Vies ordinaires

Une impression d’abandon saisit de nombreux individus qui se sentent ni écoutés, ni représentés pour diverses raisons. Les mutations sociétales, les soubresauts économiques favorisent une insécurité qui alimente le désenchantement et le sentiment d’oubli en particulier des plus vulnérables.

En effet, les inégalités femmes/hommes, l’exclusion territoriale ou sociale peut provoquer un sentiment d’impuissance voire de rejet vis-à-vis de la vie politique. Comment se sentir citoyen lorsque l’on est marginalisé en raison de son lieu et de son mode de vie, de ses origines, lorsque l’on est en situation de précarité économique, sociale, sans-abri ?

Peu importe la raison de leur désaffection, les « invisibles » se tiennent à l’écart des institutions traditionnelles qui fondent la vie politique. D’invisibles, ils deviennent inaudibles et ignorés, mettant ainsi à l’épreuve la dignité de ces individus et de fait les fondements de la démocratie à l’épreuve.

Pour formuler les conditions positives d’une reconnaissance de chacun, il ne suffit pas, comme le font certains, d’invoquer le peuple « comme figure restauratrice des absences »*. Comme le dit Pierre Rosanvallon, il est temps de « montrer qu’il n’existe qu’au pluriel, qu’il ne peut être saisi que dans sa diversité et sa complexité. Il faut pour cela retourner à la multiplicité des existences et des expériences », en portant une attention particulière aux récits de vie, aux prises de paroles. Cette démarche porte en elle une dimension démocratique et émancipatrice car elle permet « aux individus de se réapproprier leur existence et de se situer dans le monde »