Willem - Rire du pire

Ses copains

Dès son arrivée en France, Willem fera la connaissance d’artistes qui deviendront de proches amis. Parmi eux, Topor et Siné, joyeux drilles libertaires, qui vont très vite adopter ce Néerlandais inclassable aux dessins provocateurs. Willem est avant tout un ami fidèle et un fin connaisseur des œuvres de ses amis artistes.

Roland Topor (1938-1997)

Le monde selon Topor, catalogue d'exposition, Paris, Les Cahiers dessinés, Bibliothèque nationale de France, 2017, Collections de la Bibliothèque municipale de Lyon. {JPEG}

Le monde selon Topor, catalogue d’exposition, Paris, Les Cahiers dessinés, Bibliothèque nationale de France, 2017, Collections de la Bibliothèque municipale de Lyon.

« Je ne sais plus comment nous nous sommes rencontrés, si c’était quand je passais déposer mes dessins chez Choron et Cavanna, ou bien dans un bar de Saint-Germain-des-Prés bourrés (rire), mais peu importe. On s’est entendus dès notre première rencontre. Roland Topor est devenu l’un de mes plus proches amis. »
Willem dans Willem : Printemps cannibale, Grenoble, Les Iconovores, 2017, p. 10.

« Artiste polyvalent, Topor développa à travers ses dessins et ses écrits, un style et une vision du monde que l’on qualifie souvent de « panique ». « Je suis paniqué et je me marre » disait-il. Son œuvre lui ressemble : prolifique, polymorphe, polytechnique, cosmopolite, humaniste, nourrie à diverses sources de l’art, de la littérature, du passé et de son temps, angoissée et joyeuse. Intellectuelle, l’œuvre de Topor n’en fut pas moins populaire. L’artiste ne souhaitait pas réserver ses créations aux seuls amateurs d’art mais visait tous les publics pour en être reconnu et ne rester prisonnier d’aucun. Il passait d’un champ créatif à l’autre, d’un médium à l’autre, d’un mode de diffusion à l’autre le plus librement possible.La liberté de Topor se conjugue avec la multiplicité de sa création. Certaines devinrent des succès populaires : « Le poing dans la gueule » et « Le coup de marteau », des symboles dénonçant la liberté d’expression bafouée, La Planète sauvage, un chef-d’œuvre international du film d’animation, téléchat, un ovni de créativité télévisuelle, Merci Bernard et Palace, deux souvenirs impérissables de l’humour noir au petit écran, l’affiche du film Le Tambour, son roman Le Locataire chimérique adapté au cinéma par Roman Polanski… les images et les écrits de Topor ont marqué les esprits. Derrière les œuvres connues, il y a l’œuvre de Topor, dans toute sa beauté, sa diversité, sa virtuosité, sa complexité, son génie. »
Le Monde selon Topor (28 mars - 16 juillet 2017), exposition à la BnF

Siné (1928-2016)

« J’étais avec Topor encore, on était complètement bourrés à la vodka. Siné, c’était mon Dieu depuis le premier jour où j’ai découvert Siné Massacre. Alors, le rencontrer, pour moi, c’était incroyable. […] On s’est vus souvent ensuite. Et quand il a fondé L’Enragé en mai 1968, il m’a demandé de dessiner dans ce journal et j’ai réalisé la première une. »
Libération N°12378, Merci Willem, « Tout le plaisir était pour moi », 31 mars 2021

Maurice Sinet, dit Siné , est un dessinateur et caricaturiste français, connu pour ses dessins mordants. Il ne se limite pourtant pas au dessin de presse, mais réalise aussi des affiches de films ou publicitaires, des pochettes de disque ou encore des décors de théâtre. Son style, tout en simplicité, s’inspire notamment du dessinateur Saul Steinberg.
Il est à l’origine connu pour ses dessins de chats, qui jouent avec les mots. L’animal devient alors un chat sseur, une chat sse d’eau ou encore un membre de l’armée du chat lut. Ces dessins seront si populaires que l’hebdomadaire L’Express (1953-) le contactera pour les illustrer. Dessinateur politique, il se positionnera avec ses dessins satiriques pour l’indépendance de l’Algérie. La censure éditoriale le poussera à créer son propre magazine : Siné Massacre (1962-1963). Il ne contera que neuf numéros, qui feront tous l’objet d’un procès. Il participe ensuite à L’Enragé (mai – novembre 1968) aux côtés de Willem, Topor ou encore Wolinski. Il a travaillé pour de nombreux autres journaux comme Hara-Kiri (1960-1989), Satirix (1971-) ou encore Charlie Hebdo (1970-). Il est licencié de ce dernier pour une chronique jugée antisémite, mais ne sera pas condamné. Il fondera par la suite le journal satirique Siné Hebdo (2008-2010) qui deviendra Siné Mensuel (2011- ). Il est actuellement dirigé par sa femme, Catherine Sinet. Au cimetière de Montmartre, il est inscrit sur sa tombe : « Mourir ? Plutôt crever ! ».

