Conditions de vie des femmes
et mobilisations féministes

du 5 octobre au 31 décembre 2021

Dans les bibliothèques de Lyon et les
bibliothèques partenaires de la Métropole

Conditions de vie des femmes
et mobilisations féministes

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Conditions de vie des femmes et mobilisations féministes

du 5 octobre au 31 décembre 2021

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Tentation, perversion et danger

«  Le présent enveloppe le passé et dans le passé toute l’Histoire a été faite par des mâles  »,
Simone de Beauvoir, Le Deuxième sexe (1949)

Le sexe féminin est dangereux. Source à la fois de tentation, de perversion, de tromperie et de luxure, ce corps menaçant doit être contrôlé, enfermé voire châtié. Au cours de l’histoire, les fables, les images, les fictions, les essais, les romans rappellent de manière incessante les faiblesses du sexe féminin et la nécessité de le soumettre. Pandora est fautive tout comme Ève. La première en libérant les maux de l’humanité ; la deuxième en mangeant le fruit défendu, provoquant la perte de l’innocence. Dès lors, le lexique pour définir les femmes est celui du mépris et de la révulsion.
Elles apparaissent bien souvent dans les récits mythologiques, historiques ou dans les exégèses comme des furies, des harpies, des figures cruelles dont il faut se méfier. Elles sont tour à tour orgueilleuses, bavardes, manipulatrices, fragiles, lascives. Et que dire de « l’Autre », fantasmée, exotisée, érotisée, que l’on désire avec abjection ou que l’on réduit à une caricature obscène et grotesque.


Apocalypse, la grande prostituée

Dans le récit biblique de l’Apocalypse, Babylone, la grande prostituée, symbolise la cité du mal dont la débauche et l’idolâtrie entraîneront la chute. Elle apparaît à saint Jean sous les traits d’une femme richement vêtue assise sur une bête dont les sept têtes et les dix cornes, ici couronnées, représentent les rois de la Terre.
Dans cette miniature du milieu du XVe siècle, l’attitude de la grande prostituée est particulièrement expressive. Les mouvements désordonnés de ses bras dénotent l’ivresse. Sa longue chevelure déployée ¬– attribut de la femme déviante dans la pensée chrétienne du Moyen Âge – constitue un autre signe de dépravation.

Apocalypse figurée
Apocalypse figurée
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Apocalypse en images
France du nord (Arras ou Cambrai), vers 1450
Manuscrit sur parchemin enluminé par le maître du Missel de Paul Beye
F. 21 : la grande prostituée
Bibliothèque municipale de Lyon, Ms 439


La tentation d’Eve

Sur le point de commettre le péché originel, Eve, debout et nue, tient dans sa main droite la pomme qu’elle n’a pas encore croquée. Face à elle se dresse un dragon ailé au buste de femme pourvu de cornes. Motif en vogue dès le XIIIe siècle, cet être hybride incarne le serpent tentateur. Pourvue de toutes les caractéristiques du beau médiéval occidental : peau claire, longue chevelure blonde, pommettes et lèvres rosées, poitrine menue, bassin large, la mère de toutes les femmes trouve - à quelques détails près - son reflet dans la figure satanique. Le corps nu féminin - acceptable dans une scène biblique - est donc montré ici dans toute son ambivalence alors même que l’absence d’Adam met en exergue la culpabilité d’Eve dans la transgression de l’interdiction divine. De sa main gauche, elle vient pudiquement cacher son pubis évoquant ainsi - par anticipation - la honte que la consommation du fruit de la connaissance du bien et du mal va faire porter sur toute l’humanité. En cette toute fin du XVe siècle, on peut également interpréter la représentation de ce geste comme une volonté d’autocensure de la part de l’enlumineur.

