Inspirantes
Gisèle Halimi (1927-)
Avocate et militante féministe, Gisèle Halimi s’est illustrée durant le "procès de Bobigny" (1972), décisif dans la dépénalisation de l’IVG (loi Veil 1975). Elle a, durant ce procès, défendu cinq femmes. L’une était accusée d’avoir avorté après un viol, les quatres autres d’avoir été complices ou d’avoir pratiqué l’avortement.
Sigrid Rüger (1935 ou 1939 -1995)
Féministe allemande, elle lance des tomates sur un leader étudiant socialiste pour protester contre le peu d’attention accordé à un discours en faveur de l’égalité homme-femme dans la vie privée en 1968. Ce geste très médiatisé est jugé fondateur pour le féminisme en Europe.
“Guêpes de Fessenheim”
En 1970, trois femmes, Esther Peter-Davis, Françoise Bucher et Annick Albrecht alertent sur l’enjeu de santé publique que représente l’installation d’une centrale nucléaire à Fessenheim (Alsace) via des conférences, des interviews et en produisant une brochure intitulée « Fessenheim : vie ou mort de l’Alsace ». La dimension féministe réside dans la détermination de ces femmes à se mobiliser, alors même qu’en 1970, il n’était pas évident pour une femme de s’exprimer publiquement sans être victime de commentaires misogynes ou sexistes. Esther Peter Davis affirme elle-même : “ Je ne sais pas ce qui ennuyait le plus les pro-nucléaires : les informations que je révélais ou le fait que c’était une femme qui le faisait.”
Angela Davis (1944-)
Professeure de philosophie, militante communiste et du mouvement des droits civiques aux Etats-Unis mais également figure du Black feminism (féminisme afro-américain qui lie ensemble les problématiques du sexisme, du racisme et de l’oppression en fonction de la catégorie sociale). Dans les années 1970 elle fut emprisonnée plus de vingt mois, accusée de complicité dans une prise d’otage qui coûta la vie à un juge californien. Après de nombreuses manifestations en sa faveur, elle est finalement libérée. Elle continue de militer pour les droits des minorités sexuelles (lesbiennes, gays, trans…) mais aussi contre la peine de mort.
Mary Two-Axe Earley (1911-1996)
Mary Two-Axe Earley naît au sein d’une réserve d’une des cinq nations iroquoises au Québec. Après avoir épousé un “non-indien”, en application de l’Indian Act (1876) elle perd tout droit politique et terrien dans la réserve. Elle milite dès le début des années 1960 pour faire changer cette loi qui fait perdre le statut “d’indienne” aux femmes qui épousent un homme non issu de la réserve mais dont la réciproque n’est pas vrai pour les hommes. Ce n’est qu’après 30 ans de combat, en juin 1985, que le gouvernement canadien promulgue la Bill C-31, qui amende l’Indian Act et met un terme à cette discrimination. Quelques semaines après, Mary Two-Axe Earley devient la première femme à récupérer ses droits lors d’une cérémonie.
Françoise d’Eaubonne (1920-2005)
Femme de lettres, elle a milité pour l’indépendance de l’Algérie et l’abolition de la peine de mort. Elle est une des cofondatrices du Mouvement de libération des femmes (MLF) et également du FHAR (Front homosexuel d’action révolutionnaire) dans les années 1970. C’est dans son ouvrage Le féminisme ou la mort (1974) qu’elle théorise le concept d’ “écoféminisme”. L’écoféminisme veut montrer qu’il existe un lien entre l’oppression des femmes et l’accaparement des ressources naturelles, tous deux par les hommes et lie ainsi écologie et féminisme.
Françoise Vergès (1952-)
Politologue française et militante féministe “décoloniale”, elle grandit à l’île de la Réunion. Elle a notamment fréquenté le MLF et s’est investie dans les luttes féministes et anti-racistes aussi bien au niveau global que local. Elle est l’autrice du Ventre des femmes et d’Un féminisme décolonial qui abordent la notion de féminisme décolonial. Ce courant critique le féminisme “universel” (qu’elle renomme “féminisme civilisationnel”) dans lequel peuvent se retrouver des idéologies racistes car exclusivement théorisées par des femmes blanches souvent issues de milieux bourgeois. Par exemple, la France dans les années 70, a fait la promotion de l’avortement et de la contraception à l’île de la Réunion alors même que ces deux pratiques étaient interdites et criminalisées en France. La politologue explique cette politique démographique par une peur de surpeuplement de l’île qui conjugué à l’inculture des femmes réunionnaises, aurait été une menace pour la modernisation.
