Représenter le lointain
Un regard européen (1450-1950)

Sous la surface

Loin de se limiter à la surface terrestre, les Européens explorent également le lointain dans sa dimension verticale, des profondeurs du globe aux immensités célestes.

Restés longtemps inconnus, les mondes sous-marins et souterrains ont nourri un imaginaire aussi foisonnant qu’inquiétant, peuplé de créatures démoniaques, d’âmes damnées, de cités englouties et de monstres menaçants, dans lequel la littérature et les arts ont abondamment puisé.

À partir du 17e et plus encore du 18e siècle, ces espaces deviennent des objets d’étude scientifique et suscitent, en tant que tels, un nombre croissant de représentations graphiques : coupes de la Terre et des océans, cartes des fonds marins, planches minéralogiques et zoologiques, vues dessinées puis photographiques...

La recherche de ressources naturelles, la soif de découverte, le goût de l’aventure et de l’exploit conduisent les Européens au cœur des abîmes. L’exploitation des richesses du sous-sol entraînent le creusement et l’aménagement de mines toujours plus vastes et plus profondes. La fin du 19e siècle est marquée par le développement de la spéléologie. Au milieu du siècle suivant, les plongées en bathyscaphe permettent d’atteindre les fosses abyssales. Si le centre de la Terre reste inaccessible et sa connaissance théorique, les Européens ont fortement repoussé les limites des profondeurs et modifié leur image.


Les profondeurs marines

67. SEBASTIAN MÜNSTER (1489-1552 ; illustrateur)
Les monstres marins et terrestres, lesquels on trouve en beaucoup de lieux es parties septentrionales

Dans SEBASTIAN MÜNSTER (1489-1552), FRANÇOIS BELLEFOREST (1530-1583), La cosmographie universelle de tout le monde, Paris : Michel Sonniusk, 1575, tome 1, volume 2, planche entre les colonnes 1722 et 1723.

En 1575 paraît la Cosmographie universelle de Münster, révisée et traduite en français, par le polygraphe et historiographe Belleforest. Des 163 bois gravés de l’édition originale, ce dernier copie seulement 49 des figures de l’ouvrage allemand, dont l’étonnante double-planche grouillant de créatures marines et terrestres prodigieuses. Largement inspiré des monstres de la Carta marina d’Olaus Magnus, le tableau initialement gravé par Manuel Deutsch – un des plus grands artistes rhénans sollicités pour élaborer l’ouvrage encyclopédique – mêle animaux observés et fantasmés dans un tableau fascinant du monde, tel que pensé à la Renaissance. Baleine à dents de phacochère, serpents de mer, monstre à tête de rhinocéros : on sent toute l’imagination exacerbée par l’incertitude d’expéditions marines éprouvantes notamment dans l’Atlantique nord, région encore méconnue.

De nombreux détails de la scène s’attardent à décrire les dangers encourus par les marins ou les navires lors de leurs explorations, notamment l’homme retenu prisonnier dans les pinces d’un crabe géant ou la nef engloutie par un serpent de mer. Les lettres figurant auprès de chacun des monstres marins ou terrestres se réfèrent à un texte explicatif. Cette planche – qui doit beaucoup aux créatures dépeintes par le savant ecclésiastique suédois – marquera à son tour l’aspect visuel de toute la production cartographique ultérieure. L’œuvre de Münster connaît un immense succès au 16e siècle avec presque 40 éditions dans différentes langues. Le titre de Belleforest – qui joue la surenchère lexicale – dénote l’ambitieuse géographie descriptive et une volonté de maîtrise du monde.


L'Atlantide Dans JULES VERNE (1828-1905), Vingt mille lieues sous les mers, Paris : Hetzel, 1871, p. 400 et p. 297.

BmL, collection jésuite des Fontaines, SJ B 578/72.
Atlantide (dans BmL, 447149) : consultable en ligne dans numelyo

L'Attaque du calmar géant Dans JULES VERNE (1828-1905), Vingt mille lieues sous les mers, Paris : Hetzel, 1871, p. 400 et p. 297.

