Musique au grand air
A la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, Lyon n’échappe pas à la mode nationale des kiosques à musique sur ses places : place Bellecour, place Morand (place du Maréchal-Lyautey), place de Monplaisir (place Ambroise-Courtois).
L’apparition des kiosques à musique permet aux sociétés musicales de se produire en public et en plein air. Même si la plupart des concerts donnés sont gratuits, ce qui permet à beaucoup de Lyonnais de venir écouter de la musique, ce n’est pas toujours le cas. Notamment à Bellecour, où lors de certains concerts, plus on se rapproche du kiosque, meilleure est l’écoute et plus les places sont chères.
Le premier kiosque à musique à voir le jour est celui de la place Bellecour, sous l’impulsion de M. Mangin, qui dirige les concerts du Conservatoire. Il est construit en 1876 par la Maison André Fleury, de Paris.
La Ville en devient propriétaire après 5 ans d’exploitation, en 1881, et Alexandre Luigini, chef d’orchestre au Grand-Théâtre, en obtient la concession pour trois ans,pendant lesquels il organise des concerts de musique lyrique et symphonique tous les soirs de la belle saison et les dimanches. Le but de ces Concerts Bellecour est « l’éducation des foules par les moyens de propagande les plus démocratiques », c’est aussi « la lutte contre les auditions malsaines ou antiartistiques », comme on peut le lire sur les programmes.
Hormis les Concerts Bellecour, de très nombreuses sociétés musicales comme la Société Chorale Lugdunum, se produisent dans ce kiosque. Mais au sortir de la Seconde Guerre mondiale, en 1945, l’activité du kiosque décline et il abritera le marché aux timbres du dimanche matin avant sa démolition en mai 1972.
Dans le quartier de Monplaisir, au début du XXe siècle, les sociétés musicales locales se plaignent de devoir jouer sur les places publiques, à même le sol. Le président de la Lyre de Monplaisir va, au nom de toutes ces sociétés, demander à la Municipalité la construction d’un kiosque à musique, appuyé par la famille Lumière et par une somme de 1000 francs obtenue grâce à une collecte.
L’autorisation est donnée et le kiosque est construit au cours de l’année 1912, en face de la rue Saint-Victor (actuelle rue du Premier Film). Il sera détruit en 1958. Mais dans un élan de nostalgie et profitant du réaménagement de la place Ambroise-Courtois, la municipalité en a érigé un nouveau en 1987, inauguré en mars 1988.
Source : René Matillat, Au temps des kiosques à musique,