Meaza Ashenafi (1964-)
Avocate spécialiste du droit des femmes, elle a fondé l’association éthiopienne des femmes juristes (EWLA) qui offre une aide juridique aux femmes victimes de violences aussi bien domestiques que sexuelles, travaille sur des programmes d’éducation publique et de réformes légales. Elle est aussi à l’origine d’une banque dédiée exclusivement aux femmes (Enat) qui vise à les rendre autonomes financièrement. En 2018, elle devient présidente de la Cour suprême éthiopienne. Elle est connue pour avoir défendu à la fin des années 90, une jeune fille de 14 ans, Aberash Bebele, passible d’une peine de 25 ans de prison pour avoir tué l’homme qui l’a enlevé et violé dans le but de l’épouser. Elle plaide la légitime défense, jamais accordée à une femme en Ethiopie et obtient finalement un précédent judiciaire qui rend, à partir de 2004, illégal et passible de quinze ans d’emprisonnement, l’enlèvement de fillettes en vue de leur mariage. Ce combat judiciaire a inspiré à Zeresenay Berhane Mehari un film, Difret, sorti en 2015.
Sarojini Sahoo (1956-)
Écrivaine et féministe indienne, ayant reçu de nombreux prix littéraires en Inde, elle est une figure majeure de la littérature contemporaine de son pays. Elle est considérée comme la “Simone de Beauvoir indienne”. Le corps féminin et plus largement la figure féminine occupent une grande place dans la littérature qu’elle produit. Le corps des femmes en Inde est sans cesse tiraillé entre l’ordre moral et l’émancipation. Bien que n’ayant pas réellement d’identité propre car se soumettant d’abord à l’autorité paternelle puis à celle du mari et de la belle-famille, l”hizzat” (l’honneur, le prestige) de la famille repose sur leurs épaules. Pour Sarojini Sahoo, sexualité et révolte sociale sont donc intimement liées. Elle s’attarde également sur la sensibilité féminine qu’elle décrit, dans ses ouvrages, de la puberté à la ménopause.
Minna Salami (1978-)
Journaliste finlando-nigériane et suédoise de formation, Minna Salami est aujourd’hui écrivaine. Elle est notamment la créatrice d’un blog, MsAfropolitan, de multiples fois récompensé à l’international, qui traite des enjeux féministes d’un point de vue africain. Elle incite à se défaire des préjugés que nous pourrions avoir concernant les femmes africaines. Les médias diffusent, selon elle, exclusivement trois portraits types stéréotypés : “la femme” souffrant, pleurant en lutte face à la pauverté, la famine, la “survivante” qui, bien qu’étant continuellement entourée par de dures conditions de vie, est représentée comme souriant à la vie ou encore l’image d’une femme ayant réussi à s’émanciper après avoir beaucoup bataillé pour survivre. Elle invite à se défaire de ces visions biaisées.
Ellen MacArthur (1976-)
Navigatrice britannique ayant toujours voulu faire de la voile, elle quitte l’école à dix-sept ans pour se consacrer à sa passion. En 1998, elle est la seule femme engagée mais également la plus jeune pour la traversée de l’Atlantique. Elle participe au Vendée Globe 2000-2001 (tour du monde en solitaire avec un bateau à voile) et finit deuxième de la course en 94 jours à seulement 24 ans. En 2005, elle réalise le record du tour du monde à la voile en solitaire en 71 jours 14 heures 18 minutes et 33 secondes ! Aujourd’hui elle s’est reconvertie et a notamment créé la fondation Ellen MacArthur pour favoriser l’économie circulaire, c’est-à-dire éviter les déchets et le gaspillage en faisant en sorte de sortir de la logique “prendre-fabriquer-jeter”.