BmL, collection jésuite des Fontaines, SJ B 578/72.
Calmar géant (dans BmL, 447149) : consultable en ligne dans numelyo

68. ALPHONSE DE NEUVILLE (1836-1885 ; illustrateur), ÉDOUARD RIOU (1833-1900 ; illustrateur), HENRI-THEOPHILE HILDIBRAND (1824-1847 ; graveur)
L’Atlantide et l’Attaque du calmar géant

Dans JULES VERNE (1828-1905), Vingt mille lieues sous les mers, Paris : Hetzel, 1871, p. 400 et p. 297.

Roman emblématique, Vingt mille lieues sous les mers raconte le voyage de trois naufragés capturés par le capitaine Nemo, mystérieux inventeur qui parcourt le fond des mers à bord du Nautilus, un sous-marin très en avance sur les technologies de l’époque. Auteur d’anticipation, Jules Verne témoigne dans ce récit de son intérêt pour la science et associe habilement la science-fiction à la rigueur scientifique. Les gravures témoignent de la réussite des illustrateurs qui ont su mettre leur savoir-faire au service du texte et des intentions de l’écrivain. Elles sont comme une fenêtre permettant de se confondre avec le héros en immersion au fond de l’Atlantique à explorer les ruines et les vestiges de l’Atlantide, antique civilisation détruite par un cataclysme. On y découvre également des créatures monstrueuses, comme ce calmar géant, qui vivent depuis des siècles dans les profondeurs inconnues…


69. PHILIPPE BUACHE (1700-1773 ; cartographe), FRANÇOIS DESBRULINS (16..-17..? ; graveur)
Carte physique et profil du canal de la Manche et d’une partie de la Mer du Nord, où se voit l’état actuel des profondeurs de la mer, avec les terreins de France et d’Angleterre, dont les eaux s’écoulent directement dans ces mers, depuis les différentes chaînes de montagnes

Dans Mémoires de l’Académie royale des sciences, Année 1752, Paris : imprimerie royale, 1756, planche XIV insérée entre les p. 416 et 417.

Premier géographe du roi et membre de l’Académie des sciences, Philippe Buache est l’un des grands promoteurs de la géographie physique au 18e siècle. Il s’est intéressé tout particulièrement au relief sur lequel il a fondé un système explicatif de la structure du globe terrestre. En 1737, il dresse la première carte bathymétrique de la Manche : s’appuyant sur des mesures obtenues à l’aide de sondages, il relie les points d’égale profondeur pour créer des courbes de niveau marines. Il met ainsi en évidence les variations du relief sous-marin. Afin de permettre au lecteur de mieux les visualiser, Buache réalise également une coupe de la Manche, qui suit une ligne équidistante des côtes anglaises et françaises : celle-ci est reportée sur la carte, avec une série de repères marqués A à G, de manière à établir une correspondance entre les deux figures. La coupe montre que la profondeur de la Manche diminue progressivement d’ouest en est, passant d’environ 70 brasses (environ 115 m) au nord-ouest de l’île d’Ouessant (repère A) à une vingtaine de brasses dans le Pas de Calais (repère F).

Documentation en ligne
- Numa Broc, « Un géographe dans son siècle, Philippe Buache (1700-1773) », Dix-huitième Siècle, n°3, 1971. p. 223-235.
Disponible en ligne dans Persée (consulté le 28 janvier 2024).
- Monique Pelletier, « Science et cartographie au Siècle des lumières », dans Cartographie de la France et du monde de la Renaissance au Siècle des lumières, Paris, éditions de la Bibliothèque nationale de France, 2002.
Disponible en ligne dans OpenEdition (consulté le 28 janvier 2024).
- Isabelle Laboulais-Lesage, « Le système de Buache, une « nouvelle façon de considérer notre globe » et de combler les blancs de la carte », dans Combler les blancs de la carte : Modalités et enjeux de la construction des savoirs géographiques (XVIIe-XXe siècle), Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 2004. Disponible en ligne dans OpenEdition (consulté le 28 janvier 2024).

