La Sauvagère
Adresse
Millery, au bout de la rue Ninon Vallin
Date et histoire du lieu
La résidence La Sauvagère date du 16ème siècle. En 1571 elle appartient à la famille Villars, qui a fourni à Vienne plusieurs archevêques. Après cette famille, ce sont les Sève, seigneurs de Charly, qui possédent la Sauvagère dès 1652. Pierre de Sève était conseiller du roi. Ses fils en héritent tour à tour. Au cours du XVIIe siècle, la famille Lacour acquiert la Sauvagère, puis la cède à M. Bourcier, un négociant de Lyon. Ce personnage est maire de Millery de 1832 à 1837. Il apporte de magnifiques embellissements à la Sauvagère, notamment un parc rempli d’animaux exotiques. Le propriétaire suivant est Louis-Claude Deville, dès 1845. Il est également maire de Millery, de 1853 à 1870. Il vend la Sauvagère en 1878 à un dénommé Balas. Il est probable que celui-ci et sa famille soient les derniers propriétaires, avant que Ninon Vallin ne l’achète en 1926. Nous ne pouvons l’affirmer faute de documentation.
Ninon Vallin, alors en Amérique du Sud, fait l’acquisition par l’intermédiaire de son frère Hector de cette propriété afin d’y loger sa mère, et elle en fait son propre lieu de repos entre deux tournées.
La 5 août 1951, « la Ninon » comme l’appellent les Millerots, inaugure dans un coin pentu du parc de la Sauvagère un théâtre de verdure. Jusqu’en 1957, date à laquelle elle met un terme à sa carrière, elle y donne chaque été un concert lyrique. Les habitants enthousiastes aidaient eux-mêmes à bâtir les gradins et assistent à des spectacles d’une rare qualité. L’entrée est payante mais la recette reversée à la paroisse et à l’école du village.
Il est à noter que cette diffusion de l’art lyrique hors des sentiers feutrés des grandes salles de spectacle va de pair avec une école de chant montée à la Sauvagère par Ninon Vallin. Plusieurs mois par an, des élèves viennent du monde entier suivre son enseignement. Entre 1947 et 1956, Ninon reçoit jusqu’à 40 étudiantes et étudiants chanteurs. Son frère Hector et sa belle-sœur Elise s’occupent des repas et des dortoirs. Tout cela est financé par Ninon.
Ninon Vallin vend la Sauvagère en 1959 pour s’installer à Sainte-Foy-lès-Lyon.
Capacité approximative
Selon le biographe de Ninon Vallin Robert de Fragny, les spectateurs : « étaient si nombreux qu’il fallait souvent les limiter ».
Un autre de ses biographes, Patrick Barruel-Brussin, affirme qu’un millier de personnes viennent pour la kermesse qui a lieu au même moment à la Sauvagère. On peut largement présumer qu’ils restent pour les concerts. D’ailleurs, dans Millery en Lyonnais on peut lire que « des milliers de mélomanes vont accourir sous les grands arbres du parc pour d’inoubliables concerts. »
Genres musicaux représentés dans ce lieu
Malgré l’aspect populaire lié à la kermesse qui précède les concerts, c’est la grande musique chère à Ninon Vallin qui est jouée et chantée à la Sauvagère. La part belle étant faite au chant lyrique et aux airs d’opéra.
Toujours d’après Robert de Fragny : « On a pu applaudir ainsi, sous les étoiles, Orphée, Véronique, des fragments de Manon, tous les ouvrages montés, mis en scène par Ninon avec le concours d’artistes de premier plan et d’artistes bénévoles. »
Personnalités liées à ce lieu
Haut lieu du chant lyrique par l’attraction de la personnalité de Ninon Vallin, des artistes musicaux parmi les plus illustres de l’époque fréquentent la Sauvagère.
Parmi les chanteurs, citons Jean Lumière, parmi les compositeurs Reynaldo Hahn, Vincent d’Indy, Francis Poulenc, Darius Milhaud, parmi les grands chefs d’orchestre Paul Paray, André Cluytens, Ernest Ansermet…
Et parmi les pensionnaires de l’école de chant, certains sont devenus des chanteurs très connus. Citons Luis Mariano, Georges Guétary, Willy Clément...
Le rayonnement de la maîtresse des lieux étant international, beaucoup d’artistes s’attablent à la Sauvagère. En sus des concerts, c’est un lieu de sociabilité pour les artistes de l’époque.
Quel rapport avec Edouard Herriot ?
On sait qu’Edouard Herriot voit Ninon Vallin dans La damnation de Faust à La Côte-Saint-André, où il donne lui-même une conférence sur Berlioz. D’après Patrick-Barruel-Brussin, il a devant la performance de Ninon : « les yeux embués de larmes ».
Toutefois rien n’indique un passage d’Herriot à la Sauvagère, même s’il doit connaître l’endroit de réputation.
Comment a fonctionné ce lieu pendant la Seconde Guerre Mondiale ?
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Ninon Vallin ne se produit qu’à Lyon, séjournant donc à la Sauvagère.
A cette période, elle y cache le grand chef Paul Paray et sa compagne Yolande qui était juive. Elle y dissimule aussi la collection musicale du pianiste juif François Lang, qui meurt à Auschwitz en janvier 1944.
Rédigé à partir des ouvrages...
Joseph Pourrat, Essai historique sur le village de Millery et la Baronnie de Montagny
Millery en Lyonnais
Patrick Barruel-Brussin, Ninon Vallin
Robert de Fragny, Ninon Vallin, princesse du chant
Et grâce au travail de l’association Patrimoine et traditions, Millery.