AIRS DU TEMPS
Édouard Herriot et la vie musicale à Lyon (1905-1957)

Charles Moncharmont (1870-1941)

Charles Moncharmont, de son vrai nom Charles Comte, nait à Lyon en 1870. Il exerce divers métiers (apprenti chez un soyeux, employé de banque) tout en se formant à la scène et chantant dans des chorales lyonnaises. Très vite il se consacre pleinement à sa passion et est engagé au Théâtre de Valence (Drôme) étant tour à tour jeune premier, costumier, chanteur... puis le sera dans d’autres théâtres (Marseille, Le Havre, Bruxelles). En 1897, il réussit à s’assurer l’exclusivité des représentations de la pièce d’Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac. Dès lors il est reconnu dans la profession et devient impresario.

Nommé directeur du Théâtre des Célestins en 1906, par Édouard Herriot, il en partage la direction avec Henry Hertz jusqu’en 1909 puis jusqu’en 1912 avec Émile Édouard Violet. De 1919 à 1927, il dirige aussi le Grand Théâtre. Il crée la Compagnie d’opérettes nouvelles donnant des spectacles dans l’Europe entière.

Après la Première Guerre mondiale, l’opérette moderne fait son apparition et les Lyonnais vont applaudir Phi-Phi (1918), puis Dédé (1922), Ta bouche (1923) et Pas sur la bouche (1926) avec Maguy Warna. Grâce au privilège pour la France des opérettes viennoises acquis par Charles Moncharmont, de nombreuses œuvres venues d’Europe Centrale vont être jouées en France et notamment à Lyon comme La Dernière Valse d’Oscar Straus (1927). Les opérettes classiques telles que Les Cloches de Corneville, Les Mousquetaires au couvent, Le Grand Mogol, La Mascotte, Mam’zelle Nitouche, Les Saltimbanques... font toujours recette.

Il instaure les premiers samedis littéraires avec le concours des grandes vedettes du monde artistique, théâtral et politique ainsi que les matinées classiques du jeudi dès 1908, matinées qui donneront naissance à l’Abonnement classique.

Durant les 35 ans de direction, Moncharmont a monté plus de 400 pièces, parfois avant Paris pour près d’une cinquantaine, mêlant le théâtre classique joué par des artistes parisiens invités, la comédie, le vaudeville, l’opérette… le Théâtre des Célestins a accueilli des grands noms de la scène : Maurice de Feraudy, doyen de la Comédie-Française, Max Dearly, Jean Sarment, Cécile Sorel, Jules Berry, Ludmilla et Georges Pitoëff, Huguette Duflas, Maurice Escande, Louis Jouvet, Charles Dullin, Elvire Popesco, Sacha Guitry, Madeleine Renaud, Pierre Dux, Lucien Rosenberg, Hélène Perdrière, Germaine Dermoz, Roger Gaillard, Jean Weber, Fernandel et combien encore, sans omettre les gloires du music-hall : Raquel Meller, chantant La Violetera en 1928, Joséphine Baker en 1931, Marie Dubas, Mistinguett, Maurice Chevalier, Lucienne Boyer, Lys Gauty, Georgel, Alibert...

Dirigeant le Théâtre des Célestins jusqu’à sa mort en 1941, il en a fait le premier théâtre de province. Sa direction marque une rupture avec l’image populaire qu’avait le théâtre des Célestins durant la deuxième moitié du XIXe siècle. C’est un théâtre de divertissement dont le registre est axé sur le vaudeville, le mélodrame, les pièces à spectacles, les opérettes et les revues de fantaisies comme la plupart des théâtres en France au début du XXe siècle. En janvier 1937, il est nommé au grade d’officier de la Légion d’honneur.