En écho
- Philippe Buache, Carte de la partie de l’Océan vers l’Equateur entre les côtes d’Afrique et d’Amérique, 1737 (Bibliothèque nationale de France, département des cartes et plans, GE SH 18 PF 117 P 1 D).
Consulter dans Gallica
La carte est accompagnée d’une « coupe du fonds de la mer entre l’Afrique et l’Amérique depuis le Cap Tagrin jusqu’à Rio Grande ».


SJ G 101/4 : A. Scobel. Kleiner Handatlas in 100 Kartenseiten : zweite verbessute Aufflage des Volks und Familienatlas. 1912 (p. 99-100 : carte de l'océan Pacifique avec aplats de couleur pour marquer les profondeurs)

BmL, collection jésuite des Fontaines, SJ G 101/4.

70. A. THOMAS (18..-1930 ; cartographe), E. UMBREIT (18..-1904 ; cartographe), M. ENDLICH (18..-19.. ; lithographe), ALBERT SÖDER (1856-1930 ; lithographe)
Die Inseln des Groszen Ozeans / Les îles du grand océan

Dans Velhagen & Klasings Kleiner Handatlas in 100 Kartenseiten, Bielefeld, Leipzig : Velhagen & Klasing, 1912, p. 99-100.

A partir du milieu du 19e siècle, des expéditions océanographiques permettent de mieux connaître les fonds marins. Cette carte allemande du Pacifique, datée d’octobre 1911, enregistre ces progrès en même temps qu’elle témoigne du développement de l’impression polychrome. Les variations de la profondeur de l’océan y sont figurées au moyen d’un dégradé de bleus. La carte fournit de nombreuses mesures ponctuelles et signale notamment la fosse des Mariannes, la dépression marine la plus profonde du globe, située à quelque 2 700 km à l’est des Philippines. Celle-ci fut découverte en 1875 lors du voyage du navire britannique Challenger. En 1899, le Nero, bâtiment de la marine américaine, y effectua un sondage à 9 636 m, cote qui est reportée sur la carte avec la mention « Nero-Tief » (fosse de Néro). On remarquera également le tracé des câbles télégraphiques sous-marins (traits noirs) dont la pose fut précisément à l’origine de la multiplication des opérations de sondages.


71. Au large de San Diego, profondeur 1 200 m : « morues noires », étoiles de mer, holothuries et crustacés

Dans JACQUES PICCARD (1922-2008), Profondeur 11 000 mètres : l’histoire du bathyscaphe Trieste, Paris : Arthaud, 1961, p. 105.

Le 23 janvier 1960, au large de l’île de Guam, dans l’océan Pacifique, la profondeur de 10 916 m est atteinte au Challenger Deep, point le plus bas de la fosse des Mariannes et lieu le plus inaccessible de la planète. Assisté du lieutenant Don Walsh, Jacques Piccard, le fils du savant ingénieur Auguste Piccard, qui avait servi de modèle à Hergé pour le personnage du professeur Tournesol, est aux commandes du bathyscaphe conçu par son père, le Trieste. Au moment de toucher le fond, un poisson est aperçu dans le faisceau du projecteur. « Ainsi donc, en une seconde […] nous pouvions répondre à la question que des milliers d’océanographes s’étaient posée depuis des dizaines d’année ! La vie, sous forme supérieurement organisée, était donc possible partout en mer, quelle que soit la profondeur ». À défaut de perdre leurs mystères, les abysses n’étaient plus insondables.


72. Animaux vivant dans l’Atlantique vers 3 000 mètres de profondeur

Dans EDMOND PERRIER (1844-1921), Les explorations sous-marines, Paris : Hachette, 1886, planche 242.

