Corps icône : les normes de beauté
Les critères cosmétiques, vestimentaires ou esthétiques ne manquent pas pour dicter ce qu’est la norme féminine, une norme quasi intemporelle. En effet, malgré quelques variantes, de l’ampleur des hanches valorisée en référence à la mission de gestation des femmes au teint halé répondant à une beauté provocante affranchie des conventions, les modèles évoluent peu. Le corps des femmes doit être mince, élancé et la vision de la beauté occidentale domine. Les revendications des années 1970 n’ont pas fondamentalement remis en cause cet idéal physique.
Au contraire, malgré quelques initiatives dont celle, plus tardive, d’Yvette Roudy qui défendit en 1983 un projet de loi antisexiste, on assiste à un retour en force de la séduction et de la sensualité. Que cela soit au travers des publicités, des réseaux sociaux ou des médias, la beauté, toujours plus valorisée, investit les sphères publique, politique et professionnelle. Pour parvenir au corps dit « standard », le recours à des artifices est commun : corset, recettes esthétiques ou autre instrument contraignant hier ; extension des pratiques de la chirurgie esthétique du lifting à l’implantation mammaire jusqu’à la nymphoplastie, aujourd’hui.
Face à ce diktat, les féministes réagissent. Artistes et militantes rejettent ces définitions normatives de la beauté féminine, œuvrent pour l’acceptation de tous les corps et revendiquent le droit à exister pour les personnes qui ne s’inscriraient pas dans cette idéalisation corporelle.
Le parfait Courtisan
Il libro del Cortegiano, publié en 1528 est un des plus livres les plus marquant du XVIe siècle. Traduit en de multiples langues, il met en scène des « soirées » dont les conversations visent à apprendre aux lecteurs l’art de la courtisanerie, qui consiste à conseiller un Prince, et à réaliser pour lui diverses missions. Cette situation demande une éducation humaniste complète et une connaissance parfaite des manières d’être et de paraître en société. Le passage en haut de la page 378 enjoint aux femmes à la fois d’utiliser des artifices (ici des habits) pour masquer leurs imperfections (couleur de peau, poids), et de cacher l’artifice, de faire semblant que c’est naturel et que cela ne leur donne aucune peine.
-
-
Le Parfait courtisan du comte Baltasar Castillonois, es deux(...)
plus d'infos sur numelyo
Baldassar CASTIGLIONE (1478-1529)
Le parfait Courtisan
Lyon : Jean Huguetan, 1585, in-8
Lyon, bibliothèque municipale, 811026
Trois livres de l’embellissement et ornement du corps humain
-
-
Trois livres de l'embellissement et ornement du corps humain,(...)
plus d'infos sur numelyo
Jean LIÉBAULT (vers 1534-1596)
Trois livres de l’embellissement et ornement du corps humain
Lyon : Benoist Rigaud, 1595
Lyon, bibliothèque municipale, Rés 813635
Collection Frissons
Collection Frissons
Paris : Ed. la Flamme d’Or ; Lyon : Ed. des Remparts, n° 9, 1958
Lyon, bibliothèque municipale
Nicole Tran Ba Vang, Revue
Avec Revue, l’artiste s’approprie la presse féminine pour mieux la détourner. Elle dénonce les stéréotypes et les préjugés à l’œuvre au sein des industries de la mode et de la publicité, qui réussissent à imposer des modèles corporels auxquels les femmes se réfèrent dans une sorte d’aliénation.
Nicole TRAN BA VANG
Revue
Paris : Dis-voir, 2016 ; 28,5 x 22 cm
Lyon, bibliothèque municipale, Rés. B 71195
Le cours de médecine en françois, contenant le Miroir de beauté et santé corporelle
Le Miroir de beauté et santé corporelle du médecin Louis Guyon, tout en décrivant maladies et moyens de s’en prémunir, normalise une forme de beauté idéale et verse parfois dans le conseil et les recettes cosmétiques. Sa description des fesses et cuisses idéales prône blancheur, fermeté, et une grosseur « médiocre ». Son traité est refondu et augmenté par Lazare Meysonnier en un Cours de médecine, dont nous présentons la seconde édition.
