Aux origines du fonds Michel Chomarat : un notable marginal
Retrouvée par les Archives municipales de Lyon il y a quelques années, cette lettre avait été envoyée en 1963 par Michel Chomarat, alors âgé de 13 ans. Elle avait été classée comme « lettre d’un fou ».
Né dans une famille ouvrière lyonnaise, imprégné de la Résistance et du communisme, Michel Chomarat a été typographe avant de travailler dans la communication. Autodidacte, passionné par l’histoire du livre, il a fondé et dirigé plusieurs revues, s’est épanoui dans des collaborations avec des artistes et des écrivains. Défenseur du patrimoine, il s’est également engagé dans la vie politique lyonnaise.
Homosexuel et franc-maçon, meurtri par l’épidémie du Sida, activiste engagé dans de multiples causes, il se distingue par un goût aigu de la confrontation publique, de la provocation, voire de la conflictualité. Tout à la fois notable et marginal, passionné par Pier Paolo Pasolini et Jean Genet, il se plaît à être celui qui secoue les institutions, qui ébranle le consensus.
Indéfectiblement lié à Lyon, il n’a cessé d’interroger l’image qu’a la ville d’elle-même, la perception que partagent ses habitants. Le dépôt de son fonds à la bibliothèque de Lyon, non sans tensions parfois, participe de ce projet : comme il l’écrit en 2001, il s’agit d’interroger « l’histoire officielle de notre ville » qui « a fait l’impasse depuis trop longtemps sur l’importance du rôle de ces communautés qui avaient le tort d’être plus ou moins “en marge”. »
Entretien avec Michel Chomarat
Réalisé par la BmL, 2018
Lors d’un entretien mené par Pierre Guinard, directeur du patrimoine, filmé dans la salle du Fonds ancien de la BmL, Michel Chomarat revient sur son enfance, son parcours, ses convictions et les différentes constellations d’intérêt qui ont conduit à la constitution du fonds tel qu’il est aujourd’hui présent dans les collections anciennes et spécialisées de la bibliothèque.