L’estampe, l’illustration, le livre d’artiste
Max Schoendorff, et l’URDLA à sa suite, ont construit un imaginaire fortement marqué par le mouvement surréaliste. Ils en retirent une exploration libre de la littérature, de la science, de l’art, sans établir de hiérarchie ou de barrière chronologique. Ce mode opératoire, qui avait constitué la singularité du groupe créé par André Breton, est par exemple à l’œuvre dans les textes de l’auteur.
« Rien ne s’oppose en ce moment à ce que j’arrête mon regard sur une planche quelconque d’un livre et voici que ce qui m’entourait n’est plus. À la place de ce qui m’entourait il y a autre chose puisque, par exemple, j’assiste sans difficultés à une tout autre cérémonie… Sur la gravure l’angle du plafond et des deux murs parvient sans peine à se substituer à cet angle-ci. Je tourne des pages et, en dépit de la chaleur presque incommodante, je ne refuse pas la moindre part de mon consentement à ce paysage d’hiver. Je me mêle à ces enfants ailés. " Il vit devant lui une caverne illuminée " dit une légende et, effectivement, je la vois aussi. Je la vois comme à cette heure je ne vous vois pas, vous pour qui j’écris, et pourtant j’écris pour vous voir un jour, aussi vrai que j’ai vécu une seconde pour cet arbre de Noël, pour cette caverne illuminée, ou pour les anges*. »
L’exploration de la littérature par le biais de l’illustration, le dialogue entre l’estampe et de texte, si essentiel aux surréalistes, constitue de fait l’un des pans importants de la production de l’URDLA. Dès le début des années 1980 l’URDLA a débuté l’édition de livres de peintres. Autour d’une œuvre, L’hommage à Rabelais d’Erik Dietman, qui fait résonner forme et fonds de cette pratique spécifique de l’image imprimée, l’ensemble d’oeuvres regroupées ici suit les questionnements des artistes liés à leur rôle d’illustrateurs. « Trouver cette décoration sans servitude du texte, sans exacte correspondance de sujet avec l’écriture ; mais plutôt une broderie d’arabesques sur les pages, un accompagnement de lignes expressives**. »
Cette exploration s’étend aux livres d’artistes de la collection de la BmL, où la dichotomie entre texte et image est dépassée pour offrir une autre expérience du livre comme objet artistique.
* André Breton, « Le Surréalisme et la peinture », dans La Révolution
Surréaliste, n°4, 15 juillet 1925, p.27
** Maurice Denis, « Définition du néo-traditionnisme » (paru sous pseudonyme en 1890 dans L’Art et l’idée), Théories (1890-1910), Paris, Rouart et Watelin, 1920, p. 10-11
-
Visconti
Rémy Jacquier
1972, Chambéry, France -
Autrement dit
Christian D’Orgeix
1927, Foix, France -
Unquiet Grave
Damien Cadio
1975, Mont Saint-Aignan, France -
Pimbêche sodomisée par le ravisseur ouaté
Jean-Claude Silbermann
1935, Boulogne-Billancourt, France -
Vanitas 101
Manuel Ocampo
1965, Quenzon, Philippines -
Interlope
Max Schoendorff
1934, Lyon, France -
Baaders-Mars
Onuma Nemon
1948, France -
Traces and Whispers from Emptiness (Somme, to Wilfred Owen)
Paul Hickin
1941, Codsall, Staffordshire, Grande-Bretagne -
Traces and Whispers from Emptiness (Somme, to Wilfred Owen)
Paul Hickin
1941, Codsall, Staffordshire, Grande-Bretagne -
Organologique 1
Rémy Jacquier
1972, Chambéry, France -
Trempé dans la foule 1
Valérie Du Chéné
1974, Paris