Siné, François Forcadell, Siné : l'oeil graphique, Paris, Éditions de La Martinière, 2016, Collections de la Bibliothèque municipale de Lyon. {JPEG}

Siné, François Forcadell, Siné : l’oeil graphique, Paris, Éditions de La Martinière, 2016, Collections de la Bibliothèque municipale de Lyon.

Cavanna (1923-2014)

Cavanna (François), Cavanna à Charlie Hebdo, 1969-1981 : Je l'ai pas lu, je l'ai pas vu mais j'en ai entendu causer, Paris, Hoëbeke, 2005, Collections de la Bibliothèque municipale de Lyon. {JPEG}

Cavanna (François), Cavanna à Charlie Hebdo, 1969-1981 : Je l’ai pas lu, je l’ai pas vu mais j’en ai entendu causer, Paris, Hoëbeke, 2005, Collections de la Bibliothèque municipale de Lyon.

Écrivain et dessinateur de presse, François Cavanna a marqué la presse satirique en cofondant Hara-Kiri (1960-1989) et Charlie Hebdo (1970-). Avec son humeur noir et son esprit contestataire, il est l’un des symboles de l’état d’esprit de Mai 68.
Il ira en Allemagne à la fin de la Deuxième Guerre mondiale pour y effectuer son Service du travail obligatoire (STO), non sans résistance. Après son retour en France, il se met à dessiner de manière autodidacte en signant du nom de son chat Sépia. Il publie dans de nombreux journaux des dessins d’humour. Cavanna devient ensuite progressivement rédacteur en chef du journal humoristique Zéro (1954-1958), qui deviendra Cordées (1954-1959). En 1960, il cofonde Hara-Kiri avec Fred et Bernier, dit le professeur Choron. Cavanna le baptise ainsi car selon lui, faire un hara-kiri est « le sommet de la connerie ». Au sein de ce journal, il révèle de nombreux jeunes talents dont Topor et Willem. Avec la même équipe, il fonde Charlie Hebdo. En plus d’être dessinateur, Cavanna est aussi écrivain : avec un style singulier, il publie une cinquantaine de livres, dont des romans, des essais et des récits autobiographiques. Ce militant « à gauche de la gauche » était défenseur de nombreuses causes : la défense des animaux, le combat contre la drogue, l’interdiction de la corrida…

Roman Cieslewicz (1930-1996)

Graphiste polonais, Roman Cieslewicz s’installe à Paris en 1963. « Artiste majeur de la scène graphique de la seconde moitié du XXe siècle, il est un acteur incontournable de l’École de l’affiche polonaise avant de conquérir le monde du graphisme à son arrivée en France. Son œuvre, éclectique, couvre une diversité d’expressions graphiques, depuis l’affiche jusqu’à la publicité en passant par le photomontage, l’édition et l’illustration. Roman Cieslewicz envisage son rôle de graphiste en prise directe avec l’actualité. » (Cnap).
« Les travaux d’édition de Roman Cieslewicz commencent avec la revue polonaise Toi et moi (1960 à 1975). En 1964, il entame une collaboration avec le magazine féminin Elle en tant qu’illustrateur puis directeur artistique. Il crée le principe graphique de la collection de livres de poche 10/18, en 1968, et met en page de prestigieux catalogues tels que Paris Berlin et Paris Moscou du Centre Georges Pompidou en 1979. » (Centre Pompidou) Après avoir rejoint le mouvement Panique, co-fondé par Roland Topor, Roman Cieslewicz crée Kamikaze, la revue d’information panique.

Roman Cieslewicz, Le Théâtre Contemporain de Wroclaw vous invite (Teatr Wspolczesny we Wroclawiu zaprasza), Affiche, 1976, 95,7 x 67 cm, Collections du Musée de l'Imprimerie et de la Communication graphique, Lyon. {JPEG}

Roman Cieslewicz, Le Théâtre Contemporain de Wroclaw vous invite (Teatr Wspolczesny we Wroclawiu zaprasza), Affiche, 1976, 95,7 x 67 cm, Collections du Musée de l’Imprimerie et de la Communication graphique, Lyon.