Ordonner, hiérarchiser
38. Fichet, Guillaume (1433-vers 1480)
Rhetorica
Paris : Martin Crantz, Michael Friburger et Ulrich Gering, [1471]
In-quarto de 191 feuillets non chiffrés
Introducteur de l’humanisme italien en France, Guillaume Fichet est, avec Jean Heynlin (vers 1430-1496), à l’origine de l’installation des premières presses parisiennes (1470). Dans sa Rhétorique, Fichet présente sa matière comme une science. Tous les éléments de la mise en page favorisent la lisibilité et la structuration du texte : les caractères humanistiques, l’impression des termes importants en lettres capitales, la rubrication soignée. Fait rare à l’époque, Guillaume Fichet fait un large usage de la ponctuation et des parenthèses. Ce sont précisément les signes de ponctuation (« punctum », « virgula » …) qu’il présente dans le passage sélectionné.
39. Aulu-Gelle (vers 123-vers 180)
A. Gellii elegantissimi Noctium atticarum liber primus incipit [Nuits attiques]
XVe siècle (Italie)
Manuscrit sur vélin de 219 feuillets
Cet élégant manuscrit italien du XVe siècle, copié sur vélin dans une belle écriture humanistique, renferme les Nuits attiques d’Aulu-Gelle. L’œuvre rassemble des notes de l’auteur couvrant tous les champs du savoir mais principalement la langue latine. Les pages sélectionnées, qui appartiennent au livre X (correspondant au livre XI des éditions critiques modernes), traitent ainsi du sens de l’adjectif elegans, « raffiné » (chapitre 2), de l’emploi de la particule pro (chapitre 3) ou encore de la traduction de la tragédie d’Euripide, Hécube, par Ennius (chapitre 4). La structuration du texte est particulièrement claire : initiales enluminées, titres écrits en rouges et numéros en marge permettent d’identifier rapidement les chapitres. On peut penser que le copiste du texte latin avait laissé des espaces destinés à recevoir les citations grecques : ajoutées dans un second temps, celles-ci n’ont pas comblé tout le blanc qui leur avait été réservé.
Des éléments de décor du manuscrit sont consultables dans Numelyo et dans la Bibliothèque virtuelle des manuscrits médiévaux.
40. Aulu-Gelle (vers 123-vers 180)
Auli Gelii Noctium Atticarum commentarii [Nuits attiques]
Venise : Andrea Paltasichi, 1477
In-folio de 198 feuillets non chiffrés
Cette édition des Nuits attiques d’Aulu-Gelle présente une mise en page très proche du manuscrit précédent (39) mais plus sobre. Imprimés en noir, comme le reste du texte, les titres des chapitres sont mis en valeur par un retrait de première ligne. Leurs numéros figurent dans le corps du texte, à la suite des titres, séparés d’eux par un espace plus ou moins long. Les passages en grec sont mis ici à la portée des non hellénistes grâce à leur traduction en latin, qui est annoncée par l’expression « id est » (« c’est-à-dire »).
41. Avicenne (980-1037)
Canonis libri V Avicennae, in latinum translati a Gerardo Cremonensi. Ejusdem libellus de Viribus cordis, translatus ab Arnaldo de Villanova [Canon de médecine]
Traduction par Gérard de Crémone (1114-1187) et Arnaud de Villeneuve (vers 1240-1311), édition scientifique par Petrus Rochabonella
Padoue : [Johann Herbort], 1479
In-folio de 434 feuillets non chiffrés
Le philosophe et médecin arabe Avicenne rassembla, dans son Canon, les connaissances médicales de son temps. Traduite en latin au XIIe siècle, l’œuvre rencontra un grand succès en Europe et fut utilisée dans les universités jusqu’à sa remise en cause par les savants de la Renaissance. La double page exposée appartient au traité consacré aux dents.
Au sein d’un texte compact, cohabitent des repères manuscrits et imprimés. Les petites initiales peintes en rouge permettent d’identifier facilement les débuts de chapitre tandis que des pieds de mouche imprimés introduisent les titres et divisent certaines sections en paragraphes. Si un ancien lecteur a discrètement ajouté les numéros des livres (en haut des pages de droite), les larges marges, que l’on rencontre fréquemment dans les ouvrages d’érudition, n’ont en revanche recueilli aucune annotation manuscrite.
