Le ménage des champs

du savoir agricole antique aux livres d’agriculture de la Renaissance

Enquêter : la connaissance agronomique à la croisée des savoirs

L’étude de l’agriculture, qui ne sera adossée à une discipline universitaire qu’à partir du XIXe siècle, repose auparavant sur le croisement de savoirs très divers, relevant à la fois de la botanique, de la zoologie, de la médecine, du droit ou de l’architecture. L’exemple des recherches savantes sur le blé montre comment les sources antiques sont alors articulées à l’observation directe et à l’enquête. Le traité pharmacologique du grec Dioscoride (Ier siècle ap. J.-C.) – qui pourtant ne fait que citer le blé, sans prendre la peine de le décrire – conserve une autorité telle qu’il sert longtemps de cadre à l’approfondissement des connaissances céréalières. Les savants de la Renaissance sont également confrontés aux difficultés que présente, dans les textes antiques, la mention d’outils ou de pratiques disparus : aujourd’hui, c’est en associant l’analyse des textes et les découvertes de l’archéologie (comme le montre l’exemple des faucilles) ou de l’ethnographie (comme le montre l’exemple du tribulum et des techniques de dépiquage) que nos connaissances peuvent se préciser. Plus généralement, cet âge du savoir repose sur un usage constant de la comparaison, dans le temps (entre l’Antiquité et le présent) comme dans l’espace, en particulier dans le contexte des découvertes géographiques.