Conditions de vie des femmes
et mobilisations féministes

du 5 octobre au 31 décembre 2021

Dans les bibliothèques de Lyon et les
bibliothèques partenaires de la Métropole

Conditions de vie des femmes
et mobilisations féministes

du 5 octobre au 31 décembre 2021

Dans les bibliothèques de Lyon et les
bibliothèques partenaires de la Métropole

Conditions de vie des femmes et mobilisations féministes

du 5 octobre au 31 décembre 2021

Dans les bibliothèques de Lyon et les bibliothèques partenaires de la Métropole

Corps voilé, corps dévoilé

Conçu dans une tradition de dimorphisme esthétique, l’habillement dit toujours le genre et agit comme le révélateur d’une appartenance sociale et culturelle, dans un maintien de rapport de domination. Court ou long, ouvert ou fermé, symbole de respectabilité ou de féminité, de décence ou d’érotisme, le vêtement conditionne les femmes à une certaine forme de vulnérabilité et de soumission. Des critiques de Madeleine Pelletier qui revendique le droit de se vêtir en homme à celles de Claude Cahun, jouant de son apparence pour questionner les codes vestimentaires, les comportements évoluent mais les résistances perdurent. Les débats, du port de la jupe à celui du pantalon, se déplacent ; les divisions persistent. Depuis 1989, la question du foulard cristallise toutes les tensions. Au nom de l’égalité, de la laïcité, de la liberté et du droit de disposer de son corps, le voile crée de profondes désunions au sein des mouvements féministes, les unes soutenant une vision universaliste, les autres dénonçant l’ethnocentrisme européen voire revendiquant un féminisme islamique.


Costumes anciens et modernes du monde entier

Moine dominicain devenu pape en 1566, Pie V décide de réformer la curie, d’en limiter le luxe et d’y introduire plus d’austérité. Il impose ainsi aux courtisanes un costume sobre, sans bijou, couvrant tout le corps, et un voile couvrant les cheveux et le front, alors que les femmes « honnêtes » s’habillaient avec décolletées et parures. Il s’agit ici d’une traduction et réédition du 19e siècle d’un célèbre traité italien sur les costumes paru en 1590.

Essai typographique et bibliographique sur l'histoire de la gravure sur bois
Essai typographique et bibliographique sur l'histoire de la(...)
plus d'infos sur numelyo

Cesare VECELLIO (1521-1601)
Costumes anciens et modernes du monde entier
Paris : Firmin Didot frères fils & cie, 1859-1860, 23 cm
Lyon, bibliothèque municipale, SJ AK 341/25


The Greatest mother in the World

Sur cette affiche, nulle femme-objet servant de faire-valoir à un produit commercial à vendre, point de créature fatale entraînant en nouvelle Ève l’homme sur les voies de la perdition, mais au contraire une femme-mère, aimante et secourante : si la vision de la gent féminine est sans doute plus positive, elle n’en demeure pas moins archétypale. Née du crayon d’Alonzo Earl Foringer, cette lithographie de 1918 appelle à la générosité publique pour le financement de la Croix-Rouge américaine, fortement sollicitée par le soin à accorder aux blessés de guerre. Le titre de l’affiche (« La plus grande mère au monde ») et le thème iconographique de la vierge de pitié (pietà) constituent une double évocation mariale faisant de la femme une génitrice doublée d’une dispensatrice de soin. Son corps s’efface derrière la tenue et la coiffe traditionnelles des infirmières, se confondant avec celles des religieuses. Si le tout évoque naturellement l’une des plus célèbres pietà, celle de Michel-Ange, il faut noter l’échelle étonnamment réduite du soldat sur sa civière, accentuant l’identification de ce dernier avec un enfant. C’est le visage d’Agnès Tait (1894 1981), peintre, lithographe et danseuse américaine, qui a servi de modèle à Foringer.

Alonzo Earl FORINGER (1878-1948)
The Greatest mother in the World
New York : Form, 1918
119 x 78 cm
Lyon, bibliothèque municipale, AffM0267


ORLAN, Strip-tease occasionnel à l’aide des draps du trousseau

Dans un strip-tease audacieux, ORLAN parodie les figures féminines, « Vierge » et Vénus, qui caractérisent l’histoire de l’art occidental. Elle remet en cause la construction sociale et religieuse du corps, mettant en jeu la double identité de la sainte et de la putain.

ORLAN, Strip-tease occasionnel à l'aide des draps du trousseau (version 2), 1974-1975, 17 tirages photographiques noir et blanc, 60 x 44 cm, Villeurbanne, Institut d'Art Contemporain {JPEG}

ORLAN
Strip-tease occasionnel à l’aide des draps du trousseau (version 2), 1974-1975
17 tirages photographiques noir et blanc, 60 x 44 cm
Collection IAC, Villeurbanne/Rhône-Alpes

site navigart.fr


L’affaire du foulard islamique à l’école en 1989

Le 18 septembre 1989, trois élèves du collège Gabriel Havez de Creil sont provisoirement exclues des cours pour avoir refusé d’ôter le foulard islamique qu’elles portaient depuis la rentrée scolaire. L’affaire suscite un vif débat national ; elle divise tout particulièrement la gauche, comme en témoignent les positions
opposées qu’adoptent Danielle Mitterrand, engagée dans la défense des droits humains, et l’avocate et féministe Gisèle Halimi. La première prône la tolérance et accepte le port du voile musulman au nom du respect des différences religieuses
et culturelles. Gisèle Halimi, en revanche, voit dans le voile – elle emploie, dans cette interview, le terme de « tchador » – un « symbole de la soumission et de l’infériorisation de la femme » ; elle est partisane d’une application stricte de la laïcité à l’école d’où doit être banni tout emblème religieux. Le jour précédant cette
intervention, elle avait démissionné de l’association SOS-Racisme qui s’était prononcée contre l’exclusion des trois collégiennes.
« Le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse » fut interdit à l’école publique par la loi du 15 mars 2004.

L’affaire du foulard islamique à l’école en 1989
« Réaction de Danielle Mitterrand », journal télévisé FR3 Auvergne, FR3, 20 octobre 1989, 36 s.
« Invitée plateau : Gisèle Halimi », journal télévisé Soir 3, FR3, 2 novembre 1989, 3 mn 45 s.
Paris, Institut national de l’audiovisuel

Réaction de Danielle Mitterrand

« Si aujourd’hui deux cents ans après la Révolution, la laïcité ne pouvait accueillir toutes les religions, toutes les expressions en France, c’est qu’il y aurait un recul. Si le voile est l’expression d’une religion, nous devons accepter les traditions quelles qu’elles soient. "

« Réaction de Danielle Mitterrand », journal télévisé FR3 Auvergne, FR3, 20 octobre 1989, 36 s.



Shirin Neshat, Women of Allah

De retour d’un voyage en Iran, après dix d’absence, Shirin Neshat consacre un cycle d’œuvres aux divers aspects philosophiques et idéologiques de la Révolution Islamique. Elle aborde les rapports entre féminité, autorité masculine et Islam et utilise l’iconographie du voile, du texte, des armes et du corps pour suggérer l’idée de répression, de soumission mais aussi de résistance.

Shirin NESHAT, Women of Allah, 1995, Platinotype, rehaussé à l'encre noire, 35,5 x 26,5 cm (hors marge). Villeurbanne, institut d'Art contemporain {JPEG}

Shirin NESHAT
Women of Allah, 1995
Platinotype, rehaussé à l’encre noire, 35,5 x 26,5 cm (hors marge)
Collection IAC, Villeurbanne/Rhône-Alpes

Site navigart.fr