Le début des années 1980 s’annonce maussade, sous le signe de la récession économique et du néolibéralisme triomphant. Pour autant, dans le sillage des mouvements musicaux de la fin des années 1970 (musique industrielle, punk, no-wave) la jeune génération ne manque pas d’énergie pour se réapproprier la culture en marge des circuits formels, en faisant preuve d’une créativité débridée, intuitive. Une nouvelle manière de faire est en gestation: originale, libre, indépendante – sous le signe d’un Do It Yourself (littéralement : faites le vous-même) et souvent militante dans son rejet de la culture dominante, résolument capitaliste, bourgeoise, élitiste et bien-pensante.
De nouveaux moyens de création intègrent le marché à des prix désormais abordables – les avancées technologiques préfigurent souvent les révolutions culturelles. Et quelques objets deviendront emblématiques de la décennie : la cassette audio, certains instruments analogiques (synthétiseurs, boites à rythmes et effets), les magnétophones portables et multipistes, mais aussi la photocopieuse. Des jeunes se saisissent alors de ces nouveaux outils, le plus souvent de manière autodidacte – on fait de la musique sans savoir en faire, on dessine parfois sans savoir dessiner, on filme sans expérience, mais qu’importe !
A une époque qui, rappelons-le, n’en est qu’aux prémices du développement de l’ordinateur et d’Internet et où le téléphone coûte encore cher, ces nouveaux artisans, éparpillés, utilisent le service postal pour échanger leurs idées, leurs influences et surtout leurs créations – et se positionnent, par la même, en rejet des institutions culturelles et artistiques. Ils correspondent de manière plus ou moins soutenue en s’envoyant cassettes, lettres manuscrites illustrées, poèmes, textes de chansons, livres, dessins, collages, photographies, bibelots et bricoles en tous genres… Depuis Lyon, Grenoble, Bourg-en-Bresse, Saint Etienne, Annecy ou encore Clermont-Ferrand, ces acteurs s’inscrivent dans le maillage d’un réseau s’étendant jusqu’aux quatre coins du monde.
En lien avec le travail de mémoire de la scène locale mené par le Département Musique de la BmL, c’est cette contre-culture foisonnante qui constitue le sujet de l'exposition Contre-Bande, musiques alternatives et culture cassette 1980-1999.
Cette exposition s’inscrit dans un projet plus général de recherche et de médiation sur les musiques alternatives en région au cours des années 80 et 90. Ce projet est soutenu par la DRAC AURA.
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