Longtemps perçues comme totalement dépourvues de vie, les grandes profondeurs océaniques ont commencé à faire l’objet de campagnes d’exploration au 19e siècle. Les décennies 1870 et 1880 sont déterminantes, avec l’expédition britannique du Challenger (1872-1876), première campagne océanographique autour du monde, et les campagnes françaises du Travailleur (1880) et du Talisman (1883). Ces deux dernières permettent de récolter après dragages des échantillons de vie animale jusqu’à plus de 5 000 m de profondeur, performance notoire pour l’époque. Présent à bord, le naturaliste Edmond Perrier fait la synthèse de ces travaux dans un ouvrage de vulgarisation scientifique, présentant ici quelques-uns des animaux étranges récoltés, parmi lesquels en bas à gauche une holothurie, ou « concombre de mer », représentative des échinodermes, dont le savant était spécialiste.


73. Coraux peuplant un tombant sous le cap Sicié (mer Méditerranée) par 40 m de profondeur ; Frédéric Dumas collectant des gorgones en mer Rouge par 30 m de profondeur

Dans JACQUES-YVES COUSTEAU (1910-1997), FREDERIC DUMAS (1913-1991), Le monde du silence, Paris : éditions de Paris, 1953, p. 182-183.

Jacques-Yves Cousteau forme avec Philippe Tailliez et Frédéric Dumas un trio pionnier dans la plongée sous-marine autonome, sans câble d’alimentation d’air relié à la surface. Grâce à l’invention en 1943 du scaphandre autonome avec l’entremise de l’ingénieur Émile Gagnan, permettant la compression d’air dans des bouteilles de plomb dont la fourniture est régulée par un détendeur, Cousteau se donne pour but d’explorer et révéler au grand public les richesses du monde sous-marin. Ses pratiques parfois destructrices, comme ici la mention d’un dynamitage de coraux relaté dans Le monde du silence en 1953, vont évoluer au fil de son parcours de cinéaste-océanographe vers une prise de conscience sans cesse plus aigüe de la fragilité du milieu océanique, et au-delà, de l’environnement. Ainsi, peu à peu, se dévoile un monde aux limites finies, et par conséquent vulnérable.
BmL, 476474.


Les entrailles de la Terre

74. Divisio terrae intrinsecus / Division de l’intérieur de la Terre

Dans GIOVANNI PAOLO GALLUCCI (1538 ?-1621 ?), Theatrum mundi et temporis […] ubi astrologiae principia cernuntur…, Venise : Jean-Baptiste Somascum, 1589, p. 39.

Initialement publié en 1588, l’ouvrage de Jean-Paul Gallucci, membre de l’académie de Venise installé dans la cité des Doges, est à nouveau édité en 1589 et en 1603. Ce livre, considéré comme le premier atlas céleste moderne, utilise les coordonnées coperniciennes tirées du De revolutionibus (1543). L’exemplaire ci-présent comporte 96 figures et 48 cartes du ciel gravées sur bois à pleine page. La figure des entrailles de la Terre divisées selon des cercles concentriques constitue un schéma compartimenté de l’Enfer où les damnés sont regroupés selon la nature de leur vice dominant. Les péchés commis sont d’autant plus graves que l’on s’approche du centre, où réside Lucifer. Ce motif iconographique, influencé par Dante, se fait sans doute sentir plus précocement en Italie qu’en France, apparaissant dès le 14e siècle, et tend à perdurer à l’époque moderne.

Cette représentation de la justice de l’au-delà donne une certaine dimension physique à la damnation éternelle notamment dans l’Italie de la Contre-Réforme. La mention en latin sous la figure des cercles infernaux est un extrait de la Vulgate, tiré du livre de Job, chapitre 7 verset 9 : « Sicut consumitur nubes, et pertransit, sic qui descenderit ad inferos, non ascendet » qui signifie : « Comme la nuée qui se dissipe et s’en va, celui qui descend au séjour des morts ne remontera pas ».


