Les carnets de voyage

Si le carnet de voyage est au croisement de différents genres, il trouve son origine à la Renaissance, à l’époque où les artistes partent à la découverte des civilisations antiques. L’Italie est une destination privilégiée pour ces séjours initiatiques, on y observe et dessine ruines et monuments anciens. Les artistes rapportent nombres de croquis qui servent ensuite de modèles pour la réalisation d’illustrations gravées.
Hieronymus Cock (1510 ?-1570), peintre, graveur, imprimeur et marchand d’estampes à Anvers séjourne en Italie entre 1546 et 1548. Nul doute qu’il réalise à Rome, esquisses, dessins et relevés lui permettant, de retour dans sa ville natale, de publier une série de Vues et ruines romaines dont fait partie cette gravure en taille douce, à l’eau forte, intitulée ruines des thermes d’Antonin.

Peregrinatio in Terram Sanctam - Le Saint Voyage et pèlerinage de la cité sainte de Jérusalem est le premier récit de voyage illustré. Imprimé pour la première fois, à Mayence en Allemagne en 1486, cet ouvrage aura beaucoup de succès et connaîtra une importante diffusion à la fin du 15e siècle et au début du 16e siècle. Ecrit en latin, il sera traduit en différentes langues européennes et réédité treize fois entre 1486 et 1522. La Bibliothèque municipale de Lyon possède deux exemplaires, en français, imprimés à Lyon en 1489. L’auteur, Bernhard von Breydenbach (1440-1497), raconte les détails de son pèlerinage en Terre Sainte. De nombreuses gravures ponctuent son récit et proposent des vues paysagères, des cartes et des croquis zoologiques et ethnographiques originaux. Réalisées par son compagnon de voyage, Erhart Reuwich (1445-1505), peintre hollandais, ces gravures offrent une vision personnelle et un peu fantasmée de la Terre Sainte. On note ainsi la présence d’une licorne et d’une femme-lion…

Cette vue de Lyon est tirée de l’ouvrage Liber chronicarum, communément appelé La Chronique de Nuremberg. Publié le 12 juillet 1493 en latin à Nuremberg en Allemagne, il s’agit d’un incunable, l’un des premiers livres imprimés. Le texte, une histoire universelle, est compilé à partir de sources plus anciennes et contemporaines par Hartmann Schedel (1440-1514), médecin de Nuremberg, humaniste et bibliophile. Riche en illustrations, le livre comporte au total 1809 gravures produites à partir de 645 blocs de bois. Elles représentent les personnages les plus marquants de l’histoire, mais aussi des batailles et de nombreuses vues de villes, parfois authentiques, copiées d’illustrations plus anciennes ou totalement imaginaires. La représentation de Lyon est fantaisiste et dupliquée pour d’autres villes, en effet, la même gravure illustre également les villes de Bologne, Mayence et Aquilée dans ce texte.

Pierre Belon, naturaliste originaire du Mans est considéré comme l’un des plus grands scientifiques du XVIe siècle. Entre 1546 et 1549, il accompagne deux ambassadeurs de François Ier auprès de Soliman Ier. Ce voyage le mène en Grèce, en Turquie, en Egypte où il visite Alexandrie et Le Caire, en Judée, en Arabie et en Palestine. Immensément curieux, il rapporte de cette région du Levant, de nombreuses observations faisant de l’ouvrage qu’il publie à son retour en 1553, un récit d’exploration botanique, zoologique et ethnographique. Tel en témoigne la description de la Girafe p.118-119 « Sa manière de faire est semblable à celle d’un chameau, quand elle court, les deux pieds de devant vont ensemble… »