À propos de l’exposition
Cette exposition virtuelle est née de la rencontre, à Lyon, entre un programme de recherche interdisciplinaire et un fonds documentaire. Le programme AgroCCol, coordonné par Maëlys Blandenet, réunit des chercheurs en littérature, archéologie et botanique, pour l’étude de la littérature agricole antique et en particulier celle de l’auteur latin Columelle (Ier siècle ap. J.-C.). Quant au fonds documentaire, il est constitué par les ressources exceptionnelles que possède la Bibliothèque municipale de Lyon dans le domaine des livres d’agriculture publiés entre le XVIe et le XIXe siècle : dans une très large mesure, cette richesse est due au legs, en 1859, de la collection rassemblée par l’agronome lyonnais Matthieu Bonafous (1793-1852).
Nous avons donc conçu cette exposition à la fois comme un parcours dans les collections de la BmL – parcours complété par des emprunts à d’autres bibliothèques européennes ou américaines – et comme une enquête sur un phénomène décisif dans l’histoire du discours agronomique : la transmission et l’appropriation des textes antiques, qui a conduit, au début de l’époque moderne, à la création d’un corpus nouveau dans les différentes langues européennes. À travers cet aperçu sur un moment d’histoire et sur la variété des formes et des usages des livres d’agriculture, l’exposition entend participer, à sa manière, aux questionnements actuels sur l’histoire de l’agriculture et sur son avenir : comment les savoirs agricoles se sont-ils transmis dans l’histoire ? À quels publics destinait-on les livres d’agriculture ? Comment ces savoirs se sont-ils articulés aux pratiques elles-mêmes, à la fois pour en rendre compte et pour les modifier ? Quels usages peut-on faire aujourd’hui de savoirs appartenant à un âge ancien de l’agriculture ?
Le titre de cette exposition constitue enfin un hommage au livre publié en 1600 par Olivier de Serres, dont on commémore en 2019 le 400e anniversaire de la mort : son Theatre d’agriculture et Mesnage des champs (ce mesnage signifiant à la fois l’administration, l’économie, l’équipement, la maison et ceux qui l’occupent et y travaillent) peut être considéré, à bien des égards, comme l’ultime déploiement, avant la naissance de l’agronomie moderne, d’une pensée et d’une pratique d’écriture nées dans l’Antiquité, qui cherchaient à combiner l’attention aux réalités présentes les plus locales et un discours universel sur les principes et les valeurs de l’agriculture.
Michel Jourde