75. Systema ideale pyrophylaciorum subterraneorum quorum montes vulcanii, veluti spiracula quaedam existant / Système idéal des réserves de feu souterraines dont les volcans forment en quelque sorte les soupiraux

Dans ATHANASIUS KIRCHER (1602-1680), Mundus subterraneus in XII libros digestus…, Amsterdam : Johannes Janssonius et Elizaeus Weyerstraten, 1665, planche entre les p. 180 et 181.

Avec la révolution astronomique de Nicolas Copernic (1473-1543), les idées des Anciens sur la Terre sont rejetées. Une nouvelle représentation émerge avec une première proposition par le philosophe Descartes (1596-1650) en 1644 qui imagine une terre creuse. Une deuxième proposition en 1665 – très différente – par Athanasius Kircher, père jésuite, établit un modèle expliquant le système volcanique. Ancien soleil refroidi, le globe terrestre possède un foyer central rempli de magma et relié aux volcans de la surface par des conduits et des réserves intermédiaires, les « pyrophylacies ». L’idée de ce feu intérieur – ici magistralement représenté – tire une de ses origines dans la tradition situant l’Enfer au centre de la Terre. Elle a pu faire perdurer l’idée d’un manteau terrestre magmatique, même après qu’on a découvert sa nature solide et cristallisé en 1889.


SJ AF 016/25 : Alfred Wegener. Die Entstehung der Kontinente und Ozeane. 1920 (p. 25 : schéma de la structure interne du globe terrestre).

BmL, collection jésuite des Fontaines, SJ AF 016/25.
Consultable en ligne dans numelyo

76. Schnitt im grössten Kreise durch Südamerika und Afrika in getreuen Grössenverhältnissen / Coupe à l’échelle du globe terrestre au niveau de l’Amérique du Sud et de l’Afrique

Dans ALFRED WEGENER (1880-1930), Die Entstehung der Kontinente und Ozeane, Braunschweig : Vieweg et Sohn, 1920, figure 6, p. 25.

Alfred Wegener, astronome et météorologue allemand, est connu pour sa théorie de la « dérive des continents » publiée en 1915. Elle explique que notre globe n’est pas un milieu stable et permanent. Les continents de sal (ou sial) qui dérivent, reposent sur une couche plus dense de sima. Au départ soudés, leur séparation créa un océan. Sa théorie s’appuie sur la complémentarité observée entre les côtes de l’Afrique et de l’Amérique, sur certaines structures géologiques et sur la présence de faunes communes aux ères primaire et secondaire. L’émergence des montagnes proviendrait du choc de continents et non de plissements anciens de l’écorce terrestre. Son ouvrage, malgré un accueil mitigé, pose les premiers jalons de la théorie actuelle de la tectonique des plaques lithosphériques.


7017 : Luigi Ferdinando Marsili. La Hongrie et le Danube... 1741 (plan en coupe des mines de Schemnitz dans l'actuelle Slovaquie).

BmL, 7017.

77. Mappa metallographica, celebris fodinae Semnitziensis / Plan des célèbres mines de métaux de Schemnitz

Dans LUIGI FERDINANDO MARSILI (1658-1730), La Hongrie et le Danube, en XXXI cartes …, La Haye : aux dépens de la Compagnie, 1741, carte VI.

Luigi Ferdinando Marsili (ou Marsigli), est un scientifique et militaire bolognais, à la fois géographe, naturaliste, géologue et botaniste. A la fin de sa carrière politique et militaire, qui lui a permis de voyager à travers la Hongrie, il se consacra entièrement à la science. La planche tirée de l’ouvrage décrivant la région donne une vue complète de la surface et de la partie souterraine de la mine d’argent et d’or de Banská Štiavnica, en Slovaquie (en hongrois : Selmecbánya, en allemand : Schemnitz). Ce lieu d’extraction, faisant partie d’une région minière, était connu et actif depuis le Moyen Âge. Le schéma explique comment était organisé le réseau des puits et des tunnels, le transport des métaux à la surface et l’éclairage des tunnels.