Bible historiée (volume 1)
Bible historiée (volume 1)
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Pierre LE MANGEUR(1100 ?-1179 ?) ; trad. Guyart des Moulins (1251-13..), Jean De RELY (1430 ?-1499)
Bible historiée
Paris, Antoine Vérard, circa 1498
Folio 8 recto : la tentation d’Eve
Bibliothèque municipale de Lyon, Rés Inc 57


Décret de Gratien

Chevauchant un phallus animalisé par sa fourrure et ses yeux, une femme nue aux cheveux lâchés et au front bas semble naviguer dans la marge de cette copie du décret de Gratien commenté par Barthélémy de Brescia. Sa monture, tel un monstre imaginaire, est représentée dans des tons de vert, couleur considérée comme maléfique au Moyen Âge. Cette figure serait une évocation du caractère transgressif de la femme dès lors qu’elle domine l’homme. La trace d’une censure - ou a minima d’un repeint - au niveau de son pubis conforte cette idée. La représentation au ton leste exprime un renversement des valeurs à l’opposé du contenu aride du manuscrit juridique. Le décret vise à mettre en ordre le droit et à en faire concorder ses différentes composantes pour favoriser son enseignement. Il énonce de nombreux cas dont certains ont trait au mariage. Même si le lien entre cette enluminure marginale et le texte dans lequel elle s’insère n’est pas direct, on sait qu’au Moyen Âge les théologiens et canonistes proscrivent la position sexuelle dominante de la femme, considérée comme peu favorable à un coït reproductif. Au XIVe siècle - époque de production du manuscrit - plusieurs traités réitèrent l’interdit de l’equus eroticus ou cheval érotique ; l’emploi de cette figure est donc significatif. Il est possible de voir là les prémisses du motif iconographique de la sorcière sur son balai.

Décret de Gratien [avec le commentaire de Barthélémy de Brescia]
Décret de Gratien [avec le commentaire de Barthélémy de(...)
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GRATIEN (11..?-1160 ?), commentaire de Barthélemy de Brescia (1174 ?-1258)
Décret
Bologne, Avignon, circa 1350
Folio 100 recto : femme nue chevauchant un monstre phalloïde
Bibliothèque municipale de Lyon, Ms 5128


Le fantôme de Salomé

Héritière de la femme fatale chère aux Symbolistes, la Salomé de Marcel Roux exprime une fascination où peur et désir se mêlent à parts égales. Ainsi réduite à un corps nu tronqué brandissant la tête décapitée de saint Jean-Baptiste, elle évoque davantage la mante religieuse que la figure biblique.

Marcel ROUX (1878-1922), Le fantôme de Salomé, {JPEG}

Marcel ROUX (1878-1922)
Le fantôme de Salomé
Paris : À la Sirène, 1918
Suite de douze planches gravées sur bois ; 205 x 145 mm[RB1]
Lyon, bibliothèque municipale, Rés Est A 508437


Scène de harem

Cette scène de harem a été choisie pour illustrer l’Asie au sein d’une suite représentant les différents continents. Elle révèle l’érotisation des corps lointains dans le regard occidental et le fantasme d’une sexualité différente, opulente,
caractéristiques de l’orientalisme au 19e siècle.

Asie, Paris : chez Codoni aîné, [18..], Gravure à l'eau-forte et au pointillé, coloriée ; 253 x 330 mm, Lyon, bibliothèque municipale, Res Est 30362, planche 43 {JPEG}

Asie
Paris : chez Codoni aîné, [18..]
Gravure à l’eau-forte et au pointillé, coloriée ; 253 x 330 mm
Lyon, bibliothèque municipale, Rés Est 30362


Pipilotti Rist, Sexy, Sad, I

Sur une musique Sexy Sadie composée par John Lennon et qui donne le titre à l’œuvre, Pipilotti Rist joue avec les codes des clips traditionnels et détourne l’image de l’habituelle « sexy girl » pour la remplacer par un homme nu dans un bois qui se déhanche face à la caméra.

Pipilotti RIST
Sexy, Sad, I, 1987
Vidéo, durée 7‘
Collection IAC, Villeurbanne/Rhône Alpes

Site navigart.fr ; elles@centrepompidou ina.fr


Kiki Smith, Realms

Dans une perspective féministe, Kiki Smith revisite avec poésie les contes et les mythes pour interroger le corps et sa relation avec la nature et le cosmos. Dans cette reprise du Petit Chaperon rouge où se rencontrent le corps d’une femme et celui d’un loup, l’innocence et la violence s’entremêlent.

Kiki SMITH, Realms : March 14 - April 27, 2002, leporello à 10 pans, 12,8 x 9 cm. Lyon, bibliothèque municipale. {JPEG}

Kiki SMITH
Realms : March 14 - April 27, 2002
Leporello à 10 pans ; 12,8 x 9 cm
Lyon, bibliothèque municipale, Rés K 177871