Des villes détruites

Entre 2019 et 2021, Mathieu Pernot a photographié différents pays au cœur de conflits géopolitiques. Éloignées de l’iconographie du photo reportage, ses images ne montrent pas des populations dans la guerre, mais ce qu’il reste après ses ravages. C’est le cas de Mossoul, en Irak, capitale autoproclamée de Daeshde 2014 à 2017 et dont le bombardement massif engagea le processus de migration. Homs, ville syrienne plongée dans une guerre civile depuis 2011, est quant à elle montrée à l’aune de ses bâtiments dont il ne reste plus que les structures porteuses.
La représentation de la Cité détruite replace frontalement les raisons qui poussent à partir. A travers la représentation de la trace, l’humain, suggéré en creux, est présent sur chaque image ; les vêtements au sol photographiés frontalement à Molyvos en Grèce, sont en effet le reflet de l’urgence du départ, de la nécessité soudaine de tout quitter.
Les photographies vernaculaires, réalisées par les habitants et dont le sujet porte sur la vie quotidienne, sont également patiemment collectées par le photographe et présentées dans cette exposition. Ces clichés de famille, témoignant du désir d’immortaliser les moments heureux sont placés à proximité des villes détruites. Réactivés sous nos yeux, ils demandent de nous pencher sur leur contenu mais aussi sur leur matérialité. Usées, abîmées, ces photographies portent ces deux aspects : le témoignage de la vie passée et de la situation présente.