Willem - Rire du pire

La presse satirique

La presse satirique, qui relève de la presse écrite, utilise la satire, autrement dit la critique moqueuse, principalement la caricature, pour dénoncer les travers des puissants ou de la société. Née en France lors de la Révolution française de 1789, elle a connu un essor particulier avec la Monarchie de Juillet. Vivant au rythme de la censure, elle alterne entre périodes de grande créativité et phases de silence forcé.

Lors de la Révolution, la presse est très active quant à la critique du pouvoir. Jusqu’au XIXe siècle, seuls les journaux satiriques publient des dessins et des caricatures. Ce ne sera que plus tard que la presse généraliste s’emparera de cette forme d’illustration.
L’histoire du dessin de presse satirique est intimement liée à l’histoire de la censure : la loi du 25 mars 1822 instaure la censure de la caricature avant sa publication. Cette loi est abolie en 1830, rétablie en 1835, à nouveau supprimée en 1848, restaurée en 1852, abolie à nouveau en 1868, puis appliquée en 1871 et enfin supprimée en 1881 avec la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. Quelques titres phares illustrent cet Âge d’or de la presse satirique : Le Charivari (1832 – 1937), La Caricature (1830 – 1843), La Lune (1865 – 1868) et L’Assiette au beurre (1901 – 1936). Ces journaux accordent quasiment la même place au dessin et au texte. Ils sont illustrés par des grands noms de la caricature, tels que Daumier, Grandville, Jossot ou encore André Gill.
La presse satirique connaît un nouveau temps fort dans les années 1960/1970, avec la création de Hara-Kiri (1960-1985). Sous-titré « journal bête et méchant » à la suite d’une lettre anonyme de lecteur employant cette expression, cette revue satirique reflète le climat de contestation de la période gaullienne. Selon le professeur Choron, créateur d’Hara-Kiri, ce serait même en partie grâce à eux que Mai 68 aurait eu lieu : « Je suis vachement prétentieux, et Cavanna avec moi et toute l’équipe. Il est certain qu’Hara-Kiri a influencé pendant huit ans une jeunesse qui a fait Mai 1968. »
Aujourd’hui, la presse satirique est moins active en raison de la crise de la presse. Mais certains titres ont résisté aux épreuves à l’instar du Canard enchaîné (1915-) ou de Charlie Hebdo créé dès 1970 par Cavanna et Choron.
Pour en apprendre plus sur la presse d’aujourd’hui et la place du dessin de presse dans notre société, voir notre rubrique Le dessin de presse aujourd’hui.

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François Rabelais, Les songes drolatiques de Pantagruel, 1868
Armand Dayot, Les maîtres de la caricature française au XIXe siècle, 1888
Almanach anti-lacrymogène, 1917
Benjamin Rabier, Les maîtres humoristes, 1908

Pour aller plus loin

À écouter

Quand l’image résiste : la culture de la satire visuelle

Laurent Baridon, le 07/11/2015
Laurent Baridon
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À voir

La satire au service de la démocratie ?

Cédric Passard, le 01/02/2024
Willem, Sans titre [LE MONDE EN IMAGES], 1991, Encre de chine et encres de couleur, Bibliothèque nationale de France, Paris. {JPEG}
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À lire en ligne

Vers la liberté de la presse...

Numelyo

"La presse libre ! C’est-à-dire le droit de penser, de chercher la vérité, de la discuter sans entraves, de la transmettre sans détour, en un mot, selon la juste expression de M. Jules Simon, d’allumer les âmes l’une à l’autre comme des flambeaux."
Henry Celliez, 1882.
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Petit historique du dessin de presse

Dessinez, Créez, Liberté

La caricature et le dessin satirique viennent de loin. Tout ou presque a déjà été dessiné.
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Hara-Kiri / Charlie-Hebdo : Cavanna, Cabu et les autres vus de 1974

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Sans correction, un article paru dans Presse-Actualité (Bayard Presse) en janvier 1974. Retrouvé et relu un message de Cavanna en réaction (« tu as à peu près compris Charlie-hebdo, HK, tout ça. T’es bien le premier ») qui m’a fait plaisir à l’époque. C’était hier...
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