AIRS DU TEMPS
Édouard Herriot et la vie musicale à Lyon (1905-1957)

La Bourse du travail

Fresque Bourse du travail, BML

Adresse

205 Place Guichard, 69003 Lyon

Dates

Fondée en 1891 dans le 6e arrondissement (cours Morand), puis transférée dès 1934 au 205 place Guichard.

Capacité / impact

Outre le secrétariat, la bibliothèque, la salle de consultations juridiques, la salle des archives, 55 salles de permanence, 5 de réunion pouvant aller jusqu’à 112 places, 2 pour le congrès de 300 et 350 places. La salle principale Albert Thomas, qui accueille les spectacles, avait une contenance de 2350 spectateurs.

Genres musicaux représentés dans ce lieu

Musique populaire et engagée que prisaient les ouvriers.

Personnalités liées au lieu

Ce sont principalement les maires de Lyon : Antoine Gailleton, qui la crée, Victor Augagneur, qui supprime les subventions municipales, Edouard Herriot, qui rouvre la Bourse en 1906 et lui offre le bâtiment actuel en 1934, et Louis Pradel, qui, malgré des réticences personnelles, élargit le rôle purement festif de la Bourse du Travail.

Quel rapport avec Edouard Herriot

Edouard Herriot choisit l’architecte Charles Meysson le 11 février 1929 et convient du nouvel emplacement de la Bourse du Travail, qui voit le jour 5 ans plus tard. Il répond ainsi au développement de l’action syndicale qui nécessite de plus grands locaux. Il est présent sur la célèbre fresque de la Bourse du travail, avec son éternelle pipe.

Histoire du lieu

A la fin du XIXe siècle, la Fédération des Bourses du Travail installe dans les principales villes du pays des bourses du travail, dont la mission est d’organiser la solidarité ouvrière, avec des services de placement, de documentation et la possibilité de tenir des réunions. L’ancien Théâtre des Variétés, initialement mis à disposition par Antoine Gailleton, s’avére vite trop petit. En 1929, le projet de l’architecte Charles Meysson est préféré par la municipalité Herriot à celui de Tony Garnier, trop coûteux.

L’actuelle salle de la Bourse du Travail est terminée en 1934 et mise à la disposition des syndicats. L’inauguration n’intervient toutefois qu’en 1935. Edouard Herriot s’oppose à ce que pour l’évènement retentisse l’Internationale. L’ambiance sera décrite par les journaux comme populaire et revendicative, ce qui définit assez bien la Bourse du Travail avant qu’elle ne devienne une salle de spectacle à part entière.

L’histoire de la CGT à Lyon est très liée à celle de la Bourse du Travail. D’importants congrès s’y tiennent, comme celui du Bâtiment et de la Métallurgie en juillet 1938. 15 000 militants saturent les locaux et protestent notamment contre la dénonciation des conventions collectives par les chambres patronales.

Mais la colère laisse souvent la place à la forme plus apaisée de la camaraderie et de la culture ouvrière. Nombreuses en effet sont les fêtes à la Bourse du travail.
La plus importante est la fête annuelle, organisée par l’administration. Un orchestre syndiqué et les choristes du Grand-Théâtrey jouent. Toute organisation syndicale adhérant à la Bourse peut organiser son évènement festif. La recette sert souvent à alimenter les caisses de grève. Les billets sont vendus à l’avance mais les ouvriers assurent une billetterie sur place. Il n’est pas rare qu’ils organisent le transport des artistes, lesquels partagent un vin d’honneur avec les militants de service. Une buvette propose des rafraîchissements dits « hygiéniques », c’est-à-dire des boissons sans alcool mais aussi du vin et de la bière.

Ces fêtes généralement tenues le dimanche après-midi se structurent autour d’un concert avec bal, puis d’une tombola. Ou bien d’une représentation théâtrale (à caractère social) suivie d’une conférence, puis d’une tombola et d’un concert. Ou encore une soirée où s’articulent concert, conférence et théâtre.

Le 7 novembre 1966, par décision du Conseil municipal, les organisateurs de spectacles extérieurs au monde ouvrier vont pouvoir disposer de la salle Albert Thomas. Des spectacles non engagés vont donc pouvoir s’y tenir. La Bourse du travail devient peu à peu celle que les Lyonnais connaissent aujourd’hui.

Comment a fonctionné ce lieu pendant la Seconde Guerre mondiale (éventuellement la Première) ?

Pendant la Première Guerre mondiale : la Bourse est fermée.
Pendant la Seconde Guerre mondiale : l’endroit perd son âme sous le joug des nazis. Une exposition contre le bolchévisme y est organisée par Abel Bonnard, collaborateur notoire. Jacques Doriot cherche à enrôler dans la Légion des volontaires français contre le bolchévisme.

Source : David Rappe. La Bourse du travail de Lyon : une structure ouvrière entre services sociaux et révolution sociale