Un nouveau monde
Au 15e siècle, avec la fin de la Reconquista (« reconquête » de la péninsule ibérique par les chrétiens), Portugais et Espagnols cherchent à contourner les empires musulmans qui occupent l’Afrique et le Moyen-Orient. Leur objectif est à la fois commercial : trouver une route directe d’accès aux richesses de l’Extrême-Orient (les « Indes ») ; et militaire : prendre les musulmans à revers. Dans ce cadre, le projet du Génois Christophe Colomb est d’utiliser la rotondité de la Terre pour atteindre le Japon en traversant l’océan. Acceptée par les monarques espagnols en 1492, l’expédition conduit à trouver les Antilles. En quelques décennies, différentes expéditions voient se dessiner une terre beaucoup plus grande, explorée aussi depuis le Nord. Très rapidement, la conquête militaire de l’intérieur des terres place les Espagnols face à de grandes civilisations et à d’impressionnants centres urbains.
En parallèle, les expéditions portugaises permettent à Vasco de Gama de doubler le cap de Bonne-Espérance en 1488 et ouvrent une nouvelle route vers l’Asie. Les contours de l’Afrique sont précisés et les Portugais s’attachent à reconnaître les côtes de l’Inde, de l’Asie du Sud-Est, et surtout de l’archipel indonésien, notamment les Moluques, qualifiées d’îles aux épices. En revanche, l’intérieur de l’Asie et ses côtes orientales, dont l’accès est bloqué par les empires ottoman, chinois et japonais, demeurent mal connus.
Conséquence de cette extension du monde connu, l’Europe qui domine désormais les mers et se pense comme supérieure aux autres parties du monde, se représente au centre des planisphères.
Le choc américain
BmL, Rés 23584 (4).
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7. Columbus in India primo appellens, magnis excipitur muneribus ab Incolis / Accostant pour la première fois en Inde, Colomb reçoit de nombreux présents des habitants
Dans THEODORE DE BRY (1528-1598), Americae pars quarta, Francfort-sur-le-Main : Johann Feyerabend pour Théodore de Bry, 1594, planche IX.
Un siècle après les premiers voyages de Christophe Colomb, Théodore de Bry publie la première grande série d’images sur l’Amérique, encore appelée « Inde occidentale ». Cette série marque durablement les représentations européennes. À l’arrière-plan figure la flotte de C. Colomb dont l’équipage commence à débarquer, effrayant des indigènes dépeints comme des individus « naturels », nus. La rencontre proprement dite a lieu au premier plan. C. Colomb, vêtu comme un prince ayant autorité, reçoit les présents d’Indiens nus et soumis. A l’arrière-plan, les compagnons de Christophe Colomb dressent une croix, annonçant la christianisation.
L’image n’est pas neutre, l’auteur, protestant, critique implicitement la colonisation des catholiques espagnols fondée sur l’exploitation des richesses et la conversion forcée.
BmL, Rés 105157.
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Décrypter cette mappemonde
8. ORONCE FINE (1494-1555 ; cartographe)
Nova et integra universi orbis descriptio / Description nouvelle et complète du monde
Dans JOHANN HUTTICH (14..-1544 ; éditeur scientifique), Novus orbis regionum ac insularum veteribus incognitarum..., Paris : Galliot Du Pré, 1532, planche hors texte insérée avant la p. 1.
Le mathématicien et astronome Oronce Fine a réalisé deux cartes du monde en forme de cœur (d’où leur appellation de mappemondes cordiformes). La première, datant de 1531, partage la Terre entre hémisphères nord et sud. Elle fait apparaître une vaste terre australe, « nouvellement découverte mais pas encore totalement connue », précise Fine qui fait ici référence à la Terre de Feu observée par Magellan en novembre 1520 et qui fut considérée comme l’une des extrémités du continent antipodique supposé. Si l’Amérique est bien présente, la partie située au nord de l’équateur est fortement déformée. Elle est rattachée à l’Asie, le Mexique rejoignant le sud-est de la Chine – on peut lire, en lettres capitales, Mansi, pour la province de Mangi au sud de Catay. Cette mappemonde témoigne des expérimentations auxquelles les savants de la première moitié du 16e siècle se livrèrent pour intégrer à la carte du monde, avec force inconnues et hypothèses, les contrées récemment découvertes.
