Impressions premières
La page en révolution de Gutenberg à 1530

Densité et disposition du texte

5. Guillaume de Lorris (vers 1200-vers 1260), Jean de Meung († vers 1304)

Le Romant de la Rose
Lyon : Jean Siber, [vers 1485]
In-folio de 150 feuillets non chiffrés

BML, Rés Inc 1020, f. a3v-a4r

Composé dans la tradition d’Ovide (43 av. J.-C.-17), le Roman de la Rose est une sorte d’« art d’aimer » écrit au XIIIe siècle par Guillaume de Lorris sous la forme d’un songe allégorique. L’œuvre est continuée par Jean de Meung une quarantaine d’années plus tard mais dans un tout autre registre, la quête de l’amour courtois s’effaçant devant des considérations plus charnelles. La disposition du texte sur deux colonnes, les illustrations rythmant le texte, les initiales et les pieds de mouche peints alternativement en rouge et bleu rapprochent fortement la mise en page de cet incunable de celle des nombreux manuscrits médiévaux qui le précèdent.


6. Guillaume de Lorris (vers 1200-vers 1260), Jean de Meung († vers 1304)

Le Rommant de la Rose nouvellement reveu et corrige oultre les precedentes impressions
Édition scientifique par Clément Marot (1496-1544)
Paris : Pierre Vidoue pour Galliot du Pré, [1529]
In-octavo de 403 feuillets chiffrés et un feuillet non chiffré

BML, Rés 389868, f. 4v-5r

Cette édition plus tardive du Roman de la Rose permet de mesurer les évolutions intervenues depuis l’impression des premiers incunables. L’adoption d’un petit format – moins coûteux et plus maniable – a une incidence directe sur la mise en page du texte qui est ici disposé sur une seule colonne. Les caractères romains, appréciés par les humanistes pour leur lisibilité, ont remplacé les caractères gothiques. Influencées par le style de la Renaissance, les illustrations sont moins nombreuses que dans l’édition lyonnaise de 1485 (5).


7. Tite-Live (vers 59-17 av. J.-C.)

Titi Liuii Decades
Édition scientifique par Luca Porro et Johannes Andreae (1417-1475)
Trévise : Giovanni Rosso, 1485
In-folio de 256 feuillets non chiffrés

BML, Rés Inc 289, f. ff2v-ff3r
(début du livre VI de la troisième Décade)

Dans cette édition de l’Histoire romaine – communément appelée Décades au Moyen Age –, la surface dévolue au texte imprimé a été optimisée. Les césures entre les livres constituent les seuls espaces inoccupés avec, dans cet exemplaire, les réserves destinées à recevoir les initiales peintes qui n’ont finalement pas été réalisées. Le texte à longues lignes et les caractères de petite taille, très serrés, renforcent la densité de la page. Par ailleurs, ni titre courant ni foliotation ne facilitent le repérage dans le texte. Nul doute que cette édition était destinée à des latinistes avertis, contrairement aux deux éditions présentées à la suite.


8. Tite-Live (vers 59-17 av. J.-C.)

La tierce décade de Titus Livius
Traduction de Pierre Bersuire († 1362)
Paris : [Jean du Pré I], 1487
In-folio de 256 feuillets

BML, Rés Inc 295, t. 3, f. CXXXIIv-CXXXIIIr
(début du livre VI de la troisième Décade)

Destinée à un public plus large, cette édition partielle de l’Histoire romaine de Tite-Live, réalisée à Paris, diffère très fortement de l’édition latine de Trévise (7). L’accès au texte est facilité par sa traduction en français tout autant que par sa mise en page. La disposition du texte sur deux colonnes, les sauts de page au début de chaque livre, la division en chapitres et la présence d’illustrations sous forme de bois gravés guident aisément le lecteur et donnent à l’ouvrage un aspect plus aéré et plus attrayant. Les titres courants et la foliotation constituent également de précieux repères.


9. Tite-Live (vers 59-17 av. J.-C.)

Deche di Tito Liui vulgare hystoriate
Venise : [Lucantonio I Giunta] pour Bartholomeo Zani, 1511
In-folio de 384 feuillets non chiffrés

BML, 105256, f. ii5v-ii6r
(début du livre VI de la troisième Décade)

La mise en forme de cette édition de Tite-Live en italien présente d’importantes similitudes avec l’édition en français. On y retrouve une disposition du texte sur deux colonnes et la même division des livres en chapitres. Si les illustrations sont plus nombreuses, la page s’avère néanmoins beaucoup plus compacte : aucune césure ne vient signaler le changement de livre ; l’utilisation de caractères typographiques de petite taille et la faiblesse des espacements entre les lignes contribuent à densifier la page.


10. Bosso, Matteo (vers 1427-1502)

Recuperationes Fesulanas…
Préface et postface par Filippo Beroaldo (1453-1505)
Bologne : Plato de’ Benedetti, 1493
In-folio de 184 feuillets non chiffrés

BML, Rés Inc 494, f. E3v-E4r

Ce recueil de lettres et de discours de Matteo Bosso, ecclésiastique et humaniste italien du XVe siècle, observe une mise en page caractéristique des éditions humanistes qui s’adressent à un public lettré. La disposition du texte à longues lignes optimise l’occupation de la page et contribue à la densifier. Les larges interlignes et les grandes marges permettent toutefois au texte de « respirer » et offrent au lecteur la possibilité d’inscrire des annotations. Les manchettes guident la lecture et signalent efficacement les auteurs classiques cités (sur la page de gauche, par exemple : Socrate, Platon et Plaute).


11. Pogge, Le (1380-1459)

Poggii Florentini... Operum...
Gravures sur bois par Urs Graf (vers 1485-vers 1527)
Strasbourg : Johann Schott pour Johann Knobloch, 1513
In-folio de 184 feuillets chiffrés et 2 feuillets non chiffrés

BML, Rés 150100, f. 64v-65r

Cette édition des œuvres complètes de l’humaniste florentin Le Pogge reproduit une mise en page similaire à l’ouvrage précédent. Les deux volumes ont en commun leurs élégants caractères romains, leurs larges marges et leurs manchettes explicatives. En revanche, la densité de la page est ici bien plus forte, l’espacement entre les lignes et entre les caractères étant beaucoup plus réduit. Une belle initiale imprimée illustre le début de la seconde invective contre Francesco Filelfo (1398-1481) avec lequel Le Pogge s’est querellé autour de questions politiques.

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