Produire en guerre
Les industries au service de la guerre
Au début de la guerre, les arsenaux français étaient en mesure de produire 10 000 obus par jours. Dès le mois de septembre 1914, le Ministère de la guerre demanda que cette production soit multipliée par dix.
À la fin du conflit, on estime généralement que l’industrie française avait été en mesure de produire 300 millions d’obus, soit un peu moins de 200 000 par jours en moyenne. Ces chiffres illustrent bien la nécessaire adaptation de l’économie provoquée par le processus de totalisation dans lequel entra le conflit.
Outre les usines d’armement qui préexistaient, un grand nombre d’industries furent forcées de se reconvertir dans la production d’armes et de munitions afin de participer à l’effort de guerre. Parcs d’artillerie, poudreries, aciéries, arsenaux, constructeurs automobiles : tout ce qui était produit devait servir aux armées.
À partir de décembre 1916, par exemple, le constructeur automobile Hotchkiss se convertit en usine de guerre et parvint à une production de 50 mitrailleuses par jour. Les mitrailleuses Hotchkiss représentent 2/3 des 45 000 mitrailleuses produites entre fin 1915 et l’armistice. L’ensemble des usines travaillant de concert pour aider la victoire française, une véritable économie de guerre, largement financée à crédit, se mit en place. Une série de lois permit également de faire revenir à l’arrière ou de mobiliser dans les usines des ouvriers. On fit aussi appel massivement aux femmes et aux travailleurs étrangers ou coloniaux pour répondre à la demande toujours croissante de l’armée.
En tant que pôle industriel important avant la guerre, Lyon et le Rhône s’adaptèrent rapidement à la situation. Berliet se mit à produire en masse des camions et des chars. Gillet devient l’un des principaux producteurs de gaz de combat, la grande Halle construite par Tony Garnier à Gerland pour devenir un abattoir ultra moderne et qui avait servi à l’exposition internationale de 1914 devint l’une des usines de guerre les plus impressionnantes de tout le pays.
Dans cet édifice, on produit, en temps de guerre, plus de 20 000 obus par jour grâce aux 12 000 ouvrier(e)s employé(e)s. Par ailleurs, les civils de l’arrière –majoritairement les femmes – œuvraient pour fournir des vêtements aux soldats. Un magasin général dans le quartier Ferrandière de Villeurbanne récupérait et stockait l’ensemble des matières et des vêtements qui pouvaient servir aux poilus. Aussi des ateliers de confection furent créés pour rapiécer et repriser les pièces existantes. Ces vêtements étaient envoyés par colis directement sur le front.
Ainsi l’ensemble de la population en ville fut mobilisée pour aider à la victoire française.