Documentation en ligne
Langlois, « Étude sur deux cartes d’Oronce Fine de 1531 et 1536 », Journal de la Société des Américanistes, tome 14-15, 1922, p. 83-97.
Disponible en ligne dans Persée (consulté le 12 janvier 2024).
Monique Pelletier. « Cartes, portraits et figures en France pendant la Renaissance », dans Cartographie de la France et du monde de la Renaissance au Siècle des lumières, Paris, éditions de la Bibliothèque nationale de France, 2002.
Disponible en ligne dans OpenEdition (consulté le 5 janvier 2024).
Aurore Damry, Claude Venault, « Oronce Fine : à la croisée des sciences », billet publié dans le Blog Gallica, 23 juillet 2018
Disponible en ligne dans Gallica (consulté le 4 janvier 2024).
En écho
Oronce Fine, Recens et integra orbis descriptio..., vers 1534-1536 (Bibliothèque nationale de France, département Cartes et plans, GE DD-2987 (63 RES)).
Disponible en ligne dans Gallica Seconde mappemonde cordiforme d’Oronce Fine.
BmL, Rés 129244.
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9. SEBASTIAN MÜNSTER (1489-1552 ; cartographe)
Novae insulae / Les îles nouvelles
Dans CLAUDE PTOLEMEE (0100 ?-0170 ?), Geographica universalis vetus et nova…, Bâle : Heinrich Petri, 1540, carte numérotée 45.
Si l’Amérique est représentée dès 1507 sur un planisphère imprimé, il faut attendre 1540 pour que soit publiée une carte séparée du « Nouveau Monde » (Novus Orbis). Elle est l’œuvre du géographe allemand Sebastian Münster. La forme générale du continent est reconnaissable mais la place accordée à l’Amérique centrale, au Mexique et aux Antilles, parties alors les mieux connues des Européens, est surdimensionnée. Les bannières espagnole (dans l’archipel antillais) et portugaise (à l’est du Brésil) rappellent que les deux monarchies se sont partagé les territoires de l’Amérique dite latine. Au sein de la nomenclature retenue par Münster, on relève Temistitan (Mexico), les Cannibales (Canibali), au sud de l’équateur, dont les rites anthropophages marquèrent durablement l’imaginaire européen, ou encore le territoire des géants (Regio Gigantum) en Patagonie, qui fait référence à la relation du voyage de Magellan. Sur cette carte, l’océan Pacifique est totalement écrasé, le Japon (Zipangri) figurant à proximité de la côte ouest américaine.
Documentation en ligne
Rosemarie Erika Horch, « Quais as fontes para os mapas das Novae Insvlae de Sebastian Münster », Revista de universidade de Coimbra, volume 34, année 1988, p. 85-103.
Disponible en ligne dans Google Livres (consulté le 5 janvier 2024).
BmL, 107811.
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10. GIACOMO GASTALDI (1500 ?-1566 ; cartographe)
Carte de la Nouvelle France
Dans GIOVANNI BATTISTA RAMUSIO (1485-1557), Delle navigationi et viaggi, tome 3, Venise : de Giunti, 1565, f. 424-425.
Le livre Des navigations et voyages de Ramusio, un des premiers recueils imprimés de récits de voyages, a fait date. Il porte le projet d’une géographie nouvelle, différente de celle des Anciens, consciemment non terminée et perpétuellement à mettre à jour d’après les récits de voyage. Cette carte de la Nouvelle-France, quoique truffée d’imprécisions, illustre particulièrement bien cette nouvelle conception, avec une « Parte incognita » laissée blanche, qui correspond au Québec actuel. Elle est l’œuvre de Giacomo Gastaldi, un des cartographes les plus réputés de son temps, qui la dessine à partir des récits traduits et compilés par Ramusio. Ceux-ci ont pour auteur des navigateurs qui cherchent une route vers l’Asie et ses épices par le nord.
