A propos de l’exposition
Shadi Ghadirian est une artiste iranienne née en 1974. Elle est diplômée de l’Université Azad de Téhéran.
Chef de file d’une nouvelle génération de photographes, elle développe une œuvre originale qui interroge plus particulièrement le statut de la femme dans l’Iran d’aujourd’hui.
Dès 1998 Shadi Ghadirian initie dans ses travaux artistiques, la mise en scène photographique et révèle avec acuité, les multiples paradoxes imposés aux jeunes Iraniennes.
Photographe virtuose, sa démarche s’inscrit donc en miroir des revendications des femmes de sa génération. Son œuvre singulière dénonce sous forme d’icones métaphoriques, les interdits et les contraintes liés à la vie quotidienne en Iran.
Ses photographies sont nourries de nombreuses références historiques. Celles-ci sont à l’aune d’une connaissance approfondie de la société iranienne mêlant adroitement fiction et réalité, poésie et dérision.
Le rayonnement international de ses réalisations artistiques l’érige aujourd’hui comme la représentante incontournable de la photographie iranienne contemporaine.
Mots des Commissaires
Sylvie Aznavourian
Commissaire associée de l’exposition Shadi Ghadirian. Rétrospective.
Chargée des Collections photographiques à la Bibliothèque municipale de Lyon.
Ma première rencontre avec l’oeuvre de Shadi Ghadirian date d’une dizaine d’années. La découverte de ses photographies présentées par la Silk Road Gallery m’avait littéralement bouleversée. L’ironie poétique de cette jeune Iranienne, son audace, avaient bousculé mon regard d’Occidentale. Ses images iconiques sont restées longtemps et soigneusement conservées dans ma mémoire. Shadi Ghadirian a poursuivi son oeuvre ; de nouvelles séries n’ont fait qu’accroître mon intérêt, provoquant de multiples émois.
Depuis vingt ans, mes missions de commissaire d’expositions ont été nourries par une curiosité délicieuse, instigatrice de propositions artistiques. La démarche de photographes s’interrogeant notamment sur la critique sociale m’intéresse particulièrement car elle conjugue adroitement l’art et les sujets que je perçois de plus en plus sensibles. Raymond Depardon et Martin Parr ont ainsi répondu positivement à mon invitation. Le premier en 2009 dans l’exposition Villes où il dénonçait la mondialisation dans douze capitales du monde ; le second en 2012 dans l’exposition Life’s a Beach, nous proposant, par son regard narquois, des images sur le tourisme de masse. Devant le travail d’une photographe dont l’oeuvre artistique présente, avec humour, la place de la femme dans la société civile iranienne, l’évidence d’une programmation s’imposait. Aujourd’hui la création de l’exposition Shadi Ghadirian.
Rétrospective à Lyon ainsi que l’édition du catalogue éponyme sont devenues réalité. Je tiens à remercier tout particulièrement, Mme Anahita Ghabaian, directrice de la Silk Road Gallery, femme d’exception, passionnée d’art, ardente défenseur des artistes iraniens, et commissaire de l’exposition de Lyon, pour son écoute attentive ; M. Manuel Manoug Pamokdjian, Fondateur et conseiller scientifique de la société Fineco, mécène et personnalité engagée, pour son allant et sa générosité.
Anahita Ghabaian Etehadieh
Commissaire associée de l’exposition Shadi Ghadirian. Rétrospective.
Directrice de la Silk Road Gallery, Téhéran, Iran.
Shadi Ghadirian est considérée comme l’un des premiers photographes iraniens dont les images ont contribué à modifier la perception de l’art en Iran et de la société contemporaine iranienne, à la fin des années 90. Son style, tout à fait unique, était en contraste avec les images dures et brutales généralement associées, à cette époque, à l’Iran. En utilisant le langage de l’art, les images de Shadi Ghadirian défiaient non seulement les contradictions des sociétés orientales, mais aussi la façon dont le monde entier voyait ce pays. En mélangeant de façon tout à fait inédite, par son langage artistique, des sujets de nature sociale et des tabous, elle a changé le cours de la photographie contemporaine en Iran, et a ouvert la voie à bien d’autres photographes vers une approche et une utilisation complètement différentes de ce médium.
La Silk Road Gallery a eu le plaisir, depuis sa création en 2001, de représenter et soutenir Shadi Ghadirian, qui a été l’une de ses artistes les plus en vue depuis le début de sa carrière. Cette galerie a toujours été ouverte aux échanges culturels et a voulu élargir l’horizon de la scène artistique tout en faisant connaître la photographie iranienne dans le monde.
Nous sommes très heureux de pouvoir collaborer avec la Bibliothèque municipale de Lyon à la présentation de la rétrospective de Shadi Ghadirian. Ce centre culturel de tout premier plan en France a joué un rôle important, depuis des années, dans la promotion des arts et de la culture, et notamment de la photographie.
Je voudrais remercier tout particulièrement Sylvie Aznavourian et Gilles Éboli pour cette magnifique opportunité et pour avoir rendu possible cet événement qui, je pense, peut encourager le dialogue entre les cultures et les sociétés, et contribuer à la paix et à la compréhension entre les peuples.