L’image
La course à l’innovation des frères Lumière
Antoine, Louis et Auguste Lumière sont des innovateurs et des industriels inspirés. Antoine sait capter les besoins de la société de son époque et faire émerger des problématiques techniques auxquelles ses fils ont le génie de trouver des solutions, particulièrement Louis, l’inventeur de la famille. Leurs travaux débordent le cinéma et investissent plus largement l’image (photographie et production de matériel photographique) et des domaines très variés : acoustique, santé, mécanique...
Antoine Lumière (1840-1911) s’établit comme photographe-portraitiste à Lyon en 1871. Pressentant que la photographie est en passe de devenir accessible à tous, il délaisse cette activité et décide de fabriquer et commercialiser du matériel photographique. Ses fils Auguste (1862-1954) et Louis (1864-1948), sortis de La Martinière, s’associent à ses activités. Tandis qu’Antoine est un commercial et un industriel, ils excellent en tant que chercheurs et inventeurs à l’affût d’expérimentations. Cette complémentarité fait la réussite de la société familiale, qui étend ses activités au fil du temps.
Leur premier succès est la commercialisation des plaques sèches au gélatino-bromure d’argent vendues dans les boîtes baptisées « Etiquettes bleues » (1881). Cette invention de Louis Lumière révolutionne l’Histoire de la photographie : un tirage et une révélation des photographies plus rapides permettent à cette pratique de sortir du cercle des seuls professionnels. A la suite d’améliorations, le produit, devenu « étiquettes bleues extra-rapides » fait prospérer l’entreprise familiale.
Les Frères Lumière font aussi progresser la photographie en couleur avec la trichromie Lumière (1896) et surtout l’Autochrome (1907), après une décennie de recherches. L’originalité du procédé est d’enduire la plaque de verre en noir et blanc avec de la fécule de pomme de terre teinte en rouge, bleu et vert, faisant office de filtres. L’image qui en découle, obtenue en une seule prise de vue, se développe en diapositive et restitue les couleurs par transparence lors de la projection. Pendant 30 ans, l’Autochrome reste le principal support de la photographie couleurs.
L’innovation la plus célèbre des frères Lumière fut inventée en quelques mois mais elle bouleverse définitivement le domaine de la « photographie animée », dans lequel Louis Lumière sait synthétiser les différents appareils existants en une invention unique. Le « Cinématographe » (1895) compile des solutions techniques en une seule caméra, réversible (projecteur) : la perforation marginale de la pellicule permet son défilement par saccade, l’utilisation de celluloïd assure une grande robustesse au film, la projection publique permet de regarder collectivement l’animation... En inventant le cinéma, les Lumière pensent d’abord créer une distraction de forain alors qu’ils donnent naissance à l’art et à l’industrie cinématographiques, qui sont toujours autant d’actualité au 21ème siècle.
Quelle machine a inspiré Louis Lumière pour le défilement des clichés photographiques qui fonde le principe du cinématographe ?
La machine à coudre : c’est au cours d’une nuit d’insomnie que Louis Lumière imagine que le déroulement des images doit mimer celui du tissu dans une machine à coudre. Avec un mécanisme dérivé de la croix de Malte, qui permet un mouvement saccadé, Charles Pathé trouve ensuite un moyen efficace pour que les images défilent avec un temps d’arrêt suffisant devant la lampe.
Collections Bml
1896
Le cinématographe Lumière (n° 260 en configuration caméra)
En inventant le Cinématographe, les frères Lumière sont à l’origine du Cinéma, qui permet à un auditoire d’assister collectivement à la projection d’images en mouvement (film).
Partant du kinétoscope Edison (déroulement de plusieurs photographies animées visible par un unique spectateur) comme point de départ de leurs recherches, ils mettent au point leur appareil qui permet à la fois la prise de vue (caméra) et la projection de la pellicule.
Utilisant son expérience acquise à La Martinière, Louis trouve l’une des pièces maîtresse de la découverte : le cadre porte-griffe, qui permet d’entraîner le film grâce à ses perforations et d’obtenir un mouvement intermittent favorable à la projection. Le film est en effet constitué d’une succession d’images mises en mouvement manuellement par l’opérateur tournant la manivelle du Cinématographe. A l’ouverture de l’obturateur, les griffes pénètrent dans les perforations de la bande et immobilisent cette dernière pendant l’exposition qui dure environ 1/48e de seconde puis elles entrainent la bande jusqu’à la vue suivante tandis que l’obturateur se referme. Le spectateur conserve l’illusion d’un mouvement continu dû à la persistance rétinienne des images. Le « Cinéma » est né et les projections connaissent un succès immédiat.
L’ingénieur Jules Carpentier travaille en collaboration avec Louis à la réalisation d’un appareil adapté économiquement et techniquement à la production en série et dont la fabrication débute en 1896.
COLLECTIONS INSTITUT LUMIERE