Ramusio cite ainsi les voyages du Portugais Gaspard Corte-Real (1500) et du Vénitien Sébastien Cabot (1524) qui travaillent pour la couronne anglaise. Ensuite, il traduit et donne un abrégé des voyages de Giovanni da Verrazzano (1524) et des frères Parmentier, tous envoyés par l’armateur de Dieppe Jehan Ango en 1529. Enfin, il présente et traduit les textes des deux premiers voyages de Jacques Cartier (1534 et 1535-36), qui ne semblent pourtant pas pris en compte par Gastaldi dans sa carte. En effet, on n’y voit pas Hochelaga (actuelle Montréal). En revanche, le cartographe prend soin de signaler l’immense banc de sable au large de Terre-Neuve, ainsi que l’activité de pêche qui fera l’intérêt de la région pour les Européens.
Notons enfin que la carte comporte des erreurs d’échelles et d’orientation ainsi que des hypothèses hasardeuses. Outre Terre-Neuve, on y voit une « île des démons » (actuelle Belle-île ?), exagérément agrandie par rapport aux récits et cartes portugaises. La côte au sud présente « Angoulesme » (actuelle New-York) à l’ouest, à la même latitude que « Cap breton » (actuelle Nouvelle-Ecosse) à l’est et elle réunit l’Hudson et le Saint-Laurent en un seul grand fleuve.
Documentation en ligne
Fiona Lejosne, « Mise en forme et objet du savoir géographique dans une compilation du XVIe siècle : les Navigationi et viaggi de Giovanni Battista Ramusio », L’Atelier du Centre de recherches historiques, 17, 2017.
Disponible en ligne dans OpenEdition (consulté le 9 novembre 2023).
Gilles Bertrand, « Fiona Lejosne, Écrire le monde depuis Venise au XVIe siècle. Giovanni Battista Ramusio et les Navigationi et viaggi », Viatica, HS 5, 2022. Disponible en ligne dans OpenEdition (Consulté le 9 novembre 2023).
Fiona Lejosne, « Le Navigationi et viaggi de Ramusio : écrire le monde à Venise au XVIe siècle », La Clé des Langues, Lyon, ENS de LYON/DGESCO, avril 2015.
Disponible en ligne dans La clé des langues (consulté le 9 novembre 2023).
En écho
G. Gastaldi, « La Terra de Hochelaga nella Nova Francia », dans G.B. Ramusio, Delle navigationi et viaggi, tome 3, Venise : de Giunti, 1565, f. 446-447.
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Hochelaga est un village iroquois visité par Jacques Cartier et situé sur l’actuel site de Montréal. C’est le premier plan du site.
BmL, Rés 5133.
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11. FRANZ HOGENBERG (1539 ?-1590 ? ; cartographe), SIMON NOVELLANUS (15..-15.. ; graveur)
Mexico, Regia et Celebris Hispaniae Novae Civitas - Cusco Regni Peru In Novo Orbe Caput / Mexico, capitale et cité très peuplée de la Nouvelle Espagne - Cusco, capitale du royaume du Pérou dans le nouveau monde
Dans GEORG BRAUN (1541-1622), Théâtre des cités du Monde, Cologne ?, vers 1575, tome 1, planche 32 entre les p. 58 et 59.
À la recherche de connaissances géographiques avancées, les cartographes tels que Braun se servent de cartes rapportées par les explorateurs, l’étendue et la précision de leurs sources garantissant, avec l’excellence de l’impression, leur succès. Ainsi le plan de Mexico, l’ex-Tenochtitlan détruite en 1521, s’inspire de celui qu’Hernan Cortès envoie à Charles Quint en 1519 (d’abord publié en 1524). Bien qu’inversé par rapport à l’original, il révèle l’urbanisme lacustre de la ville qui lui valut le surnom de « Venise du Nouveau Monde ». L’image de Cuzco s’inspire du dessin de Pedro Sanchez de la Hoz, secrétaire de Francisco Pizarro qui fit tomber la ville. Publiée en 1556 à Venise, elle décrit un urbanisme qui pourrait être romain, et sur lequel les Espagnols reconstruiront la ville détruite.
