À propos de l’exposition

En 1865, François Barillot, poète, chansonnier et imprimeur, édite à Lyon le premier Journal de Guignol. Le succès est rapidement au rendez-vous ; il faudra moins de dix numéros pour trouver un public. Les auteurs et l’imprimeur du journal, Jacques-Eugène Barbier-Labaume, dit le « papa qu’Embaume », se heurtent cependant à plusieurs procès pour diffamation puis à la dure loi de la censure. En décembre 1866, sur arrêt de la Cour impériale, la parution est suspendue, puis interdite. Qu’importe, ce premier Journal de Guignol est fondateur à plus d’un titre : parce qu’il a été un pionnier du genre satirique à Lyon, parce qu’il a su mettre en scène un personnage typique et immédiatement populaire, mais aussi parce que les querelles internes ont essaimé en dehors de ses rangs l’esprit de Guignol.

La presse satirique est alors en pleine expansion. Le XIXe siècle, en plusieurs temps : au début de la monarchie de Juillet puis dans sa seconde moitié, est considéré comme l’âge d’or de la presse illustrée bien souvent satirique dont on peut juger de la verve et souvent de la violence. Elle a profité de l’expansion générale de la presse due à une modernisation des moyens techniques (imprimerie) qui permet d’accroître les volumes tirés tout en réduisant les coûts de production, d’un accès plus aisé à l’écrit, et entre bâton et retour de bâton, de quelques moments de libéralité où la parole se relâche et perd l’habitude de se réfréner. La presse satirique profite aussi de la situation politique instable des années 1860-1900, fragile, mouvante et clivée, entre empire, tentations monarchiques, velléités républicaines… et ce jusqu’à l’affermissement de la IIIe République, qui est propice à la satire, aux joutes verbales, aux débats d’idées. La satire est une littérature de crise, soit un moment où l’opinion au singulier ou au pluriel se désolidarise des voies et voix bienséantes.

Guignol symbolise à Lyon cette parole affranchie, impertinente parfois inconvenante. Il est celui qui rosse les tenants de l’ordre et fait entendre sa vérité et le bon sens populaire. En ces mois post-7 janvier, où les initiatives en faveur de la liberté d’expression sont nombreuses, nous souhaitons vous inviter à un parcours retraçant plus d’un siècle (1865-1978) de presse satirique autour du personnage de Guignol, et témoigner ainsi de l’abondance et de la diversité des journaux satiriques lyonnais, dont Guignol n’est qu’un pan, comme de leur volonté affirmée d’indépendance et de liberté. Mais aussi, et plus largement, questionner le genre satirique sur son rôle dans la société, ses cibles préférées, et son évolution – fond et forme – au cours des deux derniers siècles…

La Documentation régionale s’associe avec le Théâtre Le Guignol de Lyon-Compagnie des Zonzons pour une exposition concertée, à partir du 12 mai à la Galerie La Bombarde (Lyon Ve), et du 20 juillet 2015 à la Bibliothèque municipale de Lyon Part-Dieu.

Commissaire de l’exposition
David Cizeron, Documentation régionale

Remerciements

Au Théâtre Guignol de Lyon - Collectif Zonzons et plus particulièrement à Stéphanie Lefort et Jérémy Breillet

Aux prêteurs de Lyon et du Rhône : les Musées Gadagne, les Archives départementales du Rhône, le Musée des marionnettes du monde de Brindas, le Collectif Zonzons

Aux équipes de la bibliothèque municipale : au service action culturelle, particulièrement à Sylvie Bouteille, Bruno Desmurs, Fabrice Gendron, Fabienne Guinet, Jean-Pierre Maison, Adrien Napolitano, Laurent Tironi, au fonds ancien, à la Documentation régionale, particulièrement à Anne Meyer et Philippe Rassaert, au service intérieur, particulièrement à Pascal Ricot.