Chez Pasolini, la quête du sacré, la fascination pour les mythes, et la recherche de l’absolu, sont permanentes. Ainsi dans son "Évangile selon Saint-Matthieu", mariage parfaitement abouti du sacré et du profane, il tente de répondre à son propre questionnement, à savoir quelle peut-être la place de la poésie entre Dieu et Marx ? La famille reste aussi l’une de ses interrogations et ce n’est pas un hasard si Susanna, sa propre mère, bouleversante dans le rôle de Marie, meurtrie au pied de la Croix, est ainsi mise à contribution. Elle sera tout au long de sa vie, de sa naissance à son assassinat, la complice aimée et la confidente de tous les instants.

Dans le casting pasolinien, si Marie se nomme Susanna Colussi, les disciples de Pasolini sont autant des femmes que des hommes, ils ont pour noms Elsa Morante, Alberto Moravia, Maria Callas, Ninetto Davoli, Laura Betti, Sandro Penna, Silvana Mangano, Luciano Serra... Ils ont partagé avec passion, jusqu’à la fin, ses engagements, ses provocations, ses coups de colère, contre tous les pouvoirs, qu’ils aient été religieux, politiques, médiatiques, ou économiques.