Louis Poulin (1890-1966)
En 1996, à l’occasion d’enchères publiques à l’hôtel des ventes des Brotteaux, la Bibliothèque de Lyon enrichissait ses collections d’un important fonds de photographies illustrant vingt-cinq ans de spectacles au Grand-Théâtre. Un ensemble unique de documents dont on ne connait pas d’équivalent.
L’auteur de ces clichés s’appelle Louis Poulin. Or, malgré les quelques papiers personnels qu’il a laissés, sa biographie reste très lacunaire et par bien des aspects il demeure un inconnu. Le photographe a également omis de nous laisser son portrait. Les seuls images que nous ayons de Louis Poulin sont donc celle des spectacles qu’il a méthodiquement photographiés.
Né le 7 décembre 1890 à Lyon, Louis Poulin est ingénieur diplômé des arts et manufactures de l’Ecole centrale lorsqu’il prend la direction de la succursale lyonnaise de la société Fenwick Frères & Compagnie.
Sa position sociale comme ses goûts musicaux l’amènent à fréquenter dans l’entre-deux-guerres la scène lyrique lyonnaise où, pendant plusieurs décennies et certainement en accord avec les directions successives, il va fixer sur la pellicule les principales représentations du Grand-Théâtre.
Peu de renseignements sont parvenus jusqu’à nous sur les véritables motivations de cet industriel-mélomane, fou d’opéra et amateur de photographie qui s’est peu à peu constitué une documentation personnelle de tout premier ordre.
Ce fidèle spectateur, semble aussi avoir été agent de chanteurs lyonnais de 1933 à 1948 ce qui expliquerait sa présence aux répétitions générales et son très bon emplacement dans la salle.
Louis Poulin meurt le 28 avril 1966 à Maxilly-sur-Léman (Haute-Savoie). Il est inhumé à Villeurbanne.
Le Fonds Louis Poulin
Le fonds Louis Poulin se compose à la fois des documents personnels de Louis Poulin, d’albums photos constitués de sa main, de diapositives de verre et surtout, en majorité, de clichés en noir et blanc (environ 8000 photographies).
Commencé lors de la saison de 1933-1934, ce travail ne s’achève qu’en 1959. Louis Poulin rassemble plusieurs milliers de clichés - d’une qualité souvent inégale -, tant sur support papier que sous la forme de négatifs ou de diapositives. Notons que Louis Poulin ne réalisait pas ses tirages et faisait appel à un photographe : M. Lebey.
Pourquoi un tel corpus de photographie ? Elles semblent à l’évidence documentaire. Ses clichés sont toujours pris depuis la même place et cadrés à l’identique. Il n’y a pas de sélections à l’intérieur des pièces, Louis Poulin photographie chaque scène pour donner à voir les spectacles dans leur globalité.
Parmi les papiers personnels de Louis Poulin se trouve le carnet de Gustave-Marie-Joseph Vuillermoz, amateur d’opéra lyonnais, archiviste de l’Harmonie Gauloise, et auteur de l’ouvrage Cent ans d’opéra de Lyon : le centenaire du Grand-Théâtre de Lyon : 1831 – 1931. Ce carnet décrit chaque saison sur deux pages et mentionne les noms du directeur, régisseur, chef d’orchestre etc., ainsi que les créations réalisées pendant la saison. Il fait partie de la documentation utilisée par Gustave Vuillermoz pour la rédaction de son ouvrage.
Poulin commence son « inventaire photographique » en 1933. S’agirait-il d’une continuation en image du travail de Vuillermoz dont il est la suite presque parfaite ?
Quand Louis Poulin meurt le 28 avril 1966 à Maxilly-sur-Léman (Haute-Savoie), sa veuve conserve le précieux héritage et peut-être ce mystère. La collection passe ensuite entre les mains d’un neveu, Michel Montbarbon, libraire à Toulouse, qui se décide à vendre l’ensemble en 1996.
Aujourd’hui conservé à la Bibliothèque municipale de Lyon, on pourra y reconnaitre avec émotion la cantatrice Ninon Vallin chantant Carmen, le ténor Georges Thill ou le chef d’orchestre André Cluytens, la danseuse Lucette Makarchine qui ne semblait pas laisser insensible Louis Poulin.
Ce fonds constitue surtout une source unique de documents sur les mises en scènes et les décors de l’époque : des toiles peintes, reprises d’une saison sur l’autre - dont certaines dataient, dit-on, de la fin du XIXe siècle -, avec ses danseuses dodues évoluant dans des costumes pittoresques que l’on n’oserait plus montrer de nos jours.
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Boris Godounov, Grand-Théâtre, 1933, Fonds Poulin, BML.
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LaBelle Hélène, Grand-Théâtre, 1942, Fonds Poulin, BML.
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La Chauve Souris, Grand-Théâtre, 1942, Fonds Poulin, BML.
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La Walkyrie, Grand-Théâtre, 1934, Fonds Poulin, BML.
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Les Huguenots, Grand-Théâtre, 1935, Fonds Poulin, BML.
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Roméo et Juliette, Grand-Théâtre, 1934, Fonds Poulin, BML.
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Samson et Dalila, Grand-Théâtre, 1934, Fonds Poulin, BML.
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Sigurd, Grand-Théâtre, 1935, Fonds Poulin, BML.