Bibliothèque de la Part-Dieu, Espace Patrimoine (niveau 4)
30, boulevard Vivier Merle 69003 Lyon
commissaire d’exposition
Philippe Videlier, historien au CNRS
À
la fin du dix-neuvième siècle des trains de première
classe emmenaient les riches Lyonnais vers "la reine des régions
hivernales et touristiques", comme le proclamait la publicité
: l’Algérie. Dans les salles où se projetaient les tout
premiers films des frères Lumière, les spectateurs découvraient
avec stupéfaction l’image animée qui leur montrait la
colonie d’outre-Méditerranée à travers des "reportages"
réalistes sur la vie des Algériens, ces "sujets français"
que personne encore n’avait rencontrés.
Puis les Algériens vinrent à leur tour en France. Les circonstances
étaient tout autres. Combattre aux côtés des Français
pendant les guerres, servir de main-d’œuvre dans les usines et
pour certains préparer l’indépendance de leur pays : tel
fut leur lot jusqu’en 1962. Ces hommes seuls, ayant laissé leurs
proches au pays, logeaient dans des foyers, des garnis, des casernes. Les
cafés, les quartiers lyonnais qu’ils fréquentaient, plutôt
malfamés, ne faisaient parler d’eux, dans les gazettes, qu’à
la rubrique des faits divers.
La rupture du lien colonial, dans la douleur, ouvrit la voie à un statut
nouveau de travailleurs immigrés et à la venue des familles,
les conditions d’accueil étaient restées les mêmes,
on passait d’une misère à une autre, bidonvilles et travaux
subalternes. L’après-68 vit se soulever des O.S. en grève
de Pennaroya, les travailleurs de Monin Ordures Services, les femmes de ménage
de l’INSA, et bien d’autres pour un peu de mieux être et
pour entrer enfin dans un seul et même corps social.
Hormis certains lieux symboliques, comme la place du Pont et son Prisunic,
les traces de l’histoire des Algériens à Lyon restent
ignorées. Pourtant les itinéraires de ces immigrés dans
le temps et l’espace de la ville constituent une mémoire à
partager et méritent d’être reconnus. Des centaines de
documents depuis l’annonce aux Lyonnais de la conquête d’Alger
: livres de classe, affiches de théâtre, photographies, films,
tracts syndicaux et politiques, etc. sont à notre disposition pour
prendre la mesure de ce que fut cette histoire.
Un émouvant patrimoine humain entre dans notre richesse commune, il
fait se croiser les mémoires de nombre de lyonnais anciens et nouveaux.
Des documents de la Bibliothèque de Lyon, des Archives départementales, des Archives de Villeurbanne, des Archives théâtrales de l’université Lumière-Lyon 2, de l’Institut Lumière, du Musée Gadagne de Lyon, du Musée des Écoles de Villeurbanne, de Institut d’Histoire sociale CGT, des photographies d’Yves Neyrolles, des archives privées.
L’Algérie
à Lyon, une mémoire centenaire
(Bibliothèque municipale de Lyon, mai 2003)
Les grands moments de l’histoire des Algériens font l’objet
d’un ouvrage illustré, accompagné d’une nouvelle
consacrée à un épisode bien particulier, signée
Didier Daeninckx.
Publié avec le concours de la Délégation à l’Intégration
et aux Droits des Citoyens de la Ville de Lyon.
Prix : 10 € (en vente à la boutique de la Bibliothèque
de la Part-Dieu)
Une bibliographie sur l’Algérie est également disponible à la Bibliothèque de la Part-Dieu et sur www.bm-lyon.fr.