Retours du front
Les permissionnaires à Lyon
Une fois sous les drapeaux, les soldats n’avaient guère l’occasion – hormis dans les zones à proximité directe du front ou encore pendant les périodes de convalescence – d’entrer en contact avec les civils. Cette séparation forcée avec ce qu’ils appelaient parfois « l’arrière » contribua à forger une identité combattante fondée sur l’expérience du feu et du front. La guerre s’installant dans la durée, un système de permission destiné notamment à soutenir le moral des combattants fut progressivement instauré et perfectionné en 1915 et 1916. Il permettait en théorie aux soldats de rentrer chez eux une semaine tous les quatre mois.
Pour faire face à cette arrivée massive de permissionnaires les villes s’organisent. A Lyon des baraquements sont installés à proximité de la gare de Perrache afin d’offrir un lieu d’accueil aux soldats trop éloignés de leur familles.
Très attendue et fantasmée, la permission était un moment de relâche que les autorités militaires décidèrent de surveiller, notamment en ce qui concerne les débits de boissons. Elle permettait également de retrouver ses proches, de retisser les liens, de renouer avec une sexualité conjugale (ou extraconjugale). Mais le retour du front pouvait être parfois douloureux, accélérer les ruptures dans les couples ou être un moment de prise de conscience des malentendus existant entre deux mondes, celui du front et celui de l’arrière.