À propos de l’exposition
La Bibliothèque municipale de Lyon (BmL) et la Bibliothèque universitaire de Leipzig (UBL) présentent en parallèle deux expositions consacrées à la mise en page des premiers livres imprimés.
À Lyon : Impressions premières. La page en révolution de Gutenberg à 1530 (du 30 septembre 2016 au 21 janvier 2017) ; à Leipzig : Les arts du texte. La révolution du livre autour de 1500 (du 7 octobre 2016 au 29 janvier 2017).
Nouvelle concrétisation du partenariat culturel qui unit les deux villes, ce projet entre en résonance avec leur riche histoire dans le domaine du livre. À Lyon, le premier atelier typographique apparaît en 1473 à l’initiative de Barthélemy Buyer, un riche négociant qui fait venir de Liège l’imprimeur Guillaume Le Roy. En 1480 ou 1481, Markus Brandis met en service la première presse leipzigoise qui lui sert d’abord à imprimer des feuilles volantes. Le livre qu’il publie en septembre 1481, consacré à la lutte contre les Turcs, est le plus ancien dont nous ayons conservé la trace. Dans chacune des deux cités, cette nouvelle activité se développe rapidement, favorisée notamment par leur dynamisme commercial, qui permet d’écouler une production croissante. Vers 1500, Leipzig et Lyon comptent parmi les principaux centres européens de l’imprimerie. Les collections patrimoniales de la BmL et de l’UBL sont à la mesure de ce passé prestigieux : leurs fonds anciens ont fourni tous les matériaux nécessaires à la réalisation de ces deux expositions.
En inventant l’imprimerie à caractères mobiles au début des années 1450, Johann Gensfleisch, dit Gutenberg (vers 1394-1468), introduit un nouveau mode de duplication des textes en Europe. Permettant de produire un nombre important d’exemplaires en un temps réduit et pour un coût unitaire bien inférieur à la dépense qu’occasionnait la fabrication d’un manuscrit, l’impression typographique accélère considérablement la diffusion du livre. Son développement a de profondes répercussions sur les plans technique, économique, social, culturel, religieux ou encore esthétique.
L’apparition de l’imprimerie n’a toutefois pas eu un impact immédiat sur la mise en page des textes. Soucieux de répondre aux attentes de leur clientèle, les premiers imprimeurs ont naturellement repris les codes et repères du livre manuscrit, auxquels étaient habitués les lecteurs de l’époque. L’utilisation des caractères typographiques accentue la régularité du texte tant recherchée par les copistes de la fin du Moyen Âge.
Le livre imprimé ne se détache que progressivement du modèle manuscrit pour acquérir ses propres règles de mise en page. D’abord très chargée, la page s’aère peu à peu ; les initiales peintes sont remplacées par des lettrines imprimées ; les caractères gothiques s’effacent devant les lettres romaines et italiques… Ce processus d’autonomisation de l’imprimé, qui demande plusieurs décennies, s’achève vers 1530.
Ces évolutions sont indissociables des grandes mutations culturelles et religieuses qui traversent l’Occident chrétien à la fin du XVe et au début du XVIe siècle : l’humanisme qui accorde une place centrale au savoir et revisite ou redécouvre les œuvres de l’Antiquité ; la Renaissance qui introduit une nouvelle esthétique artistique ; la Réforme protestante qui modifie le rapport et favorise l’accès au texte biblique.
Les 76 documents exposés – des livres imprimés bien sûr mais aussi quelques manuscrits qui offrent d’utiles points de comparaison – révèlent la diversité des ouvrages que les lecteurs de la fin du Moyen Âge et du début des Temps modernes eurent sous leurs yeux : diversité des sujets abordés ; variété des usages ; inégale qualité matérielle, des éditions les plus soignées aux volumes plus ordinaires. Les livres présentés ont été rassemblés en trois catégories qui font appel à des mises en page différenciées : textes narratifs (Récits) ; ouvrages scientifiques et pédagogiques (Savoirs) ; œuvres accompagnées des textes explicatifs et interprétatifs qu’elles ont suscités (Commentaires).
