Du corps-icône religieux jusqu’au corps-objet répondant aux canons de beauté, le corps n’est qu’en regard mais un regard masculin qui scrute et oblige les femmes à se conformer à un idéal physique. Point de salut en dehors de ces critères esthétiques définissant la féminité : celles qui s’en écarteraient, volontairement ou non, seraient identifiées à la sorcière ou à l’hystérique. « La femme » doit être une muse et non une créatrice ou alors une créatrice regardée, enjeu de pouvoir et de domination. Or, dans les années 1970, le corps féminin devient un champ d’exploration voire une arme de combat permettant de sortir de l’immobilité. De nombreuses artistes, écrivaines et cinéastes dénoncent le patriarcat et s’emparent de cette vision sexiste pour la détourner, la caricaturer et revendiquer leur place dans l’Histoire. Il s’agit, pour citer Geneviève Fraisse, de « s’approprier des places », de les « perturber », d’introduire un dérèglement dans l’ordre des repères esthétiques liés à cette répartition sexuée. En outre, dans les années 1990, l’opposition binaire masculin-féminin est plus fréquemment remise en cause de même que la centralité des canons esthétiques blancs et son corollaire : la rémanence d’un exotisme post-colonial. Les artistes accordent plus d’importance aux questions des minorités économiques, sexuelles, racisées…
Ces dernières années, une nouvelle génération d’artistes se réapproprie les travaux fondateurs des années 1970. Elles réinterrogent les concepts tel « mon corps m’appartient » et tentent de dépasser les normes encore prégnantes pour instaurer de nouvelles relations au corps.