Exposition-Rencontre
Conférence-Débat
Bibliothèques de Lyon
Du 8 octobre 2015
Au 9 Janvier 2016

À propos de l’expo

Dans l’évidence quotidienne d’un monde que nous finissons par ne plus regarder, l’œuvre d’art introduit un décalage et, ce faisant, déjà un point de vue.
En déjouant la force de l’habitude en proposant des sensations ou des significations nouvelles, la création offre une résistance à l’état du monde. Elle fait une entorse aux rails de la pensée, comme une infraction aux images dominantes. Créer est parfois tout ce dont nous disposons quand le poids du monde ou de la vie enferme les corps et les esprits dans des chemins tout tracés ou des exils circulaires.

L’exposition Créer c’est Résister aborde ainsi des propositions d’artistes ayant pris le parti de s’opposer librement, et en cela de rentrer dans le champ des acteurs de la résistance.

Les pièces présentées sont issues des collections de l’artothèque ainsi que des fonds patrimoniaux de la bibliothèque municipale de Lyon. Cette sélection est enrichie par des œuvres prêtées par des galeries, institutions et artistes, décuplant ainsi les possibilités de dialogue : œuvres d’art brut, installations et volumes entrent ainsi en scène pour offrir de nouvelles perspectives par de nouveaux matériaux et genres, inédits à la bibliothèque.

L’exposition se décline en plusieurs axes :

La première salle aborde des œuvres d’artistes luttant contre une pensée unique, une idéologie imposée. Depuis les vidéos censurées de Mounir Fatmi jusqu’aux comptines de guerre de Robert Filliou, la critique passe souvent par le détournement de l’insupportable pour mieux le dénoncer.

La seconde salle évoque quant à elle les résistances intimes et internes à l’artiste dans son processus de création. Dépasser sa condition et sa finitude, dépasser ses propres ténèbres par l’acte de création permet, comme c’est le cas avec les auteurs d’art brut par exemple, de se sortir de l’enfermement par une expression libre autant que libératrice. Une place particulière est donnée aux artistes travaillant sur la résistance du matériau lui-même, au point que l’œuvre apparait comme le résultat d’un véritable combat entre deux forces d’opposition.

Dans cette exposition, la dimension éminemment politique de l’art (c’est à dire qui concerne notre monde à tous) nous appelle, pour reprendre les mots de Gilles Deleuze, à cultiver cette « affinité fondamentale entre l’œuvre d’art et un peuple qui n’existe pas encore, qui n’est pas, ne sera jamais claire. Il n’y a pas d’œuvre d’art qui ne fasse pas appel à un peuple qui n’existe pas encore. »

Thaïva Ouaki, Commissaire d’exposition