42 & 43. Biel, Gabriel (vers 1418-1495)
Inuentarium generale breue et succinctum contentorum in quattuor collectoriis Gabrielis [Collectorium super quattuor libros Sententiarum]
[Bâle : Jacob von Pfortzen, 1508]
In-folio de 122 et 110 feuillets non chiffrés [les deux exemplaires sont incomplets des 3e et 4e parties]
Le théologien allemand Gabriel Biel rédigea un commentaire sur Les quatre livres des sentences de Pierre Lombard (vers 1095-vers 1160) à partir des leçons qu’il donna à l’université de Tübingen et en s’appuyant sur le commentaire du théologien anglais Guillaume d’Ockham (vers 1285-1347). Dans la première page du Prologue, l’imprimeur a utilisé trois niveaux de police pour hiérarchiser le texte. Les caractères les plus grands mettent en évidence les premiers mots de chaque section et les titres courants tandis qu’un niveau intermédiaire fait ressortir l’intitulé du Prologue. Deux impressions très proches sont ici présentées. Le second exemplaire, qui est passé entre les mains du rubricateur, permet de mesurer son apport à la lisibilité et à la structuration de la page.
44. Biel, Gabriel (vers 1418-1495)
Inuentarium seu Repertorium generale… contentorum in quattuor collectoriis… Gabrielis Byel : super quattuor libros sententiarum [Collectorium super quattuor libros Sententiarum]
Lyon : Jean Clein, 1514
In-folio en 4 parties (104, 94, 100 et 155 feuillets non chiffrés)
Cette autre édition du commentaire aux Sentences de Pierre Lombard par Gabriel Biel offre une mise en page similaire aux impressions précédentes (42 et 43). Sur les pages exposées, le contenu du livre II, qui traite de la Création, est présenté de manière schématique, sous la forme d’une arborescence dont le niveau le plus fin correspond aux « distinctiones ». Ces sections de l’ouvrage, mentionnées le plus souvent à droite de la page, sont ainsi replacées dans un plan général dont l’articulation est mise en évidence par des accolades. Ce signe graphique, qui ne figurait pas dans l’édition de 1508, était rarement employé au début du XVIe siècle.
45. Champier, Symphorien (vers 1472-vers 1539)
Liber de quadruplici vita… Tropheum gallorum quadruplicem eorundem complectens historiam…
Lyon : Jannot de Campis pour Étienne Gueynard et Jacques Huguetan, 1507
In-quarto de 84 et 56 feuillets non chiffrés
Symphorien Champier est l’un des pères de l’humanisme lyonnais. Le Liber de quadruplici uita est un parfait exemple de l’éclectisme qui caractérise son œuvre. Il y parle de médecine, de théologie, de philosophie, d’astrologie ou encore d’histoire. La structure du texte est ici parfaitement rendue. Les chapitres sont numérotés, introduits par un titre et mis en valeur par une initiale imprimée, simple ou ornée. Ils sont également annoncés dans l’en-tête de chaque page pour permettre un repérage rapide.
L’ouvrage exposé présente un défaut de fabrication : le texte de la page de droite – dans cet exemplaire comme dans d’autres – a été imprimé de travers.
46. Galien, Claude (vers 131-vers 201), Polybe de Cos (Ve-IVe siècle av. J.-C.), Apuleius Barbarus (IVe-Ve siècle), Benivieni, Antonio (1443-1502)
Claudii Galeni Pergameni Liber de plenitudine ; Polybus De Salubri victus ratione priuatorum ; Apuleius Platonicus De Herbarum virtutibus ; Antonii Benivenii Libellus de abditis nonnullis ac mirandis morborum et sanationum causis
Paris : Chrétien Wechel, 1528
In-folio en 2 parties (42 et 22 feuillets)
Ce recueil d’œuvres médicales comprend notamment l’herbier médicinal d’Apuleius Barbarus, composé à la fin de l’Antiquité. Au sein d’une page qui peut paraître désordonnée au premier abord, la structure du texte se dégage toutefois assez rapidement. Le nom de chaque plante se détache du texte qui le précède par un espace plus ou moins large et est associé à un numéro aligné à droite. Sur la page de gauche, on relève, par exemple, la pariétaire (perdicalis ; 83), la mercuriale (mercurialis ; 84) et la réglisse des bois (radiolum ; 85). Un court paragraphe en retrait précise ensuite les différentes dénominations de la plante avant que soient listés les maux qu’elle permet de traiter, systématiquement introduits par la préposition « Ad ». La réglisse des bois permet ainsi de combattre le mal de tête (Ad capitis dolorem) et la constipation (Ad alvum concitandam).
Pour aller plus loin : PRADEL-BAQUERRE, Mylène. Ps. -Apulée, "Herbier", introduction, traduction et commentaire. Archéologie et Préhistoire. Université Paul Valéry - Montpellier III, 2013. Français.