Sur la route des Indes
BmL, Rés 157692.
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12. D’après GIACOMO GASTALDI (1500 ?-1566 ; cartographe) ?
Carte de l’Afrique
Dans LEON L’AFRICAIN (1496 ?-1548), Historiale description de l’Afrique, tierce partie du monde : contenant ses royaumes, regions, viles, cités, chateaux et forteresses, îles, fleuues, animaux, Lyon : Jean Temporal, 1556, pages liminaires.
Cette carte propose une synthèse des informations dont les Européens disposaient au milieu du 16e siècle, par l’intermédiaire de Léon l’Africain et des navigateurs portugais. La carte est orientée au Sud, comme les cartes arabes au Moyen Âge. L’influence de Ptolémée se fait sentir dans la représentation de l’Afrique orientale, notamment celle du Nil, alimenté par des lacs situés dans les « monts de la Lune ». Des progrès sont notables cependant : la carte signale le Cap de Bonne-Espérance, l’océan Indien et le sud de la péninsule. Notons la présence de comptoirs sur les côtes ; l’intérieur des terres reste en revanche succinctement décrit. La carte témoigne de l’héritage géographique antique et des explorations menées par les navigateurs européens à la fin du 15e siècle.
BmL, ms 176.
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Décrypter ce portulan
13. Carte de l’Asie du Sud-Est
Dans Atlas portulan du monde, France, 16e siècle, f. 23v-24.
Parchemin enluminé, 38 × 28,5 cm.
Au 16e siècle, les cartes et atlas portulans intègrent les nouvelles découvertes géographiques en Amérique et en Asie. La double page exposée ici figure les archipels de l’Asie du Sud-Est, avec les détroits de Malacca et de la Sonde, importants passages maritimes entre l’océan Pacifique et l’océan Indien, visités et cartographiés dès 1511 par les navigateurs portugais. L’océan Pacifique et l’océan Indien sont ensuite parcourus par les marins de la flotte de Magellan, un capitaine portugais qui se met au service de la couronne espagnole. L’enjeu majeur de ces explorations est la détermination de la position des Moluques et l’établissement de routes et de comptoirs commerciaux en Asie du Sud-Est, en collaboration ou en conflit avec les populations locales qui avaient déjà leur propre système de navigation et d’échanges. Dès la fin du 16e siècle, les puissances maritimes du nord de l’Europe, Hollandais, Anglais, et Français, tentent de s’introduire sur ces nouveaux marchés et d’implanter des comptoirs et des colonies.
Les cartes de ce bel atlas semblent inachevées : la décoration est belle mais le tracé est par endroit incomplet et les noms de lieux sont relativement rares. Comme pour les autres cartes présentées, la décoration raffinée suppose qu’il s’agit non pas d’un outil de navigation mais d’un objet de prestige composé peut-être sur commande ou pour un marché d’amateurs d’art nautique. La carte comporte une échelle de distances et une échelle des latitudes, des roses des vents, deux beaux dessins de galions portugais, et un crustacé qui symbolise le tropique du Cancer.
Les toponymes, qui sont écrits en français, rapprochent cette œuvre de l’école des cartographes normands de Dieppe qui prenaient modèle sur des cartes portugaises à la fin du 16e siècle.
14. FRANS HOGENBERG (1539 ?-1590 ? ; graveur), AMBROISE ARSENIUS (15..-16.. ; graveur), FERDINAND ARSENIUS (15..-16.. ; graveur)
Tartariae sive magni Chami regni typus / Carte de la Tartarie ou grand royaume de Cham
Dans ABRAHAM ORTELIUS (1527-1598), Theatrum orbis terrarum..., Anvers : Van Den Rade, Gillis, 1575, planche 62.
