Sous les mains de qui aurait l’audace

Cheyne, éditeur de poésie et typographe depuis 40 ans

Le temps de la fabrication

Après la création, vient le temps de la fabrication où les mots prennent peu à peu sens sous les doigts. Cette étape de la fabrication reflète le plaisir de faire. Plaisir des encres et des papiers, plaisir d’exercer autant l’œil que la main, plaisir enfin d’imprimer au plomb : « à l’ancienne ».
Cheyne porte donc un soin tout particulier à l’objet-livre : papiers de création, caractères, corps (taille des caractères) et justification (longueur des lignes) délibérément choisis, solides blocs noirs sur la page, belles marges autour où l’œil circule à l’aise, où le sens vient respirer. Faire des livres comme on les aime : doux à l’œil et solidement présents sous les doigts. Des livres que l’on finit par reconnaître entre tous en librairie ou en bibliothèque, et dont les lecteurs ont souvent salué l’austère beauté et la lisibilité, leur rendant ainsi un bel hommage, puisqu’ils n’ont d’autre prétention que de servir avec justesse la langue et la pensée des auteurs.

L’épopée du livre Cheyne / bibliothèque municipale de Lyon

Les papiers

L’approvisionnement en papier se fait auprès des distributeurs - papetiers. Cheyne éditeur travaille avec des fournisseurs qui possèdent des gammes de papiers de création relativement importantes.
Pour l’intérieur des livres, le papier le plus souvent utilisé à Cheyne est un papier bouffant, c’est-à-dire un papier brut de machine à forte teneur en fibre de bois et à la surface râpeuse : le Munken.

La typographie

Cheyne a fait le choix d’une impression de grande qualité grâce à une technique d’impression d’excellence de plus en plus rare : la typographie ou impression au plomb. Cette technique qui semble désormais d’un autre temps attire, par la qualité des ouvrages de la maison, de nombreux particuliers ou éditeurs pour lesquels l’atelier Cheyne réalise également des travaux d’imprimerie à façon.
La typographie est un procédé de composition et d’impression utilisant des caractères et des formes en relief qui nécessite rigueur du regard et justesse de la main.
À Cheyne, trois techniques de composition sont utilisées :

  • La composition à partir de caractères mobiles en plomb. Les caractères mobiles sont stockés dans une casse : un casier de bois destiné à contenir l’ensemble des caractères en plomb d’une même fonte, divisé en casseaux et répondant à un rangement spécifique des caractères.
  • La composition à partir de lignes de plomb. La linotype est une machine d’imprimerie qui utilise un clavier alphanumérique à 90 caractères permettant de composer une ligne de texte complète en un seul bloc de plomb appelée « ligne-bloc ».
  • La composition à partir de clichés. Textes et images sont travaillés sur ordinateur puis flashés sur du papier film avant d’être gravés en relief (insolation, brossage puis séchage) sur une plaque en métal ou en polymère.
    La composition est ensuite fixée dans une forme avant d’être placée dans la presse. La presse typographique, en exerçant une forte pression sur la feuille de papier de manière à ce que l’encre se dépose sur le papier, reproduit l’ensemble de caractères en relief, préalablement encrés. Les presses typographiques nécessitent, avant utilisation, un temps important consacré au calage.

Le façonnage

Le pliage des feuilles imprimées constitue la première étape du façonnage. Cette étape est réalisée par une machine : une plieuse. À la sortie de la plieuse, les feuilles imprimées, composées à Cheyne de huit pages de texte au recto et huit pages de texte au verso, deviennent des cahiers de 16 pages.

Les cahiers pliés sont ensuite assemblés à la main. Un repère, appelé indice de collationnement, imprimé sur le dos de chacun des cahiers qui constituent un même livre permet un contrôle visuel rapide de leur assemblage (cahiers manquants ou en double).

Une fois les cahiers assemblés, ils sont cousus entre eux au fil textile grâce à une machine à coudre. Les cahiers cousus sont ensuite rognés au massicot. Ainsi, le format du livre est précis et les bords des pages sont nets.

L’intérieur du livre achevé, il faut ajouter la couverture. C’est l’encolleuse qui permet cette étape. Dans cette machine, l’intérieur du livre placé dans un chariot passe dans de la colle chauffée à 140°C avant de s’arrêter au-dessus de la couverture. Sous l’effet de la chaleur, de la colle et de la pression, la couverture et l’intérieur du livre s’assemblent.

Il reste ensuite à Cheyne une ultime étape avant que les livres soient entièrement finis : la pose à la main des jaquettes, où le pli a été préalablement marqué par la presse typographique (rainage). C’est également l’occasion de vérifier le bon façonnage de chaque livre (découpe nette, couture solide, collage de qualité…).

®Marion Cailleret

®Marion Cailleret


®Marion Cailleret

®Marion Cailleret

Plusieurs jurys nationaux ont reconnu l’excellence du travail de Cheyne comme éditeur-typographe. Cheyne est également labellisé Entreprise du Patrimoine Vivant depuis 2008.

Portraits des employés de Cheyne


Thomas Pallin : conducteur-typographe


Fabienne Bonnet : façonnière