447159 : Louis-Laurent Simonin. La vie souterraine, ou les mines et les mineurs. 1867 (p. 149, figure 127 : mineurs de Chihuahua au Mexique).

BmL, 447159.

78. HENRI THEOPHILE HILDIBRAND (1824-1897 ; graveur)
Mineurs de Chihuahua (Mexique)

Dans LOUIS-LAURENT SIMONIN (1830-1886), La vie souterraine ou, Les mines et les mineurs, Paris : Hachette, 1867, figure 127, p. 469.

Louis Laurent Simonin est un ingénieur et explorateur français, pionnier de l’archéologie minière. Il voyage beaucoup, en particulier en Amérique entre 1859 et 1867, où il visite des mines et y observe les conditions géologiques des gisements. Il constate que les conditions d’exploitation de ces mines par les colons sont dangereuses et épouvantables pour les indigènes asservis. Les mineurs de Chihuahua, au Mexique, dans les mines d’argent, d’or et de mercure, montent dans un puits de mine au moyen de marches rudimentaires portant des bougies attachées à des bâtons pour éclairer leur chemin. Descendre et remonter de tels puits représentaient un danger quotidien. Des systèmes aussi primitifs se répètent alors dans presque toutes les mines de l’Amérique latine.


79. MICHAL STACHOWICZ (1768-1825 ; dessinateur), ADAM PILINSKI (1810-1887 ; graveur)
Wieliczka, vue des travaux souterrains dans les mines de sel

Dans IGNACY STANISLAW GRABOWSKI (18..-18.. ; éditeur scientifique) La Pologne historique, littéraire, monumentale et pittoresque…, Paris : au bureau central, 1835-1842, tome 3, planche entre les p. 134-135.

La découverte au 13e siècle de gisement de sel gemme souterrain à Wieliczka (près de Cracovie) fut une révolution. Après la période de l’exploitation des sources salées elle permit d’obtenir le sel par des méthodes minières. Au 14e-15e siècle, 300 à 350 personnes travaillaient à Wieliczka et la production annuelle de sel représentaient jusqu’à 1/3 des revenus du trésor royal. Au fil des siècles la mine se développa de manière très dynamique, pour atteindre au début du 20e siècle la profondeur de 327 m, et 300 km de galeries. Aujourd’hui, elle reste un monument historique unique au monde, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. C’est un lieu touristique depuis le 19e siècle. pour l’aspect technique et artistique. De nombreuses statues, sculptures ainsi qu’une chapelle sont entièrement creusées dans le sel.


80. La salle terminale du gouffre d’Esparros à 140 mètres de profondeur (Hautes-Pyrénées)

Dans NORBERT CASTERET (1897-1987), GERMAIN GATTET (18..-19..), Paysages souterrains : Pyrénées centrales, Grenoble : Arthaud, 1944, p. 52-53.

Point le plus bas du gouffre d’Esparros, cette salle, située à 140 mètres de profondeur, est une merveille des paysages souterrains. Explorateur passionné de ces mondes cachés, Norbert Casteret, accompagné de Germain Gattet, pénètre les entrailles de ce gouffre des Hautes-Pyrénées le 25 juin 1938. Cette cavité sculptée par l’eau et l’érosion recèle d’incroyables cristaux de roche qui comptent parmi les plus belles concrétions du monde. La forme majestueuse des stalactites, des stalagmites et des draperies en font un véritable « jardin de cristal » souterrain. Casteret sera un acteur important pour la préservation de ce site naturel qui est classé patrimoine remarquable en 1987. Le gouffre d’Esparros est aujourd’hui reconnu comme un modèle de protection et de mise en valeur du monde souterrain.
BmL, 147404.