Le travail
Dans le monde salarial, les femmes sont bien souvent sous-payées. Historiquement, elles se sont battues aux côtés des hommes pour de meilleures conditions de travail. Mais elles ont aussi dénoncé l’exploitation particulière dont elles font l’objet par des luttes spécifiques, comme les grèves de femmes.
Elles se retrouvent de surcroît à assurer dans la sphère professionnelle des rôles calqués sur ceux qu’elles occupent au sein du foyer : puéricultrice, infirmière, femmes de ménage et femmes de chambre, ou encore assistante sociale ou éducatrice. Ainsi, les métiers « de service » qu’elles exercent souvent sont la plupart du temps peu valorisés et mal rémunérés.
Tout au long du 20e siècle, alors que la prise en charge des personnes dépendantes (enfants, personnes âgées) s’externalise dans la sphère professionnelle, le « travail du care » devient l’apanage des femmes. « Une néo-domesticité assure un travail indispensable dont nous sommes tous dépendants sans le voir », analyse la psychologue du travail Pascale Molinier.
La faible rémunération et la grande pénibilité de leur travail dans la sphère professionnelle poussent alors des femmes à lutter en tant que femmes pour des salaires plus élevés et de meilleures conditions de travail.
Monique
Au printemps 1973, l’horlogerie LIP, dans le Doubs, est rachetée par une multinationale qui souhaite la démanteler. Les salarié-es s’emploient alors à sauver leur entreprise et organisent l’autogestion. Au sein de cette lutte, les femmes,
majoritaires parmi les employé-es, sont en première ligne. Pourtant, faire entendre leur voix n’est pas une mince affaire. Un certain nombre de revendications féministes ne seront pas du goût des syndicats.
Carole ROUSSOPOULOS (1945-2009)
Monique (LIP I) (1) Christiane et Monique (LIP V) (2), 1974 et 1976
[D.V.D.], 25 min. et 30 min., Paris : CNC Images de la culture, 2005
Lyon, bibliothèque municipale de Lyon
Détournement militant d’affiches publicitaire DIM
Marcelle VALLET (1907-2000)
[Détournement militant d’affiches publicitaire DIM], [1973]
Photographie négative : noir et blanc, 6 x 6 cm
Lyon, bibliothèque municipale, P0701 006BIS N2449 C615
Lip Républicain
Lip Républicain. Le plus exceptionnel tirage des quotidiens en lutte. Numéro 0000 : Supplément à Lip Unité
[Besançon] : [Association Amis de Lip], avril 1977
Lyon, bibliothèque municipale, fonds Michel Chomarat, Chomarat Ms 1004 (3,3)
Faut-il persécuter les prostituées ?
En juin 1975, l’église de Saint-Nizier, à Lyon, est occupée par une centaine de prostituées. Elles protestent contre la criminalisation dont leur activité fait l’objet, le harcèlement policier et les mauvaises conditions de travail qui en découlent. Aujourd’hui, le terme de “travail du sexe” fait l’objet de nombreuses dissensions dans le mouvement féministe : certaines le revendiquent en soulignant la continuité qui existe entre travail domestique, travail de care et travail sexuel ; d’autres considèrent au contraire que le mot “travail” vient masquer la dimension intrinsèquement violente de la prostitution et prônent son abolition totale.
Alain STRANG
« Faut-il persécuter les prostituées ? »
Paris-Match, n° 1360, 21 juin 1975
Lyon, bibliothèque municipale
Lettre à la population
Collectif des prostituées de Lyon
« Lettre à la population », Lyon, juin 1975
Lyon, bibliothèque municipale, fonds Chomarat, Ms 0709
Louise Rocabert, Les travailleuses en lutte de l’hôtel IBIS
22 mois de grèves pour 17 femmes de chambres de l’Hôtel Ibis Batignolles entre 2019 et 2021 : cette mobilisation sonne comme un retour des grèves de femmes. Elle a pour objet des conditions de travail éreintantes et la sous-traitance des services de nettoyage dans les hôtels, qui engendrent de très bas salaires.
De plus, ce travail est historiquement relégué aux femmes et/ou aux personnes racisées. Leur métier, pourtant qualifié, demeure socialement et économiquement dévalorisé. Le 21 mai 2021, leur lutte paie et presque toutes leurs revendications sont satisfaites.
Louise ROCABERT
Les travailleuses en lutte de l’hôtel IBIS