Louis GUYON (15..-vers 1630)
Le cours de médecine en françois, contenant le Miroir de beauté et santé corporelle
Lyon : Antoine Huguetan et Guillaume Barbier, 1671, in-4
Lyon, bibliothèque municipale, 341164
Femme nue couchée sur le ventre et accoudée sur un gros oreiller, à gauche
La présence d’un Amour aux côtés de ce nu féminin – un ajout du graveur qui n’existe pas dans la peinture originale – ne parvient pas à neutraliser l’érotisme de cette représentation. Visage juvénile mais chair généreuse expriment l’idéal de beauté paradoxal d’un siècle ayant exalté le licencieux.
Gilles DEMARTEAU (1729-1776) d’après François BOUCHER (1703-1770)
[Femme nue couchée sur le ventre et accoudée sur un gros oreiller, à gauche]
[Paris] : 1761
Manière de crayon, impression en rouge ; 282 x 371 mm
Lyon, bibliothèque municipale, F18DEM002982
Nicole Claveloux, « Planche-neige »
Nicole CLAVELOUX
"Planche-neige"
Ah ! Nana. Danger : Nazisme aujourd’hui. Exclusif : Roman Photo Agnès Varda des bandes dessinées
Paris : Les Humanoïdes associés, n°3, avril 1977, p. 5
Lyon, bibliothèque municipale, fonds Michel Chomarat, P 3190
Sonia Khurana, Bird
Tel un oiseau, l’artiste, nue, tente de se tenir sur la pointe des pieds, se lance, se retrouve à terre, attirée par la force de la gravité terrestre. Par cette performance, l’artiste va à l’encontre des canons de l’idéal érotique et s’affranchit de l’image attendue de « la femme indienne ».
Sonia KHURANA
Bird, 2000
Vidéo, durée 3’6
Paris, Centre Pompidou
Lizzo, Cuz I love you
LIZZO
Cuz I love you, 2019
Disque vinyle, 33 t.
Éditeur : Nice Life, 2019
Lyon, bibliothèque municipale
Voir dans le catalogue de la BML
Tractatus de morbis cutaneis
Du 16e au 18e siècle, se blanchir le visage est la pratique cosmétique la plus répandue, notamment chez les femmes. Les poudres utilisées contenaient souvent du plomb ou d’autres métaux, qui généraient d’importantes maladies cutanées et respiratoires. Cette pratique massive est à l’origine de ce traité, un des premiers de dermatologie.
-
-
Tractatus de morbis cutaneis
plus d'infos sur numelyo
Anne-Charles LORRY (1726-1783)
Tractatus de morbis cutaneis
Paris : chez Guillaume Cavelier, 1777, in-4
Lyon, bibliothèque municipale, 150020
Société française de corsets : présentation de lingerie féminine
Jules SYLVESTRE
[Société française de corsets : présentation de lingerie féminine], 1930
Photographie négative sur verre : noir et blanc, 18x13 cm.
Lyon, bibliothèque municipale, fonds Jules Sylvestre, P0546 S 1810
Susanne Junker, Figure for the base of a crucifixion
Ancien mannequin, Susanne Junker détourne dans cette série les représentations de Marie-Madeleine, pour critiquer les standards de perfection et de beauté qu’impose l’univers de la mode. Agenouillée, dénudée, bâillonnée, l’artiste, à la fois auteure et sujet, porte des inscriptions qui questionnent ces normes esthétiques et leurs conséquences, de l’anorexie au recours aux pratiques esthétiques.
La notion d’âge joue un rôle majeur : quel est l’âge de la beauté et de la jeunesse ? 16 ans ? 30 ans ? 40 ans ?
Susanne JUNKER
Figure for the base of a crucifixion #2, self-portrait, 2000
Photographies, 40 x 60 cm. Prêt de l’artiste
Susanne JUNKER
Figure for the base of a crucifixion #21, self-portrait, 2017
Photographies, 40 x 60 cm. Prêt de l’artiste