Abraham Ortelius est un cartographe et géographe brabançon. Son Theatrum Orbis Terrarum est considéré comme le premier véritable atlas moderne, un nouveau type de livre qui réunit un ensemble cohérent de cartes. Dans sa première édition de 1570, l’atlas comprenait 53 cartes, puis 167 en 1612. L’auteur, soucieux de n’indiquer sur ses cartes que des lieux explorés, mêle parfois à la rigueur scientifique des descriptions inspirées de témoignages et récits. La Tartarie ici présentée, s’étend de la mer Caspienne à l’ouest, jusqu’à la Chine et à la Russie à l’est. Le Japon, dessiné horizontalement, et la côte ouest de l’Amérique du Nord sont bien visibles. Ortelius est le premier à inclure le mythique détroit d’Aniane entre l’Asie et l’Amérique. On note toutefois l’absence du territoire de la Corée.
Une nouvelle place pour l’Europe
15. RUMOLD MERCATOR (1545-1599 ; cartographe)
Orbis terrae compendiosa descriptio… / Description réduite du monde…
Dans GERARD MERCATOR (1512-1594), JODOCUS HONDIUS (1563-1612), L’Atlas ou Méditations cosmographiques de la fabrique du monde et figure diceluy…, Amsterdam : Jodocus Hondius, 1609, carte entre les p. 29 et 30.
Cette carte fut réalisée en 1587 par Rumold Mercator à partir du grand planisphère en 18 feuilles que son père, Gérard Mercator, avait publié en 1569. Il s’agit donc d’une réduction pouvant être insérée dans un atlas. La Terre est divisée en deux hémisphères qui présentent respectivement le Nouveau Monde, dont les contours restent encore à préciser, et l’Ancien dont la connaissance ne cesse de s’approfondir. La carte met en évidence les découvertes considérables faites par les Européens en l’espace d’un siècle mais aussi les larges espaces qui demeurent inconnus, notamment la zone australe où l’on imagine un immense continent lestant le globe terrestre. Elle témoigne également de la codification de la cartographie dans la seconde moitié du 16e siècle, principalement sous l’impulsion de ses protagonistes flamands tels Gérard Mercator ou Abraham Ortelius : ce type de mappemonde connut en effet une large postérité.
En écho
Gérard Mercator, Nova et aucta orbis terrae descriptio ad usum navigantium emendate accomodata…, 1569 (Bibliothèque nationale de France, GE A-1064 (RES)).
Disponible en ligne sur Gallica
Le grand planisphère de Mercator à l’usage des marins (200 × 133 cm), dans lequel il utilise la projection cartographique qui porte son nom.
BmL, Rés 31120.
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16. Allégories des quatre parties du monde
Dans ABRAHAM ORTELIUS (1527-1598), Theatrum orbis terrarum…, Anvers : Plantin, 1592, frontispice.
Sous forme d’allégories féminines, le frontispice qui orne le Théâtre du monde d’Abraham Ortelius établit une hiérarchie entre les parties du monde. L’Europe, parée des attributs du pouvoir (couronne, sceptre), occupe une place dominante. Au-dessous, l’Asie, dont les somptueux vêtements marquent la richesse, fait face à l’Afrique, presque nue en signe de pauvreté. La jeune femme assise en bas, entièrement nue, arc et flèches à ses pieds, représente l’Amérique : la massue qu’elle tient d’une main et la tête coupée qu’elle brandit de l’autre, en référence aux sacrifices humains et à l’anthropophagie soulignent sa barbarie aux yeux des Européens. Le buste qui figure à droite avec une flamme (la Terre de Feu ?) symbolise sans doute le continent supposé au sud de la Terre. Ainsi, la découverte des régions lointaines du globe par les Européens alla de pair avec l’affirmation de leur supériorité sur le monde.
Documentation en ligne
Mireille Pastoureau, « L’Europe au Nouveau Monde », dans L’âge d’or des cartes marines. Quand l’Europe découvrait le monde, exposition présentée par la Bibliothèque nationale de France.
Disponible en ligne sur le site de la BnF (consulté le 6 janvier 2024).
Pour une analyse approfondie du Théâtre du monde d’Abraham Ortelius : Jean-Marc Besse, Les grandeurs de la Terre : Aspects du savoir géographique à la Renaissance, Lyon, ENS Éditions, 2003.
Disponible en ligne dans OpenEdition (consulté le 6 janvier 2024).