Willem - Rire du pire

Sa vie

1941

Bernhard Willem Holtrop, alias Willem, est né le 2 avril 1941 à Ermelo aux Pays-Bas.
Il est le petit dernier d’une famille de cinq enfants, trois frères et deux soeurs. Sa mère est institutrice et son père médecin de campagne. C’est dans la documentation professionnelle et la bibliothèque de celui-ci qu’il commence à découvrir très tôt le monde du dessin, notamment dans une bible illustrée et avec les dessins de Olaf Gulbransson, Albert Hahn, Jo Spier, Boris Efimov.
Willem enfant sera également très marqué par les images de guerre, un thème constant dans toute son œuvre.

1961

{GOD NEDERLAND & ORANJE - NUMMER 5 - 10 MAART 1967}, 1967, 10 pages imprimées, agrafées, Département des Estampes et de la photographie, Bibliothèque nationale de France, Paris. {JPEG}

GOD NEDERLAND & ORANJE - NUMMER 5 - 10 MAART 1967, 1967, 10 pages imprimées, agrafées, Département des Estampes et de la photographie, Bibliothèque nationale de France, Paris.

Willem publie ses premiers dessins dans la revue Het Vrije Volk (Le Peuple libre).
Membre du mouvement de contre-culture Provo, il fonde le journal satirique God, Nederland & Oranje, dont la majorité des neuf numéros publiés feront l’objet de saisies. Le n°1 est poursuivi pour outrage à la reine Juliana qui demandait à l’époque une augmentation de son traitement. Willem publie également des dessins de Malsen, Topor, Picha.

En 1962, Willem entre aux Beaux-Arts. Dans deux établissements successifs, Arnhem, puis Bois-le-Duc, il apprend la typographie ainsi que la publicité. Son premier livre Veet tien Juni est publié en 1966.
Willem est diplômé des Beaux-Arts en 1967.

Pendant cette période, il effectue de nombreux voyages à Paris en auto-stop, et découvre les revues Hara-Kiri, Siné Massacre, Bizarre.

1968

Willem s’installe en France et publie sa première bande dessinée dans le magazine Hara-Kiri, journal bête et méchant fondé en 1960 par François Cavanna et Georget Bernier, futur Professeur Choron. Sa signature côtoie celle de Cabu, Wolinski, Gébé.
La même année, Willem publie des dessins politiques dans L’enragé journal créé par le dessinateur Siné, et dans le journal étudiant Action.

Hara-Kiri cessera de paraître définitivement en 1989. L’humour et la liberté de ton de cette publication va influencer plusieurs générations d’humoristes.

Hara-Kiri N°94, Juillet 1969, Collection particulière. {JPEG}

Hara-Kiri N°94, Juillet 1969, Collection particulière.

1969

Charlie Hebdo N°1, 23 novembre 1970, Collection particulière. {JPEG}

Charlie Hebdo N°1, 23 novembre 1970, Collection particulière.

L’équipe de Hara-Kiri crée L’Hebdo Hara-Kiri périodique consacré à actualité. On y retrouve l’équipe du mensuel Cabu, Wolinski, Reiser, Fournier, Gébé pour les dessins, Cavanna, Delfeil de Ton, pour les textes.
En novembre 1970, après une Une sacrilège consacrée à la mort du général de Gaulle le journal est interdit à la vente. Son titre "Bal tragique à Colombey : un mort" fait référence à l’incendie d’une discothèque "Le 5/7" à Saint-Laurent-du-Pont qui a fait 146 victimes.
Pour justifier l’interdiction le ministère de l’Intérieur invoque la pornographie, en vertu de la loi de 1949 sur la protection de l’enfance et de la jeunesse et distribue à la presse des dessins de Cabu et de Willem parus dans des numéros précédents.
Le journal reparaît la semaine suivante sous le titre de Charlie Hebdo. Son titre s’inspire du titre Charlie mensuel, autre publication des éditions du Square. L’aventure éditoriale se poursuit jusqu’en 1981.
Willem publie chaque semaine une page sur l’actualité, sa chronique Images, et participe aux « Couvertures auxquelles vous avez échappé ».

