Dès le 5 octobre et jusqu’au 31 décembre, la bibliothèque de la Part-Dieu ouvrira sa galerie à l’exposition « En corps elles » dévoilant par une approche documentaire et artistique le positionnement du « corps féminin », saturé d’attentes sociales, enjeu de prescriptions et de proscriptions, à l’articulation entre corps individuel et corps social.
Préambule
Dès l’Antiquité, Aristote décrit “la femme” comme un mâle incomplet, qui ne peut vivre que dans la subordination du sexe dominant, “l’homme”. Les auteurs médiévaux voient en Adam l’esprit et en Eve la chair mais une chair coupable.
Le corps des femmes fait ainsi l’objet de nombreux interdits et tabous, prescriptions et proscriptions. Ce corps, censé les soumettre tout entières à la nature, justifie leur relégation dans des activités circonscrites le plus souvent à la sphère domestique. Pourtant, au cours des siècles, de nombreuses personnalités s’érigent contre cette organisation sociale.
Plus proche de nous, notamment dans les années 1970, les féministes remettent en cause ces représentations de « la femme » et ouvrent la voie à la conquête de certains droits fondamentaux, de la sexualité à la vie publique. Les slogans autour du corps dont le fameux « notre corps nous appartient » fleurissent de par le monde et le personnel, l’intime deviennent éminemment politiques. Inspirées par les principes du Mouvement de Libération des Femmes ou par les écrits théoriques, les artistes féministes contestent le sexisme qui imprègne et déforme le monde de l’art. Elles font de ce corps fantasmé et méprisé le sujet central de la création artistique et transgressent les limites de l’enveloppe corporelle pour mieux dénoncer les stéréotypes et s’attaquer aux conventions.
Aujourd’hui encore les luttes se poursuivent et les interventions des féministes montrent la persistance d’une vision patriarcale maintenant les femmes dans une position dominée.
Anne-laure Collomb, commissaire d’exposition.