De la maison familiale des Monts d’or, le regard d’Henriette Ponchon de Saint André parcourt le Val de Saône. Plus tard, il s’étendra aux lointains, un ailleurs qu’elle entreprendra seule arborant son appareil tel un sésame…
Voyageuse solitaire, elle embrasse photographiquement le monde, l’altérité en toute simplicité avec une prédilection pour le noir et blanc. Ses œuvres parlent de l’Autre, d’histoires personnelles, de rites, d’instants privilégiés, de la vie. Leur caractère ethnologique se confond avec la recherche des regards, de l’entrée en relation, le plus important pour elle.
Sa capture d’images se fait naturellement, en douceur, sans protocole établi, au fil des rencontres singulières ou pas, de moments offerts à cette butineuse d’images, sans contrainte, sans filiation photographique particulière. Elle aurait pu rejoindre la famille des photographes humanistes (Sabine Weiss et les autres). Elle s’est voulue et déclarée libre. Elle est restée libre.
Au contact des photographes et tireurs Jean-Claude et Claudine Sudre elle cisèle l’exécution de ses propres tirages travaillés avec une dextérité artisanale, toujours en quête de perfection, du grain sensible, de la tonalité juste, des vibrations. Sa photographie est exigeante, généreuse aussi.
La transmission est d’ailleurs le fil de sa vie avec, au cœur, son atelier qui rassemble élèves, stagiaires (pour la vie) et tirages personnels dans un parfait ordonnancement, une méthodologie du classement méticuleux mais avant tout le croisement des personnes, le véritable « centre » d’Henriette Ponchon de Saint André.
Biographie
Henriette Ponchon de Saint André est née à Saint-Didier-au-Mont-d’Or (Rhône) le 24 décembre 1929.
C’est avec le « Piccolette » de ses parents qu’elle fait, à 12 ans, ses débuts en photographie.
Elle interrompt sa scolarité et commence à travailler comme peintre décoratrice dans l’entreprise familiale de fabrication de jouets en bois. Elle apprend ainsi la minutie et la précision du geste. Dans les années 60, elle revient à la photographie qu’elle n’avait exercée qu’en amatrice et occupe pendant 25 ans un poste de conseillère technique et pédagogique « photographie, image et son » dans le secteur de l’éducation populaire. Ces années d’enseignement ont été pour elle l’occasion de rencontrer des publics culturellement et sociologiquement très variés. L’envie d’élargir cette expérience avec d’autres cultures l’a menée aux quatre coins du monde.
Après avoir reçu le Prix Ilford en 1977 pour ses images en noir et blanc aux Îles Hébrides (Écosse), elle commence à montrer régulièrement ses photographies. Elle exposera, entre autres, à l’ambassade de l’Inde à Paris (1990), à la Maison de l’Image à Mexico (1997) puis dans plusieurs villes de France : Nantes, Charleville-Mézières, Cholet, Limoges, Hyères et plus récemment, en 2019, à l’Institution des Chartreux de Lyon.
En 1992 certains de ces tirages intègrent les Collections du département des Estampes et de la Photographie de la Bibliothèque Nationale de France.
Henriette Pochon de Saint André et la Bibliothèque municipale de Lyon
Photographe résolument et définitivement indépendante, Henriette Ponchon de Saint André a été conseillère technique et pédagogique pour le Ministère de la Jeunesse et des Sports puis enseignante au sein de « L’Atelier d'images » qu’elle a fondé et animé sur les pentes de la Croix Rousse.
Elle concrétise en juillet 2023 une décision murement réfléchie en offrant généreusement à la Bibliothèque de la Ville de Lyon une partie de ses archives photographiques relatives à la vie lyonnaise. Celles-ci s'étendent sur une quinzaine d'années, de la fin des années 1970 au milieu des années 1990, avant que, à l'heure de la retraite, son goût pour l'aventure en solitaire et pour les rencontres au cours de périples lointains ne l'absorbent complètement. Au sein de cet ensemble comprenant quelques 13100 diapositives et 103 tirages, on découvrira plusieurs thématiques qui lui sont chères dont certaines ont d’ailleurs bénéficié d’expositions en région. Parmi celles-ci, nous retiendrons Lyon, côté jardins, exposition présentée en 1984 sous la forme d’un diaporama couleur et sonorisé dans l’atrium de l’hôtel de ville de Lyon, lors du festival Octobre des Arts; Regard sur le métal (1987) explorant plus particulièrement le monde industriel au sein de soixante-quinze entreprises villeurbannaises et enfin, Canuts, aujourd’hui (1979-1981), un travail collectif réalisé sous sa responsabilité artistique, technique et pédagogique. Celui-ci démontre grâce à l’image son amour pour sa ville, par le biais d’une promenade de proximité au cœur des derniers ateliers de soyeux croix-roussiens.
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