Visant davantage à montrer qu’à démontrer, cette exposition souligne les permanences et les ruptures dans la présentation graphique des textes, durant une période propice aux expérimentations des imprimeurs. Que chacun se sente libre de dévorer avec avidité ou de feuilleter délicatement les pages d’une histoire ancienne sur laquelle la révolution numérique incite à poser un nouveau regard.
Die Stadtbibliothek Lyon (Bibliothèque municipale de Lyon, BmL) und die Universitätsbibliothek Leipzig (UBL) präsentieren gemeinsam zwei Ausstellungen über die Gestaltung der ersten gedruckten Bücher. In Lyon : Erste Drucke. Die Erfindung der Druckseite von Gutenberg bis 1530 (30. September 2016 bis 21. Januar 2017) ; in Leipzig : Textkünste. Die Erfindung der Druckseite um 1500 (7. Oktober 2016 bis 29. Januar 2017).
Mit einer neuen Umsetzung der kulturellen Partnerschaft der beiden Städte spiegelt dieses Projekt die an beiden Orten reiche Geschichte des Buches. Die Druckkunst kommt 1473 in Lyon auf, 1481 in Leipzig. Diese neuartige Tätigkeit entwickelt sich rasch : um 1500 gehören die beiden Städte zu den wichtigsten europäischen Druckerei-Zentren. Die Kulturerbe-Sammlungen der BmL und der UBL bezeugen diese große Vergangenheit : ihre alten Bestände lieferten das für beide Ausstellungen erforderliche Material.
Zu Beginn der 1450er Jahre führt Gutenberg mit der Erfindung des Drucks mit mobilen Lettern (1394-1468) in Europa eine neue Art der Vervielfältigung von Texten ein. Mit der Möglichkeit, eine große Anzahl Exemplare in kürzerer Zeit mit geringeren Kosten herzustellen, beschleunigt der Buchdruck deutlich die Verbreitung des Buches. Seine Entwicklung hat große Auswirkungen auf die technischen, wirtschaftlichen, sozialen, kulturellen, religiösen oder auch ästhetischen Bereiche.
Das Aufkommen der Druckkunst hatte jedoch keine sofortige Auswirkung auf die Gestaltung der Texte. Die ersten Drucker wollten die Erwartungen ihrer Kunden erfüllen und übernahmen selbstverständlich die Kodes und Eigenheiten von Handschriften, so wie die damaligen Leser es gewohnt waren. Das gedruckte Buch hebt sich nur allmählich vom Manuskript ab und erhält seine eigenen Regeln zur Strukturierung der Texte. Die anfangs sehr überladene Seite lockert sich nach und nach auf ; gemalte Anfangsbuchstaben werden durch gedruckte Initialen ersetzt ; gotische Buchstaben weichen der lateinischen Schrift und den Kursivbuchstaben... Dieser Emanziaptionsprozess des Drucks, der mehrere Jahrzehnte dauert, ist gegen 1530 abgeschlossen.
Diese Entwicklungen sind unlösbar mit dem großen kulturellen und religiösen Wandel des christlichen Abendlandes am Ende des 15. und zu Beginn des 16. Jahrhunderts verbunden : der Humanismus räumt dem Wissen einen zentralen Platz ein und interpretiert oder entdeckt die Werke der Antike neu ; die Renaissance führt eine neue künstlerische Ästhetik ein ; die protestantische Reformation ändert das Verhältnis und begünstigt den Zugang zum biblischen Text.
Die 76 ausgestellten Dokumente – gedruckte Bücher natürlich, aber auch einige Handschriften mit nützlichen Vergleichspunkten – wurden in drei Kategorien gesammelt, die unterschiedliche Anordnungen zeigen : erzählende Texte (Erzählungen) ; wissenschaftliche und pädagogische Werke (Wissen) ; Werke mit Erklärungen und Auslegungen (Kommentare).
Da die Ausstellung mehr zeigen als beweisen möchte, betont sie Beständigkeiten und Brüche in der graphischen Präsentation der Texte einer Zeit, die für das Experimentieren der Drucker günstig war. Jeder möge sich frei fühlen, die Seiten einer alten Geschichte gierig zu verschlingen oder gemächlich durchzublättern. Die digitale Revolution liefert die Anregung zu einer neuen Sicht auf diese Zeit.