En 1976, Willem devient rédacteur en chef de Surprise, un bimestriel créé sur le modèle des comix américains.

1986

En 1981, Charlie Hebdo cesse de paraître. Willem devient dessinateur occasionnel de Libération et le quotidien accueille tous les lundis sa revue de presse Images. Mais 5 ans plus tard, une nouvelle formule du journal offre à Willem un espace régulier « L’œil de Willem ». Pendant 40 ans le journal va faire appel à lui pour illustrer de nombreuses Unes, des articles, ou des dossiers.
En 2021, Willem décide, à 80 ans, d’arrêter sa collaboration à Libération. Le quotidien lui consacre alors la totalité d‘un numéro.

Libération N°10872, 6 mai 2016, Collection particulière. {JPEG}

Libération N°10872, 6 mai 2016, Collection particulière.

1991-1992

Passages N°48, Été 1992, Collection particulière. {JPEG}

Passages N°48, Été 1992, Collection particulière.

Après l’arrêt de Charlie Hebdo en 1981, Willem dessine pour de nombreux titres de presse parmi lesquels Phosphore, Passages, L’Écho des Savanes, 50 millions de consommateurs, Rigolo, Globe, L’Humanité dimanche, Télérama.

En 1991, paraît La Grosse Bertha hebdomadaire satirique où l’on retrouve des signatures de Cabu, Gébé, Wolinski, Siné, Nicoulaud, mais également d’Honoré, Tignous, Charb, Faujour, Luz, Riss.

Un an plus tard, des dissensions dans la rédaction entrainent une scission de l’équipe et une partie de celle-ci menée par Cabu et Philippe Val relance le titre Charlie Hebdo.

2007

Willem et sa femme Medi quittent leur maison de Malakoff pour s’installer sur l’île de Groix.

Medi Holtrop est également dessinatrice. Elle a publié plusieurs albums, dont Plaisir, éditions Orbis Pictus, 2008, qui réunit une série de 75 dessins au plomb accompagnés de cinq textes de Pierre Bourgeade. Un entretien avec Jacques Vallet retrace son parcours d’autrice. En octobre 2023 elle publie "Oh mon amour, moi-même", éditions Orbis Pictus Club.

Medi Holtrop, Willem, Un Hiver au musée de l'érotisme !, Musée de l'érotisme, 2004, Collection particulière. {JPEG}

Medi Holtrop, Willem, Un Hiver au musée de l’érotisme !, Musée de l’érotisme, 2004, Collection particulière.

2023

Willem dessine toujours pour Charlie Hebdo et pour Siné mensuel.

Les éditions Les Requins marteaux publient Z, un album grand format qui rassemble les dessins de Willem sur le conflit Ukrainien.

Le talent de Willem a été honoré à diverses reprises, parmi les distinctions on peut citer le Grand prix national des Arts graphiques 1989 remis par Jack Lang, ministre de la Culture et de la Communication, le Grand Prix Épinal 1990, le Prix de l’Humour noir en 1996, le Grand Prix du festival BD d’Angoulême 2013,
Plusieurs expositions lui ont été consacrées, Images, Épinal 1991, Deadlines, Institut Néerlandais Paris 1998, Festival de la BD d’Angoulême 2014, SOBD Paris 2020, Rire du Pire, BmL, Lyon 2023.

Willem a publié plus d’une centaines d’albums de dessins et de bandes dessinées, ses principaux éditeurs sont Cornélius, Les Requins marteaux, Jean-Pierre Faur.

Portrait de Willem, 2023, photographie : François Forcadell. {JPEG}

Portrait de Willem, 2023, photographie : François Forcadell.